Lady Susan – Avis +

Présentation de l’éditeur

Lady Susan est veuve. Afin d’assurer son avenir, elle voudrait marier sa fille de seize ans à Sir James Martin, un homme riche et stupide. Mais à trente-cinq ans, Susan, brillante manipulatrice, est également une très jolie femme qui en paraît dix de moins. Pourquoi ne pas se chercher, elle aussi, un deuxième époux ?

Et les prétendants ne manquent pas. Car Susan s’est forgé une réputation de séductrice sans vergogne, n’hésitant pas à entretenir une relation avec un homme marié tout en courtisant d’autres hommes, plus jeunes qu’elle…

Jane Austen a à peine vingt ans lorsqu’elle pose le point final de ce bref roman épistolaire, dans lequel elle dépeint une héroïne aux mœurs résolument modernes.

Avis de Claire

Lady Susan est l’un des premiers écrits de Jane Austen, probablement rédigé vers 1793 ou 1794. La forme épistolaire qu’elle a choisi pour sa narration permet le télescopage des points de vue et donne un grand dynamisme au texte, surprenant de maturité.

Dans un monde où les femmes n’ont comme solution ou perspective d’avenir, pour être à l’aise et ne pas sombrer dans la misère, que de faire un bon mariage, Lady Susan est experte à mener sa barque selon ses propres règles.

Elle utilise toutes les armes à sa portée pour arriver à ses fins (dont sa grande beauté et son absence totale de culpabilité). Elle agit constamment sans états d’âmes ni concessions. Sa fille est à la fois un fardeau pour elle mais également un prétexte à créer des intrigues…

Jane Austen a particulièrement bien rendu cette atmosphère malsaine de secrets, de non-dits, d’arrangements avec la vérité. Lady Susan est une vraie héroïne, avec ses travers, ses défauts mais aussi une grande force morale…

Cette nouvelle, en peu de pages, avec à peine quelques personnages, réussit un sacré tour de force. Jane Austen décrit parfaitement l’horrible condition féminine de son siècle, où il est une nécessité d’être belle, de faire un mariage d’argent, et si on a de la chance… l’amour est en prime.

La femme doit savoir «se vendre» pour ne pas être se retrouver dans la misère, triste réalité. Le fait de faire de l’héroïne de sa nouvelle non pas une oie blanche, mais une femme manipulatrice, rend cette histoire encore plus forte et Lady Susan encore plus pathétique.

L’hypocrisie dont le texte regorge, et qui est un aspect plaisant et jubilatoire de l’écriture, l’ironie mordante dont la romancière fait preuve, font de cette nouvelle l’un des plus vibrants plaidoyers sur la condition féminine de son siècle.

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 125
Editeur : Hachette
Collection : Black Moon
Sortie : 2 mai 2013
Prix : 7,90 €