L’Etrange festival 2019 – Internationale Partie 2

L’Etrange Festival fêtait ses 25 ans, néanmoins nous n’avons pas pu voir 25 films de tous ceux qui étaient projetés pendant ces 11 jours de folie au Forum des Images !

Voici le premier retour sur la compétition internationale de l’Etrange festival de cette année. Nous allons diviser en deux ces retours pour éviter une indigestion, voici le reste de notre visionnage !

Les films sont classés par ordre alphabétique.

Le serpent blanc / Baishe : Yuangi, film d’animation chinois d’Amp Wong (99 min)
Connaissez-vous la légende chinoise du Serpent blanc ? Ici, on nous invite à redécouvrir cette histoire à travers une nouvelle adaptation cinématographique. Les studios nous offrent un magnifique film d’animation vraiment réussi.

L’histoire commence au coeur d’une source où Blanca discute avec sa soeur Verta. Elle se sent incomplète et vide, alors Verta décide de lui rendre sa mémoire perdue. Blanca va ainsi remonter le temps et découvrir ses souvenirs. Elle était l’assassin du clan des monstres-serpents, sa mission était de tuer un général mais elle échoua. Elle perdit la mémoire et rencontre un jeune homme du village des chasseurs de serpent.

Si on doit soulever un défaut du film, ça serait le character design des personnages, ces derniers sont très fins avec des visages semblables à des poupées de porcelaine. On a clairement l’impression de voir des Barbies asiatiques ce qui n’est pas forcément très agréable. Mais une fois qu’on passe cela, le film nous embarque et nous offre des scènes de toute beauté. On note également avec plaisir que les scènes d’action sont très fluides et mouvementées. C’est un film également assez mature, il ne cache pas l’amour des personnages ni même la mort de certains d’entre eux. Si vous aimez l’animation, n’hésitez surtout pas, et on espère sincèrement qu’il y aura une suite.

Monos, film pluri-produit d’Alejandro Landes (2020)
Monos narre l’histoire d’une troupe d’adolescents qui s’entraînent à la guerre. Ils font partie d’un groupe, d’une armée, d’une milice, d’une organisation souterraine. Ils ont pour mission de surveiller et garder en bonne santé une doctoresse américaine. Cet otage permet à l’organisation de faire entendre leurs revendications.

Mais le vrai conflit se rapproche de ce sanctuaire silencieux. Les différents ados ont chacun une personnalité assez spécifique. Chacun a sa place et un drame fait que cet équilibre est bouleversé. Monos est un film avec une atmosphère assez singulière, on apprécie de voir l’évolution des personnages même si on ne sait pas vraiment où on nous emmène. On connaît peu le passé de ces jeunes, sauf qu’ils ont vécu des choses horribles et que l’organisation les a en quelque sorte sauvés.

C’est un film qui change au milieu du tout au tout de décors et d’énergie. On note aussi la présence de Moises Arias, ce qui est assez perturbant quand on ne se souvient de lui que dans Hannah Montana. Mais on retient surtout la performance géniale de Sofia Buenaventura. (Sortie nationale : le 4 mars 2020)

Shadow, film chinois de Zhang Yimou (2018)
Le commandant Yu veut entrer en guerre avec la contrée voisine, car il sent que celle-ci est sur le point d’envahir le pays. Mais le roi ne l’entend pas de cette oreille et décide plutôt de faire la paix. Pour sceller l’accord, le commandant Yu demande un duel avec le général ennemi. Le roi se voit obligé d’accepter, sans savoir que le commandant Yu n’est pas celui qu’il croit.

Car en effet, le commandant Yu ne s’est pas remis du dernier duel avec le Général. Il est malade et sur le point de trépasser. Le fringant commandant Yu qui s’est présenté face au roi est en réalité Jing, un prolétaire, un sosie, une doublure qu’il entraîne et dirige pour réussir à reconquérir la puissance de son pays, voire plus que cela.

Shadow nous entraine dans des intrigues politiques et amoureuses avec un style chinois bien singulier. Il y a de la contemplation, de la poésie dans les actes, mais surtout une mise en scène extraordinaire. Les couleurs semblent avoir été effacées, les décors, les costumes, tout ce qui est à l’écran est entre le blanc et le noir. Seuls certains éléments spécifiques tranchent avec ce choix de couleurs. Car en effet, ce n’est pas un film en noir et blanc à proprement parler, mais vraiment un effet de style.

Shadow est un film qui aurait pu nous endormir complètement, et il fait l’inverse. Plus on avance plus on est envoûté par les personnages et l’histoire qui se déroule.

The art of self defense, film américain de Riley Stearns (2019)
The art of self-defense a vraiment été un de nos coups de coeur du festival. Nous avons ici une comédie grinçante qui démarre au quart de tour. Casey est un comptable timide qui fait bien son boulot. Il n’est pas fort, il n’est pas cool, et il se fait un soir casser la gueule par un gang de motards. Traumatisé, Casey sent qu’il ne peut pas rester comme il est maintenant. Il va alors chercher et trouver le club de karaté pour pouvoir se défendre.

Casey va alors s’améliorer, gagner en confiance et essayer de retrouver ses agresseurs pour se venger. La personnalité de Casey va changer presque du tout au tout, sous les conseils de son Sensei, il va changer d’image et s’imposer. Mais sa vraie personnalité le freine et parfois, la réalité fait qu’il ne peut pas aller plus loin que ses rêveries.

Cependant, il ne faut pas s’arrêter là. Le film est tranchant, il a un humour à toute épreuve et nous pond des dialogues absolument succulents. Les clichés ont également une belle place avec les redoutables répliques de Sensei. Car finalement, qu’est-ce qu’écoute un vrai homme ? Du métal bien entendu.

Si on arrive à deviner quelques ficelles du scénario, l’ensemble est un tout qu’on aurait pu imaginer. On nous emmène sur le terrain de l’absurde et de l’humour noir. Si vous avez l’occasion de le voir, n’hésitez surtout pas, Jesse Eisenberg est absolument fabuleux dans ce rôle de gentil loser. (Sortie en VOD le 11 novembre 2019)

The mute, film belge-polonais de Bartosz Konopka (2018)
The mute narre l’histoire d’un prêtre envoyé par le roi sur une île pour faire une inspection des populations y vivant. Il doit s’assurer que lors de sa venue, la population présente est bien chrétienne et pour cela il sera accompagné d’un singulier jeune homme.

Ils rencontrent une tribu qui croient en un autre Dieu, ces derniers ont un style recherché et on comprend le bouleversement que les deux hommes auront dans leur vie. Ils vont essayer de les convertir, chacun à sa manière. La tribu va également prendre de plein fouet cette bataille d’influence.

The mute est un film qui ne va faire l’unanimité. Il faut déjà que dans un premier temps, le thème de la conversion religieuse intéresse, mais également il faut s’habituer au style de la réalisation. Il y a un aspect très froid et loin des réalisations cinématographiques habituelles. Cela lui donne un aspect un peu vieillot et pas toujours très agréable, surtout lorsque la caméra est à l’épaule. Le film a vraiment une atmosphère particulière alors à voir avec avertissement.

The odd family : zombie on sale, film sud-coréen de Lee Min-jae (2019)
Dans la campagne coréenne, une famille au bord de la déroute s’occupe de la seule station de service/garage du coin. Un jour, un étrange jeune homme apparaît et mord le père de famille. Il s’avère que l’étranger est un zombie ! Et, surprise, sa morsure permet en réalité aux personnes de rajeunir. Les Park vont ainsi adopter (ou plutôt exploiter) le zombie pour gagner de l’argent.

Nous avons ici une très bonne revisite du mythe du zombie. C’est une belle comédie qui utilise le zombie parfaitement. On s’attache à tout ce petit monde et l’humour qui se dégage de cette famille de tarés. Chacun a sa petite particularité, ils nous font rire avec leur caractère extrême. Mais le film est également très touchant, notamment lorsque la plus jeune soeur se livre à leur zombie-animal de compagnie.

On tire également notre chapeau à tous les acteurs qui sont très bons. Si on a l’habitude des séries coréennes, on nous fait plaisir avec de nombreux seconds rôles reconnaissables. Et doit-on même préciser que Kim Nam-gil est magistral dans ce rôle de grand-frère arriviste ? Cela fait plaisir de le voir dans un rôle aussi drôle. The odd Family est vraiment un beau film, drôle, touchant, c’est un énorme coup de coeur !

Vivarium, film belge-danois-irlandais de Lorcan Finnegan (2019)
Gemma et Jon forment un couple heureux qui veut avoir son propre chez soi. Un jour, ils entrent dans une agence immobilière où ils sont accueillis par l’étrange Martin. Ce dernier les invite à le suivre dans le quartier de leur rêve… Moqueurs, ils le suivent et se trouvent enfermés dans le quartier vert face au n°9 avec ce ciel superficiel et des nuages parfaits.

On les retient pour accomplir une mission, à la suite de laquelle ils seront libérés. Dans cette prison, rien n’a de goût, tout est fade et le couple perd peu à peu espoir face à leur mission. Ils s’énervent et deviennent fous face à ce qui leur arrive et on le comprend bien. Néanmoins, il y a quelques lenteurs pour montrer à quel point la situation est fatigante et usante pour nos deux personnages principaux.

Vivarium est vraiment un ovni et il se peut qu’on n’accroche pas, mais c’est une découverte très intéressante. On peut tiquer à certains choix dans le scénario, mais en globalité, c’est plutôt un film qui nous fait réfléchir et qui nous tient en haleine, car on ne sait pas où on va. (sortie nationale en début 2020)