Le temps du mariage – Avis +

Présentation de l’éditeur

Vanessa et Elliott se détestent au premier regard et cela ne va pas s’arranger au deuxième ni au troisième ! Mais quand il devient évident que Elliott est sur le point de demander sa main à Margaret, la soeur de Vanessa, simplement parce qu’il a besoin d’une épouse et qu’elle paraît la meilleure candidate, Vanessa décide de prendre des mesures désespérées.

Sa chère soeur a un sens aigu de son devoir et pourrait bien accepter d’épouser Lord Lyngate pour assurer le bonheur de la famille alors qu’elle est profondément amoureuse d’un ami d’enfance qui est parti à la guerre.

Vanessa a déjà eu sa chance en amour avec Hedley Dew, avec qui elle a eu un mariage merveilleux mais qui n’a duré qu’un an avant qu’il meure. Maintenant, c’est son tour de se sacrifier pour sa soeur qui n’a pas encore eu sa chance en amour et au bonheur.

Avis de Marnie

Cette nouvelle série de Mary Balogh, est une fois de plus, une réussite. Ici, l’auteur met donc en scène la fratrie Huxtable, enfants pauvres d’un vicaire, qui vont se retrouver propulsés dans la haute société londonienne, à leurs risques et périls. Donc en tête, nous avons, Margaret, 25 ans, aînée tour à tour père ou mère de remplacement à ses soeurs et frère, Vanessa dite « Nessie », 24 ans, la moins séduisante du lot, déjà veuve depuis deux ans, Katherine 20 ans, maîtresse d’école pour les enfants du village et le plus gâté de tous, Stephen, adolescent de 17 ans, celui qui s’est promis de rendre à ses soeurs au centuple ce qu’elles ont fait pour lui.

Ce qu’il y a d’étonnant avec cet auteur, c’est qu’elle n’est jamais là où nous l’attendons. Tout ce petit monde s’aime et rien ne viendra interférer pour apporter un bémol à cet amour inconditionnel, véritable dynamique de cette fratrie chaleureuse, gaie, et spontanée. Voici donc l’histoire de Nessie, une jeune femme dont la principale qualité est de savoir rendre les gens heureux.

Ce récit pourrait être d’une niaiserie improbable, cependant, au contraire, cela fonctionne avec une bonne humeur rafraîchissante mais aussi avec une habileté malicieuse évidente. Les clins d’oeil sont savoureux comme la rencontre entre nos deux héros, Nessie et Elliott, qui ressemble étrangement à l’introduction d’Orgueil et Préjugés. Comme toujours avec Mary Balogh, le vocabulaire choisi, comme les dialogues primesautiers rendent ce cocktail littéralement délicieux.

Nous nous amusons avec l’épisode de la demande en mariage, pour mieux tomber quelques pages plus loin dans une sorte de rafale émotionnelle qui emporte tout sur son passage. Le point fort de l’auteur, l’introspection, ne s’est jamais aussi bien porté. Derrière l’apparence froide et dédaigneuse d’Elliott, nous réalisons rapidement qu’il existe bien évidemment un passé difficile. Sa transformation est au cœur de l’intrigue d’une simplicité linéaire qui permet à nos deux héros de prendre le temps de décortiquer l’évolution de leurs sentiments.

Nous en redemandons !

Avis de Valérie

La maîtrise de l’écriture de Mary Balogh atteint ici des hauteurs que l’on pourrait croire inégalables, si ce roman était son dernier. Mais nous pouvons gager dès maintenant que les suivants seront tout aussi brillants que celui-là, tout en finesse et en profondeur d’analyse.

L’histoire en elle-même n’est pas innovante puisqu’il s’agit d’un mariage de convenance entre deux membres de l’aristocratie anglaise sous la Régence. Ce qui est totalement lumineux est l’introspection que nous fait vivre l’auteur par le biais de ses deux héros, Vanessa et Eliott. Par petites touches, belles, intelligentes, fines, nous sommes amenés à pénétrer l’âme de Vanessa et Eliott et les voir éclore à l’amour, la compréhension de soi et de l’autre.

Vanessa es le « vilain petit canard » de la famille, c’est à dire qu’elle n’a ni grâce ni talent, ni beauté au contraire de ses deux soeurs Margaret et Katherine, et même de son petit frère Stephen, devenu comte de Merton par l’heureux hasard du droit de succession. Élevée dans une famille où l’amour a été le ciment malgré les malheurs et les deuils, elle a appris à accepter ce qu’elle pense être un fait inamovible : elle est moche. Comme un aveugle travaille ses autres dons sensoriels, elle a développé un bonheur et une joie de vivre qui fait de ce petit bout de femme une véritable panacée à tous les malheurs. Comme elle le dit elle même, elle sait rendre un homme heureux…

Eliott, lui, a tout du Lord que l’on s’attend à trouver dans ce genre d’histoire : beau, grand, intelligent et très pragmatique. Au point que lorsqu’il s’apprête à demander en mariage l’ainée de la fratrie, Margaret, il accepte que Vanessa ce substitue à elle sous prétexte qu’elle-même a déjà été mariée et heureuse et que Margaret mérite un mariage d’amour. Pragmatique au point d’accepter de s’unir à une femme qui le hérisse et qui n’est pas belle et qui sottement lui promet de le rendre heureux, puisque cela semble être la meilleure chose à faire.

L’écriture est magnifiquement construite, c’est de la dentelle délicatement lacée et Mary Balogh arrive à donner une définition du bonheur, à le différencier de la joie, et permet à ce livre de s’affranchir du genre pour en faire une œuvre à part, de toute beauté. Nous ne pouvons que tomber sous le charme du récit, des personnages principaux ou non, et de l’extrême talent de l’écrivain.

A découvrir absolument.

Fiche Technique

Format : poche
Editeur : J’ai lu
Collection : Aventures et Passion
Sortie : 7 juillet 2010
Prix : 6,90 €