Exposition Tim Burton – Avis +

Présentation officielle

Prenant son inspiration dans la culture populaire américaine, Tim Burton, a bousculé les genres hollywoodiens (comédie musicale, animation, science-fiction) et donné un nouveau souffle au cinéma contemporain.

Il a créé une œuvre où prime une vision personnelle et souvent ludique, au sein d’une forme plastique extrêmement innovante, ce qui lui fit remporter un immense succès critique et public dès son premier long métrage en 1985 (Pee Wee’s Big Adventure).

Aujourd‘hui, Tim Burton est un des rares cinéastes dont le travail a largement influencé, non seulement une génération de jeunes cinéastes, mais aussi de jeunes artistes et graphistes.

Cette exposition explore toute l’étendue de son œuvre. Elle permet de découvrir l‘originalité de ses premiers travaux artistiques, réalisés à l’époque où il est adolescent à Burbank, dans la banlieue de Los Angeles, puis étudiant dans la prestigieuse école de CalArts, créée par Walt Disney.

L’exposition révèle également l’envers du décor de ses derniers films, jusqu’aux plus récents. Elle rassemble ainsi dessins, peintures, photographies, story-boards, maquettes, figurines et costumes originaux.

Du côté des images en mouvement, on trouvera des extraits de ses films les plus célèbres comme Edward aux mains d’argent, Batman, Mars Attacks !, Ed Wood, ou Sleepy Hollow. Mais aussi de rares super 8mm ou 16mm réalisés dans sa jeunesse et numérisés pour l’occasion.

Toutes ces pièces révèlent son talent de cinéaste, d’artiste, d’illustrateur, d‘animateur et de
photographe, travaillant dans un esprit qui mêle Pop, Gothique et Surréalisme.

Cette exposition a été conçue, produite et présentée en 2009/2010 par le MoMA (Museum of Modern Art, New York). Elle a ensuite été présentée à l’ACMI (Melbourne), au Bell Light Box (Toronto) et au LACMA (Los Angeles).

Avis de Claire

Comme le précise Serge Toubiana, directeur de la Cinémathèque française, dans le catalogue de l’évènement, l’exposition « Tim Burton » est née à New York, grâce à l’initiative de quelques passionnés du MOMA[[Museum Of Modern Art]].

Succès immense, elle a ensuite voyagé de New York à Melbourne, puis à Toronto et enfin, tel un retour aux sources, à Los Angeles, la région d’origine de Tim Burton[[Il est plus précisément originaire de Burbank, la banlieue de L.A.]].

L’envie d’accueillir l’exposition à Paris était là, ne restait qu’à convaincre quelques mécènes, et surtout le principal intéressé. En 2010, Tim Burton est en France pour être décoré, mais il est aussi le président du Festival de Cannes. Serge Toubiana et Constantin Costa-Gavras l’approchent, lui proposent l’idée, la réponse est immédiate : « la Cinémathèque française, oui, avec plaisir. En hommage à Georges Méliès. »

Le projet fou va voir le jour, Paris est la seule ville en Europe à accueillir cette foisonnante et exubérante exposition. Tim Burton est bien plus qu’un réalisateur ou producteur, c’est un pur créateur, son imaginaire est constamment en ébullition et le dessin est l’une des meilleures manières pour lui de canaliser ses idées.

Cette magnifique exposition en est la preuve. On y pénètre comme on entrerait dans une nouvelle galaxie, un monde à la fois totalement inconnu de nous et étrangement familier. Tim Burton n’a jamais vraiment quitté le fantasme de l’enfance et fait resurgir en nous des symboliques oubliées.

Accompagné par une musique d’une drôlerie lugubre, composée spécialement pour l’exposition par Danny Elfman – le compositeur attitré de Tim Burton – le visiteur a le sentiment de pénétrer dans un monde magique.

Après un mur de clichés, la photographie est aussi l’une des passions du réalisateur, on plonge directement dans le mystère de la création. Mais la photographie n’est pas réaliste, femmes bleues, chien aux bois de cerfs, rien ne semble à sa place, tout est décalé.

Suit un grand mur noir aux formes de monstres tournicotant sur eux-mêmes et fluorescents, comme un rite de passage fantasmagorique, et puis ça y est : on y est, au coeur de l’imaginaire burtonien.

Partout tout autour, comme un tourbillon, des dessins à profusion, des images déjà croisées ça et là, comme les dessins du fameux recueil La Triste fin du petit enfant huître et autres histoires .

Monstres, hommes, femmes, enfants, nains, clowns, animaux, pirates ou couples bizarres sont autant de personnages iconoclastes qui, happant le regard, nous font entrer encore plus intensément dans ce merveilleux univers.

Les détails fourmillent, les dessins portent tous la ‘patte burton’. Tous sont singuliers, différents, voire marginaux. »J’aime les personnages extrêmes, explique Tim Burton, mais qui n’ont pas conscience de leur étrangeté. »

Déjà, dans ses dessins de jeunesse, son monde étrange et dérangeant, son regard différent sur les choses du quotidien font son originalité, et il commence tôt. En classe de troisième, par exemple, il gagne un concours local et son poster anti-détritus est sur les camions-poubelle de Burbank !

Au California Institute of the Arts, à 18 ans, il se forme au dessin en professionnel, et intègre un peu plus tard les studios Disney. Un court-métrage intitulé Hansel & Gretel, tourné pour Disney, et présenté en France pour la première fois à la Cinémathèque laisse entrevoir, malgré le caractère imposé de l’exercice, toute l’ironie et le côté gothique de son imaginaire.

L’exposition est en deux temps, celui des dessins et de l’imagination vagabonde, et puis, celui des films.

Présentés par ordre chronologique, on y croise le génial Vincent, ainsi que Frankenweenie, les deux premiers courts-métrages aboutis de Tim Burton, ils se dévoilent sous forme de croquis de travail, d’objets de tournages, ou encore de costumes d’acteurs, on peut par exemple admirer la combinaison de cuir noir de Johnny Depp, ainsi qu’une main en ciseaux, du film Edward aux mains d’argent.

Des dessins surtout donc, mais aussi personnages originaux qui ont servi au film d’animation image par image Les Noces funèbres, beaucoup de croquis de L’Etrange Noël de Monsieur Jack, avec une succession de têtes de Jack avec différentes expressions, petit regret cependant de ne pas voir le personnage de Jack en figurine.

Enfin, plus on avance dans l’exposition, plus le matériau se fait rare, à peine quelques objets pour La Planète des singes, ou Charlie et la Chocolaterie.

Pour Alice au Pays des merveilles en 2010, on retrouve quelques dessins des personnages, en particulier le visage très expressif de la Reine rouge, inspiré par celui de la compagne de l’artiste, Helena Bonham-Carter.

L’exposition parisienne a l’avantage sur les autres de fermer la boucle, les deux derniers projets de Tim Burton sont ainsi représentés, avec des dessins et les figurines de Frankenweenie, qui sortira en France le 31 octobre 2012, mais avant cela il y aura bien sûr Dark shadows, on peut d’ailleurs admirer la très belle robe rouge portée par Eva Green dans le film, dont la sortie est prévue le 9 mai 2012.

Vous l’aurez compris, il s’agit d’une exposition incroyable, bouillonnante, passionnante, de l’oeuvre d’un artiste qui travaille tout le temps et sans relâche, d’un homme généreux mais discret, libre d’esprit, pour qui le dessin est le mode d’expression dans lequel il est le plus à l’aise.

Merci à Tim Burton, ainsi qu’à toutes les personnes qui ont participé à ce projet, de nous avoir permis de toucher du doigt, un tout petit peu, le secret de cet imaginaire merveilleux.

Informations pratiques

Adresse : Cinémathèque française – 51 rue de Bercy – 75012 Paris
Horaires : lundi et du mercredi au samedi de 12h à 19h
Nocturne : jeudi jusqu’à 22h et le dimanche de 10h à 20h
Fermeture : mardi, le 25 décembre et le 1er janvier
Tarifs : de 5,50 à 11 €

Crédit photo : Claire Saim


Exposition Tim Burton à la Cinémathèque… par lacinematheque