Les naufragés de la discorde – Avis +

Présentation de l’éditeur

1797. Sur une plage, près de Sydney, un bateau de pêche vient en aide à trois naufragés squelettiques et à bout de forces. Ils sont les seuls survivants du Sydney Cove.

L’un ne parle pas, les deux autres font le même récit : une terrible marche, des centaines de kilomètres dans les terres hostiles du bush australien.
Le lieutenant Joshua Grayling, chargé de recueillir leur témoignage, doit aussi enquêter sur les quatorze membres de l’équipage morts pendant leur périple…

Rapidement, les failles de leur histoire vont éclater, une histoire cousue de silences troubles et d’arrangements avec la vérité. Le périple des marins se révèle progressivement dans toute son horreur.

Que s’est-il vraiment passé sur le Sydney Cove ?

Avis d’Emmanuelle

Ahhh… L’Australie, ses contrées inexplorées, la chaleur ambiante, les plages de sable blanc… ça a de quoi faire rêver, non ?

Au 18e siècle, c’est loin d’être le cas. Les colons anglais peinent à faire régner l’ordre parmi les indigènes, et ce n’est pas les bagnards, premiers arrivés sur ces terres inhospitalières, qui forment le summum de la classe tant attendue par les gouverneurs de ce nouveau continent.

Trois hommes sont retrouvés, quasiment morts de faim et souffrant de blessures multiples, sur une plage près de Sydney. Ce sont les rescapés du naufrage du Sydney Cove. Après avoir abandonné le bateau, tous les marins ont pris une chaloupe pour rejoindre la terre. Leur frêle embarcation s’est elle-même échouée, et tandis qu’une partie de l’équipage reste sur place pour attendre des secours venant de la mer, l’autre partie est envoyée longer la côte pour rejoindre la civilisation.

La marche sera longue et éprouvante… près de 800 km de rivières, de marécages, de rochers et de jungle à traverser. Les peuples autochtones seront-ils aussi terribles qu’on le prétend, voire cannibales ?

Le roman est une superbe illustration de la colonisation de l’Australie. Les indigènes ne sont pas les monstres tant redoutés, et l’esclavage a encore de beaux jours devant lui.

Après la découverte de ces trois rescapés, on suit le récit de leur horrible aventure par le biais du journal du subrécargue du Sydney Cove, et grâce à la narration de Mr Figge (un personnage malsain et terrifiant qui a pris l’identité d’un marchand de thé), et à celle d’un lascar (indien engagé comme mousse ou serviteur à bord du bateau).

Pourquoi ne sont-ils que trois à avoir réussi à atteindre la civilisation alors que des dizaines étaient partis à pieds ? Qui est ce Mr Figge, quel est son véritable dessein, pourquoi le jeune lascar n’avoue-t-il pas qu’il parle parfaitement anglais ? Il y a autant de mystères qu’il y a de contrées étrangères à explorer. Personne n’est épargné, sauf peut-être la légendaire bienséance britannique…

Les apparences sont trompeuses et les sauvages ne sont pas ceux que l’on pense. L’écriture est mesurée, les descriptions sont riches en détails : horribles pour Mr Figge qui aime le sadisme, tronquées pour le subrécargue qui protége l’image du colon anglais, et magnifiques d’humanité et de beauté pour le lascar.

Les naufragés de la discorde est bien plus qu’un récit d’aventure, c’est un roman sombre et éprouvant, qui donnera à plus d’un l’envie d’ouvrir un atlas pour suivre le périple de ces trois hommes que tout oppose.

Fiche technique

Format : poche
Pages : 432
Editeur : 10/18
Sortie : 19 août 2021
Prix : 8,40 €