La Fileuse d’argent – Avis +

Présentation de l’éditeur

Petite-fille et fille de prêteur, Miryem ne peut que constater l’échec de son père. Généreux avec ses clients mais réticent à leur réclamer son dû, il a dilapidé la dot de sa femme et mis la famille au bord de la faillite… jusqu’à ce que Miryem reprenne les choses en main.

Endurcissant son coeur, elle parvient à récupérer leur capital et acquiert rapidement la réputation de pouvoir transformer l’argent en or. Mais, lorsque son talent attire l’attention du roi des Staryk – un peuple redoutable voisin de leur village -, le destin de la jeune femme bascule. Obligée de relever les défis du roi, elle découvre bientôt un secret qui pourrait tous les mettre en péril…

Avis de Valérie

L’intrigue est posée dans un village de Lituanie, au XIXe siècle, ou du moins si ce n’est pas nommément dit, on s’y projette. Dans les petits villages, la vie y est rude et le prêteur est celui qui aide à alléger la rigueur exceptionnelle de l’hiver. Mais lorsqu’il faut le rembourser, ce n’est pas de gaieté de coeur. L’homme est détesté, et s’il n’a pas la rage comme moteur, la collecte est impossible. Et c’est pourquoi la petite famille de Miryem vit dans le dénuement et la pauvreté.

Comme dans l’Europe d’alors, le métier de prêteur est concédé aux Juifs. Différents, ostracisés, ils sont méprisés, battus, voire tués sans que cela n’inquiète personne. Un jour, la mère de Miryem tombe malade, mais ils n’ont aucun argent pour chauffer la maisonnette ou pour acquérir des remèdes. La jeune fille ne peut plus laisser faire, elle va elle-même faire la tournée, et sa détermination et sa menace d’en appeler à la loi changent la donne. C’est maintenant elle qui gère la pratique familiale et finit par s’enrichir.

En se rendant à Vysnia voir la famille maternelle, Myriem se vante en traversant la forêt qu’elle est capable de transformer l’argent en or… Boutade qui va être prise au sérieux par le roi des Staryk, peuple de l’hiver possédant des pouvoirs magiques, ou vus comme tels de ce côté de la réalité. Ils sont craints, à juste titre, et ont besoin de plus d’or qu’ils n’en trouvent chez eux.

Miryem comprend que l’argent staryk laissé devant chez elle est une sorte de contrat avec comme seule contrepartie pour elle la vie sauve si elle réussit. Particulièrement intelligente et débrouillarde, elle a une idée brillante. Cet argent semble avoir des facettes enchantées, remis aux mains d’un orfèvre, il sera précieux et vendu au duc contre or sonnant et trébuchant.

Difficile d’en dire plus, malgré notre envie d’ailleurs d’en parler, sans trop vous en révéler. Miryem est le personnage principal et elle fait de ses défauts des atouts salvateurs. À ses côtés ses parents, ainsi que les enfants du fermier : Wanda et ses frères Serguey et Stepon, embauchés pour la seconder. A quelques milles, il y a la fille du duc, Irina, qui va voir son destin changé totalement sous l’impulsion de l’argent des Staryk.

Trois destins de femmes s’entremêlent pour broder une histoire fantastique, terrible et merveilleuse. La trame s’appuie sur de nombreux contes nordiques, comme La Reine des neige, même si ici, il s’agit d’un roi, de Baba Yaga, et les contes du Shtetl. L’écriture est totalement envoûtante, fascinante ; certains passages sont hypnotiques. Gare à vous lorsque vous vous plongez dans l’histoire, les stations de métro défilent et vous risquez de rater la vôtre.

On remarque quelques coquilles et une dernière partie un peu plus faible, peut-être quelques longueurs. Mais rien n’entache l’incroyable voyage au pays de l’hiver, des songes et des légendes qui est baigné dans une réalité historique intéressante et un fantastique fluide et lisible par tous.

Une belle réussite !

Fiche technique

Format : broché
Pages : 496
Editeur : Pygmalion
Collection : Imaginaire
Sortie : 22 janvier 2020
Prix : 21,90 €