Fièvre fatale – Avis +

Présentation de l’éditeur

L’éditeur ne présente pas de résumé… et il fait bien !

Avis de Valérie

Karen Marie Moning, au delà du réel talent d’écrivain qu’elle possède et utilise, est une petite maligne. Elle ne construit pas son roman classiquement, non. Elle s’arrange pour dialoguer avec ses fans, diriger son lectorat en même temps qu’elle leur propose un récit d’une grande intensité.

Nous avions découvert Mackayla Lane au moment tragique où elle et sa famille apprenait l’assassinat de sa sœur aînée, Alina, à Dublin. Pur produit du Sud, Mac n’avait jamais eu à affronter autre chose que l’amour de sa famille, les traditions et les bonnes manières de sa région, tout cela pouvant être résumé comme des petits tracas d’une existence rose bonbon.

Après une période de d’engourdissement dépressif, elle décide contre l’avis de ses parents de se rendre dans la capitale irlandaise pour empêcher que l’assassinat sauvage de sa soeur soit classé sans suite. Elle découvre sur place un monde effrayant où des monstres hideux côtoient les humains en leur volant leur essence, ceci en toute impunité. Elle finit pas comprendre qu’elle seule peut les voir, jusqu’à ce qu’elle rencontre d’autres comme elle, des side-seehrs.

Un soir où elle s’est perdue et où elle se sent oppressée par des menaces ‘fantômes’, elle tombe sur une librairie puissamment éclairée à l’extérieur. Elle y rentre pour commander un taxi, et aussi pour essayer d’obtenir des renseignements sur un livre dont parler sa sœur dans son dernier message téléphonique, le Sinsar dubh…

Voilà, tout est dit. Ce soir là elle rencontra Jéricho Barrons, ‘homme’ de ressources qui va aider, protéger, sustenter, héberger notre héroïne contre une descente au enfer à son service.

Le quatrième tome reprend exactement où le troisième nous avait laissé, c’est à dire dans un sacré embarras, pour ne pas dire une horreur sans nom. Après la mise à sac de Dublin, Mac avait été capturée par les Princes noirs, des Unseelies particulièrement puissants qui en ont fait une pri-ya, brisant tout en elle, mais surtout son âme.

Nous allons avancer dans les intrigues avec toujours plus de questions sans réponses, mais en s’approchant toujours plus des mystères que sont la vraie nature de Barrons, que sait le livre noir sur Mac, comment pourra-t-on le capturer, qu’est le Haut Seigneur Darrok, qui est le traître, pourquoi les murs de la prison des Unseelies se sont totalement effondrés et que les MacKeltar – puissants druides adoubés par les Seelies – n’ont pu rien faire, où a disparu Christian MacKeltar, et ce n’est qu’une petite partie des questions amenées par les quelques semaines que va durer le tome 4.

Karen Marie Moning a vraiment un excellent style, elle fait preuve d’une imagination débordante mais maîtrisée qu’elle lie avec la mythologie celtique avec énormément d’homogénéité, au point où nous ne pouvons plus faire la part des choses entre ce qu’elle ajoute et ce qui est existant. Elle s’inspire de nombreux concepts de SF sans que l’on y voit une volonté de plagiat, mais plutôt d’un syncrétisme culturel. De ce fait, nous entrons de plein pieds dans l’action, au point où nous vivons intensément chaque moment que ce soit aux côtés de Mac ou de Dani.

Comme à son habitude, KMM va terminer d’une manière très impolie, en laissant son lecteur complétement frustré, pour certains en colère tant le texte s’arrête abruptement… Nous ne pouvons qu’attendre le cinquième et dernier volume des Chroniques de Mackayla Lane et croiser fort les doigts pour qu’il soit encore meilleur que celui-ci et hisse la série tout en haut des meilleurs moments de lecture de toute une vie.

Avis de Marnie

Nous voici enfin avec les quatrièmes chroniques de la désormais inoubliable MacKayla Lane, Mac pour les amis (mais aussi les ennemis), et Mademoiselle Lane pour notre héros, Jericho Barrons, toujours aussi calculateur et énigmatique… Quand nous écrivons « enfin », c’est aussi parce que Karen Marie Moning nous avait laissé avec un cliff-hanger [[fin à suspense]] assez incroyable, que je ne dévoilerai pas pour ceux qui n’auraient pas lu les précédents, mais qui a fait frémir d’horreur nombre de fans !

L’inquiétude est toujours la même avec une série… Est-ce que ce nouvel opus tant attendu sera à la hauteur du précédent ? Admettons-le, c’est pour le moment le meilleur des quatre [[nous attendons la sortie américaine du cinquième et dernier]] et de loin ! Déjà, le coup de théâtre du début, soit le sauveur de Mac n’est vraiment pas le personnage le plus attendu pour cette mission, et d’autre part, Mac est loin de sortir indemne de cette épreuve, ce qui apporte une profondeur encore plus intéressante au roman. Nous rajoutons que Jericho possède une manière bien à lui pour remettre notre héroïne d’aplomb, et nous obtenons une histoire aux rebondissements surprenants, rythmée par des évènements tragiques à la tension au crescendo dès la première ligne. Le dernier tiers que nous ne voyons pas venir est très intéressant par sa construction même… La solitude intérieure de Mac devient alors une qualité qu’elle va exploiter avec une maîtrise et un sang-froid digne de ce nom.

Évitons donc de parler du contenu pour laisser le plaisir aux nombreux lecteurs de découvrir ce nouveau récit de plus en plus incisif où action et réflexion s’entremêlent avec habileté, doté de personnages secondaires à la hauteur de nos héros. Certains surgissent avec « panache »… d’autres sont approfondis comme Dani par exemple, attachante adolescente dont la personnalité spontanée apporte de la fraîcheur au récit. Attardons-nous plutôt sur le talent de Karen Marie Moning, qui va piocher toutes ses idées dans la fantasy et la science fiction. Elle n’invente rien, certes, mais elle s’approprie certains thèmes avec une malice assumée.

L’auteur aime ce qu’elle écrit et cela se sent. Il y a de la force, du souffle et surtout de l’enthousiasme. Tout se tient avec des pistes qui se présentent de partout, des énigmes en suspens, des personnages à double ou à triple facettes… le tout dans une atmosphère apocalyptique captivante. Nous sommes à des années lumière du gentil récit façon blonde évaporée qui pouvait paraître tellement exaspérant du premier tome, qui n’était qu’une sorte de prologue ou de mise en situation pour mieux contraster avec les évènements actuels. L’histoire s’est enrichie, a évolué de façon tragique, et elle est devenue noire, très noire. Même l’humour rose bonbon du début est maintenant grinçant… et adulte.

Notons également une traduction bien pensée, soignée et intelligente [[certains mots qui ont plus de sens en anglais ne sont pas traduits ou sont expliqués en notes en bas de pages]] Si le final du troisième volume laissait sur sa faim le lecteur indigné, le dernier paragraphe vous terrassera… L’attente va paraître insupportable !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 597
Editeur : J’ai lu
Collection : Les Chroniques de Mackayla Lane
Sortie : 20 octobre 2010
Prix : 12 €