Fight Club #2 – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

La première règle du Fight Club, vous vous souvenez ? Mais ça, c’était avant. La cendre des glorieuses explosions d’antan est depuis longtemps retombée.
Nous sommes dix ans après la fin de la première histoire. Marla et  » celui qui se fait appeler Sebastian  » sont désormais mariés, englués dans une haïssable petite existence bourgeoise. Ils ont une maison, un petit garçon, sans doute une carte d’électeur – plus rien ne les distingue de leurs voisins.

Sebastian, cependant, n’est pas tout à fait guéri : il gobe des petites pilules pour juguler les symptômes de son ancienne schizophrénie. Marla, qui trompe son ennui en participant à des groupes de parole bizarroïdes, les remplace par du sucre et de l’aspirine : une façon comme une autre de faire revivre Tyler Durden, afin qu’il revienne foutre le bordel dans leur univers trop bien rangé.

Roman graphique encensé par la critique, Fight Club #2 ne reprend pas seulement les choses là où son prédécesseur les avait laissées. Ce bréviaire d’une génération perpétuellement maudite, critique au vitriol d’une société vendue au recyclage cynique est servi par un dessin d’une précision et d’une force étourdissantes. Palahniuk s’y montre de nouveau au sommet de son art. Le démon est de retour !

Avis de Block

Fight Club #2, la suite en BD du roman culte de Chuck Palahniuk que personne n’attendait vraiment, c’est un peu l’ascenseur émotionnel.

On part du rez-de-chaussée avec un a priori peu enthousiaste. Qu’est ce que Chuck Palahniuk va bien pouvoir ajouter à son texte original ? Et pourquoi en BD, alors que le point fort de l’auteur est précisément son sens des descriptions concises et percutantes qui tuent ?

Bonne surprise en feuilletant la BD : on monte directement au troisième étage. L’édition est très soignée et le dessin fait mieux que s’adapter au récit : il le transcende. Le trait de Cameron Stewart est vif, précis, moderne, bref, tout ce qu’on aime. On se dit qu’on va peut-être passer un bon moment en fait…

On continue l’ascension jusqu’au cinquième étage à la lecture des premiers chapitres. Chuck Palahniuk parvient à donner un nouveau souffle à ses personnages en les transportant dix ans après les événements de Fight Club, dans un pavillon de banlieue terne et dans une vie de famille peu épanouissante, rythmée par des prises quotidiennes de cachetons pour ne pas perdre pied.

L’auteur amorce de nouvelles problématiques qui piquent l’intérêt. La narration et le découpage des cases sont fluides, le suspense entre en scène en même temps que Tyler Durden, en pleine forme. On se frotte les mains et on tourne les pages.

Aïe, on descend deuxième étage à la lectures des chapitres suivants, l’enthousiasme décline. Les références au roman original deviennent un peu étouffantes. Mais surtout, l’impression désagréable vient du personnage de Tyler. A la fois dérangeant et fascinant dans le premier roman, il devient unidimensionnel et caricatural dans la BD, pour n’incarner en définitive qu’une espèce de génie du mal assez conventionnel, plat et sans vision. La séduction n’opère pas. L’ennui commence à poindre.

L’ascenseur s’arrête au sous-sol : Chuck Palahniuk s’écarte de l’univers original du livre, intègre des éléments fantastiques et fantaisistes, se met lui-même en scène, veut dire beaucoup de choses en même temps et devient confus.

Qu’est ce qui est à l’oeuvre ici ? Un besoin d’appropriation de son roman qui a été quelque peu absorbé par l’adaptation cinématographique ? Une volonté de moquer la mythologie qui s’est construite autour de Fight Club à la faveur d’un contresens ? Une opération soussous dans la popoche ? Un trollage en règle d’écrivain mégalo ? Une perte de motivation pour raconter cette histoire ? Une surenchère née de l’incapacité à renouveler la claque du premier roman ? Un mélange de tout ça ?

Toujours est-il qu’on se demande si Chuck Palahniuk sait où il veut aller et comment y aller. L’auteur ne semble plus croire en ses personnages, s’en détache… et les abandonne.

Bilan : Fight Club #2 nous fait passer un moment agréable mais laisse le goût amer de ces BD bourrées de potentiel que l’on referme avec une pointe de frustration. Une chose est certaine, elle ne laissera pas indifférents ceux qui l’auront lue.

Fiche Technique

Format : album
Pages : 304
Editeur : Super 8
Sortie : 28 avril 2016
Prix : 25 €