Gun Machine – Avis +

Tallow décocha un regard qui harponnait aussi bien Bat que Scarly et qui disait : « Pas bouger ». Ils montrèrent les dents façon toutous mal dressés à qui on vient d’interdire de croquer le mouflet des voisins.

La fusillade entre un forcené et la police a laissé deux cadavres sur un palier. Dommage collatéral : le mur d’un appartement qui a été traversé par une balle. Policier consciencieux, John Tallow a voulu vérifier si le projectile n’avait touché personne de l’autre côté du mur. Comme personne ne répondait et que la porte se révélait inviolable il a fait élargir le trou. Le passage lui a révélé le spectacle assez intéressant de centaines d’armes de poing.

Un examen de quatre d’entre elles a indiqué qu’elles avaient toutes les quatre été utilisées pour commettre des meurtres. Ces affaires criminelles étant restées irrésolues, il convient d’enquêter tout en priant que les centaines d’autres armes ne mènent pas également à des assassinats. Hélas, c’est le cas.

Mettre la main sur le stock de souvenirs d’un serial-killer ou bien d’un tueur à gages insaisissable pourrait se révéler intéressant. Seulement voilà, cela constitue la preuve qu’un tueur compétent sévit depuis bientôt vingt ans en toute impunité. Devinez sur qui la rancœur de tout le service de police va se concentrer ? Bref, Tallow se retrouve dans le rôle de bouc émissaire tout en étant la cible d’un tueur en série.

La cervelle de son dernier coéquipier ayant décoré sa veste il se retrouve sans renfort. L’administration devrait lui en procurer un autre ? Et puis quoi encore ? Néanmoins, voici deux membres de la police technique et scientifique… Oubliez-tout ce que vous avez appris en regardant la série TV Les Experts. Le style foutraque se retrouve chez tous les membres de cette profession. L’un d’entre eux a même essayé de reconstituer la formule du napalm. Sa réussite explique sa greffe de peau. Les deux volontaires désignés d’office pour assister Tallow ne dérogent pas à la règle de « l’originalité ».

Voici Bat le geek trentenaire qui n‘aspire qu’à une seule chose : la perte de sa virginité  ! Quant à Scarly elle attend avec impatience la prochaine séance de « détente et de relaxation » masochiste auprès de son épouse lesbienne et dominatrice. En cas de difficulté pourraient-ils au moins fournir un renfort appréciable ? Bien entendu, ne sont-ils pas experts dans le maniement des armes paintball ?

Scénariste britannique de comics iconoclastes, Warren Ellis s’est également intéressé aux personnages dépourvus de super-pouvoirs. Spider Jerusalem dans Transmétropolitain en est le plus bel exemple. De plus, son roman Artères souterraines[[Edition Au Diable Vauvert]] avait pour héros l’archétype du privé malmené par des situations cauchemardesques.

Ici son héros policier évolue dans un contexte en apparence familier, mais pour le moins curieux. Les insultes servent de formules de salutation, tandis que les policiers doivent soudoyer ou menacer leurs collègues pour qu’ils daignent accomplir leur devoir.

Dans cet univers où le glauque se dispute avec l’adversité John Tallow constitue un cas particulier. Imperturbable, n’ayant pas renoncé à ses idéaux, ne pensant même pas à se laisser corrompre, son intégrité et son calme olympien peuvent être assimilés à des super-pouvoirs.

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 304
Editeur : Le Masque
Collection : Grands Formats
Sortie : 29 janvier 2014
Prix : 20,90 €