Les boniments de Da Vinci Code

L’une des nouveautés par rapport au mysticisme habituel, est que Dan Brown part du postulat que le Graal, n’est plus un objet (un réceptacle) mais une personne : le descendant de Jésus et de Marie-Madeleine. La trame montre que les Catholiques n’apprécient pas car cela remet en cause leur dogme, donc leur religion et que l’Opus Dei (armée secrète des Catholiques Romains) entrent en scène pour tuer dans l’oeuf cette hérésie.

Est-ce un essai, un roman, un reportage ? La couverture indique clairement que c’est un roman, donc une oeuvre de fiction. Néanmoins les première pages nous affirment que selon l’écrivain tous les faits et descriptions dépeints dans l’oeuvre sont avérés.

Prenons trois des affirmations de Dan Brown pour démontrer que son récit comporte des erreurs grossières et donc ne peut prétendre à aucune vérité historique et s’il demeure un roman exaltant il ne peut être crédité d’originalité car il reprend, avec maestria sans doute, de vieux mythes rafraîchis et mis bout à bout afin de créer une nouvelle légende.

Code 1

Jésus et Marie de Magdala sont mariés et ont eus des enfants (pages 307 et 308)

Brown se base sur l’idée que les Juifs de l’époque et d’avant ne prônent pas le célibat bien au contraire et laisse penser que le célibat est une invention du NT. Jésus étant un Juif comme les autres, il doit se conformer à sa religion.

S’il est vrai que le Judaïsme prône l’union et la procréation, de tout temps il y a des hommes (ou des femmes) qui se sont consacrés entièrement à leur ministère, leur vocation tels les prophètes ou autres sages. Le rabbin Siméon Ben Azai conseille le célibat pour les étudiants zélés. D’autres part des groupes de croyants ont pratiqués le célibat tels les Esséniens comme mode de vie. La nouvelle alliance, si elle montre un messie célibataire indique également un Paul prônant le mariage et s’élèvant même contre certains qui critiquent les apôtres et les disciples qui auraient des femmes en parlant de la liberté de choix. Si Jésus avait été marié, Paul n’aurait pas manqué de l’indiquer pour appuyer son argumentation (I Corin 9).

De plus, un Jésus « marié » ne gène en rien le christianisme primitif, de nombreux grands hommes étaient mariés sans qu’on en ai tenu compte dans l’Histoire. L’oeuvre du Christ parle d’elle-même et sa vie personnelle indiquée dans le Nouveau Testament est toujours là comme support à son message, qu’il puisse être marié ou pas.

Pour clore le débat, nulle part il est fait mention que Jésus soit veuf, ni qu’il ai eu des enfants alors qu’on parle de sa mère, de ses frères et soeurs.

Code II

Jésus, simple homme, est un prophète divinisé au concile de Nicée en 325 après JC (page 291). Jésus considéré comme un prophète mortel, divinisé par un vote d’hommes aidés par l’empereur romain Constantin pour « maîtriser » son peuple d’origine diverse et variée.

1) Quoiqu’on peut accuser Constantin de syncrétisme, il fait profession de foi chrétienne et même si cela ne veut pas dire grand chose, cela reconnaît implicitement qu’il croyait à la divinité de Jésus.

2) De plus, le credo de Nicée comporte principalement un débat entre orthodoxes bibliques et partisans de l’Arianisme. Arius est un prêtre d’Alexandrie. Il ne nie pas la divinité de Jésus mais met une différence entre celle du fils et du père. Une sorte de gradation, de rang que réfutent les Chrétiens.

Lors du vote au concile, pour environ 220 évêques seulement deux ont voté en faveur de l’Arianisme. C’est loin d’être une majorité. Même si Constantin était pour Arius, son avis n’a visiblement pas influencé la décision.

Plus sérieusement, on peut noter que la date de + 325 est plutôt tardive pour légiférer sur un détail si important en ce qui concerne le sacrifice ultime, de l’importance l’agneau propitiatoire soit parfaitement Dieu afin que le don de sa vie est une valeur.

Les premiers documents chrétiens que l’on possède (Didache – aux environs de 100 – 120 après JC) et qui ne sont pas entrés dans le canon officiel indiquent clairement que Jésus est considéré comme Dieu. Un des pères de l’Église, Ignace d’Antioche prêche la même chose en 110 après JC.

Même les non-croyants annoncent que Jésus est considéré comme Dieu (Pline le Jeune écrivant à Trajan en 100 – 20 après JC). Dans le NT, Jésus est appelé theos (dieu, en grec) au moins 7 fois. Pour rappel, le NT est écrit en + 90.

Code III

Les évangiles canoniques ne sont ni les plus anciens ni les plus fiables ; d’autres textes ont été supprimés (p 293 – p 289).

Pour information, le canon du nouveau testament n’a pas été évoqué ou discuté au Concile de Nicée. Dan Brown évoque plus de 80 évangiles apocryphes. Beaucoup de théologiens, chercheurs et historiens seraient heureux de les examiner, car personne d’autres que l’auteur n’a pu les voir. Il existe une trentaine de textes qui peuvent ressembler à un évangile et qui sont tous du IIe ou IIIe siècle. Ils sont très marqués et n’ont jamais été, même temporairement, reconnus par une communauté chrétienne même des plus radicales ou hérétiques.

Page 320, Dan Brown parle des rouleaux de Qumran (découverts en 1947) et des livres de Hag Namadi (découverts en Égypte en 1945). Concernant Qumran, les textes que l’on peut éventuellement rapprocher du NT ne comporte que quelques fragments pratiquement illisibles que certains comparent à l’évangile de Marc (6/52 à 53). Le document est libellé 7Q5.

Ceux de Nag Namadi ont été mis à jour par une jeune homme et appartenaient à une bibliothèque gnostique à tendance docétique (doctrine niant l’humanité de Jésus le Christ). On trouve, notamment, l’évangile selon Thomas dont Dan Brown ne fait pas mention, alors qu’il se sert d’autres pensées de cette librairie. Dans ses supposés écrits, Thomas affirme que la femme doit être transformée en homme pour être digne… On est loin de la valorisation du sexe dit faible par Dan Brown.

Si l’on sait que l’auteur est anti-catholique convaincu, on comprend mieux son raisonnement. Mais il tord trop facilement le sens de ses « découvertes » pour coller à ses thèses, sans même s’inquiéter puisqu’il part du principe qu’il y a suffisamment de choses vraies dans ses écrits pour convaincre le lecteur de ne pas ni voir ailleurs ni vérifier.

Le canon officiel de la Bible correspond à une mure réflexion, et les textes qui ont été écartés sont ouvertement d’une nature moindre. Que l’on croit ou pas à l’inspiration divine de la Bible, ceux qui l’ont lu en entier parlent d’une homogénéité des doctrines malgré des styles différent correspondant à la personnalité de chaque écrivains.

Dan Brown, pour des raisons qui nous échappent, navigue entre le créateur idéaliste d’une nouvelle mythologie et le menteur qui, pour discréditer une religion qu’il n’apprécie pas, se sert des mêmes armes que son ennemi pour un résultat peu probant : la tromperie. Il n’arrive au mieux qu’à se tourner en ridicule auprès de ceux qui ont fait l’effort de chercher.

_ Les éléments historiques ont été apportés par l’Historien : Thomas Constantini.