L’Effet coccinelle – Avis +

Editeur : Pocket

roman de Yann Bécu

Présentation de l’éditeur

Spoiler : Dieu n’existe pas ! (Mais les extraterrestres, oui !)

En voilà un projet  » au-da-cieux  » pour la centième planète : l’ HOMO SAPIENS ! Nos chefs étaient ravis. Charge à nous, simples larbins de la Création, de veiller au suivi du chantier. On ignorait alors qu’atteindre un score de paix potable avec une créature pareille, ça allait être si compliqué.
Depuis des millénaires, on prend possession de corps humains et on prêche discrétos les vertus de la paix.

Verdict ? Peut mieux faire. En ce XXIe siècle, on redoute même un imminent foutoir apocalyptique. Notre mission : éliminer une  » preuve divine « . Sur le papier, la routine… Mais à force de vivre dans ces peaux imparfaites, toute la chimie humaine s’est imposée à nous : coups de chaud, de froid, de pompe, de blues, de foudre, de gueule… Et malgré nos centaines de milliers d’années au compteur, rien ne nous y avait préparés !

Avis de Thérèse

Voilà un roman de science-fiction qui ne ressemble à aucun autre, le livre lui-même est un OVNI. Par son niveau d’humour ou d’absurdité, il pourrait évoquer ceux de Terry Pratchett mais le contexte est totalement autre. Yann Bécu nous plonge dans un roman délicieusement politiquement incorrect, totalement décalé et cela commence dès le titre : on connait l’effet papillon, mais que peut bien être cet « effet coccinelle » ?

De 2029 à 2034, on suit les aventures/mésaventures de trois Boueux, des spécialistes maintenance envoyés sur terre dans le cadre de l’opération Bordel de Dieu pour empêcher la publication d’une soi-disant preuve divine qui mettrait la planète à feu et à sang. Parce que la terre et les homo-sapiens ne sont qu’un des multiples projets de la Ruche, encore en test. Et pour qu’un projet soit reconnu viable, il doit afficher au bout d’un certain nombre d’années un bon score de paix. Pour la Terre, ce n’est pas gagné…

Agés en réalité de plusieurs centaines de milliers d’années, pour intervenir sur terre les trois Boueux doivent utiliser des enveloppes humaines plus ou moins satisfaisantes, d’autant plus qu’ils ont trouvé ces trois-là dans une clinique. On fait donc la connaissance de Gabriel, surnommé Mitraillette, Eyaël et Raphaël sous les traits d’un ancien militaire traumatisé, d’un vieil homme usé et d’un punk en piteux état. Ils sont affreux, moches, parfois méchants, vulgaires, malhonnêtes, prêts à tout et surtout à n’importe quoi… Ils se révèlent étrangement touchants et attachants, sensibles à la musique classique, à la poésie et malheureusement pour eux capables de tomber amoureux d’humains lors de leurs interventions sur notre planète et d’y penser encore plusieurs milliers d’années plus tard.

En parallèle, dans des chapitres très courts sous forme de pages de rapports de police, on suit le brigadier adjoint Jaouen, pas très futé mais très obstiné, bien décidé à mener une enquête personnelle sur le vol d’une camionnette de laitier (empruntée par les Boueux), enquête qui n’intéresse personne d’autre que lui.

A travers ce roman totalement loufoque aux personnages dignes de San Antonio, Yann Bécu réussit à nous proposer des extraterrestres peut-être plus humains que bien des Humains. Ils posent des interrogations sur notre société et l’état de notre planète, c’est une cruelle satire sociale (notamment à travers la hiérarchie au-dessus des Boueux), une réflexion sur la religion et le besoin de croire… et des poèmes de Baudelaire ! La révélation de l’existence d’un dieu unique (mais lequel ?), ce n’est pas un thème avec lequel on s’attend à sourire et même rire, et pourtant !

Coup de cœur pour ce livre à lire, pour sourire, rire et réfléchir en même temps. Mais humour et second degré sont vivement conseillés !


Fiche technique

Format : poche

Pages : 416
Éditeur ‏: ‎Pocket
Sortie : 9 juin 2022
prix : 9,50 €