Les liens du coeur – Avis –

Présentation de l’éditeur

A la prise de Saigon, le 29 juin 1975, une famille vietnamienne est séparée. Evacué par les américains, le père se retrouve à Los Angeles. Sauvés par les Sœurs de Saint Paul de Chartres, la maman et leur fils arrivent en France où elle meurt en mettant au monde son bébé. Considérés orphelins, les enfants sont confiés à une famille française de la Montagne Noire, au nord de Carcassonne… Dix ans plus tard, leur père les retrouve… Choc des cultures: vietnamienne, française, américaine; Adoption, amour filial, le drame se joue autour de ces deux garçons qui ne demandent qu’une seule chose: être aimés. Des dialogues qui se lisent « avé l’accent », des personnages « à la Pagnol », hauts en couleur, l’auteur livre ses réflexions qui ne pourront laisser insensible. Un livre que l’on ouvre et que l’on ne referme qu’une fois arrivé au mot : FIN.

Avis de Marnie

Et pourtant, quelle bonne idée de départ ! Même les deux premiers chapitres sont prometteurs, avec cette introduction réussie sur la tension dramatique autour de la prise de Saïgon en 1975, et le rapatriement en catastrophe des Vietnamiens dans une France qui va les accueillir, les naturaliser pour mieux les oublier. Même le « kidnapping » des deux enfants par Soeur Marie-Claire, de la congrégation missionnaire des Soeurs de Saint Paul de Chartres est compréhensible et nous annonce quelques rebondissements intéressants.

Seulement, ce roman tombe dans un genre américain encore peu exporté en France, l’inspirationnel. Au bout de quarante fois que le nom de Dieu a été prononcé, nous perdons le compte tant le prêchi-prêcha est appuyé dans cette histoire où l’auteur manque étrangement de recul et d’objectivité. Un paradoxe s’installe, ces deux enfants sont-ils plus sauvés par la Foi que par les humains ?

Entre une spiritualité subtile (que souvent les Américains savent distiller savamment), qui permet une vraie réflexion et le prosélytisme, il n’y a qu’un pas que l’auteur franchit allègrement avec une sorte de ferveur qui nous ramène au temps de Delly, qui ici fait figure en fait de précurseur de ce genre.

Nous ne pouvons qu’être légèrement dérangés à l’idée que ces enfants ont tout de même été kidnappés par l’Eglise Catholique, qui n’appartenaient pas à cette confession, et que la famille de Marie-Claire va les couper joyeusement et intentionnellement de leurs racines et de leur culture…

Le père apparaît comme l’empêcheur de tourner en rond, mais heureusement il va rentrer dans le « droit » chemin. Encore mieux, les enfants sont là pour convertir tout ce petit monde (ainsi que leur copine dont la mère ne croit plus en Dieu) avec même un des gamins qui veut devenir prêtre !

Bon, à moins d’être un catholique fervent (et encore…) et si l’on parle beaucoup de tolérance, l’aspect « inspirationnel » comme les bons sentiments, nous fait penser à une sorte de comtesse de Ségur à peine modernisée, toujours aussi donneuse de leçon et manquant singulièrement de nuances, de profondeur et d’ouverture d’esprit.

Pourtant, il y avait tant à dire et à écrire sur ces milliers de réfugiés qui se sont installés en France, leurs sentiments ambivalents sur ce déracinement, les Etats-Unis ou notre pays n’étant pas pour eux une terre d’accueil comme une autre, ou encore sur l’adoption avec le questionnement du droit du coeur et du droit du sang…

A éviter !

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 332
Editeur : Éditions Claire Fontaine
Sortie : 23 novembre 2011
Prix : 21,50 €