Les égarés – Avis +

Avis de Luc

Le premier quart d’heure (la débâcle de 1940) est saisissant. On est plongé au coeur de l’horreur de la guerre. Le reste du film est plus apaisé, mais on sent que ce bonheur est passager. Qui est cet adolescent (remarquablement interprèté par le jeune Gaspard Ulliel) ? Il dit s’appeler Yvan, mais est incapable d’écrire son nom. Au début, la mère de deux enfants (qu’elle protège), Odile (Emmanuelle Béart), s’en méfie, mais, plus le récit avance, plus elle se laisse séduire par ce bel animal, au point même d’en perdre la raison. Elle oublie toute logique et se donne à fond dans le corps de l’adolescent, en prenant ainsi tous les risques. Elle devient elle-même adolescente, et se transforme au cours du film. La performance d’actrice d’Emmanuelle Béart est remarquable.

C’est la deuxième fois qu’elle tourne avec André Téchiné (après J’embrasse pas en 1991), et celui-ci signe, pour ses 60 ans, son 17e long-métrage. Sans doute l’un des plus beaux, beau et tragique comme toutes les histoires de passion dont on sait dès le départ qu’elles finiront mal. C’est le cas ici. Nous sommes en guerre et nous savons que ce bonheur est éphémère.

André Téchiné aime montrer des couples bancals : un frère et une soeur dans Ma saison préférée, un belle femme et un homosexuel dans Alice et Martin. Ici, il s’agit d’une mère de famille respectable et d’un adolescent peu recommandable.

Les deux enfants complètent agréablement la distribution.

Une des dernières images est la petite fille qui court après un chat. Je l’ai ressenti comme une allusion à Jeux interdits (1959) de René Clément, qui se passe à la même époque. Les deux films peuvent être largement comparés.

Un film bouleversant, qui représentait la France au festival de Cannes 2003, et qui en est revenu bredouille, hélas ! A (re)découvrir.

Fiche Technique

Date de sortie : 20 Août 2003

Avec Emmanuelle Béart, Gaspard Ulliel, Grégoire Leprince-Ringuet, Clémence Meyer, etc.

Genre : Drame

Durée : 1H35

Titre anglais : Strayed