Etre libre – Avis +

Présentation officielle

Figure artistique majeure de la seconde moitié du XXe siècle, Ben est connu pour ses actions, peintures et écritures. Ses phrases courtes et concises interrogent la vie, l’art et son ego.

Son œuvre, à la fois réflexion philosophique et impertinente sur l’art, intègre notre quotidien dans ce qu’il a de plus particulier. Il témoigne en cela d’un esprit critique qui n’hésite pas à remettre en cause tout le monde – y compris son propre ego.

Depuis la fin des années 1950, Ben est reconnu en tant qu’artiste, performeur, organisateur, revendicateur des langues des peuples du monde et nouveau penseur de l’art. Pionnier du mouvement Fluxus en Europe, lié à George Maciunas, Robert Filliou et George Brecht, il participe aussi à l’École de Nice, aux côtés de ses amis artistes Arman, Daniel Spoerri et Yves Klein.

Pour le Domaine départemental de Chamarande, Ben rassemble plus de 400 œuvres, issues pour la plupart de sa collection personnelle, mais aussi de collections particulières. L’exposition Être libre révèle les multiples facettes d’un artiste iconoclaste et provocateur qui récuse la pensée unique depuis plus de 50 ans.

Elle permet de découvrir son œuvre dans toute sa complexité et ses contradictions, son ampleur joyeuse et son foisonnement, qui traversent tous les champs de l’art et de la vie.

Une partie historique présente une sélection d’œuvres significatives des années 1958 à 1978. À la fin des années 1950, Ben signe tout, s’appropriant ainsi, par ses images et ses actions, le monde comme un tout. Pour illustrer ces années, des documents de l’époque sont présentés : affiches, archives photographiques et vidéos, ainsi qu’une sélection de ses performances intitulées Gestes.

Il est l’un des premiers artistes à mettre l’art directement dans la rue, en Europe à partir de 1959, en pratiquant ses « Actions de rues ». Il s’agit de gestes quotidiens, tels que l’attente à un arrêt de bus, traverser le port de Nice à la nage avec son chapeau et ses vêtements ou manger des pâtes en pleine rue installé à une table.

Avec ses nombreuses actions, Ben devient dans les années 1960 une figure essentielle du mouvement Fluxus en Europe.

Une seconde partie de l’exposition nous ouvre les portes de l’univers de Ben qui investit les différentes salles du château avec des installations plus actuelles et de nouvelles œuvres, au travers d’une succession de thématiques caractéristiques : les petites idées, les portraits, les miroirs, la photographie, l’ego et le jeu.

Il poursuit son introspection dans un parcours à travers lequel le visiteur est invité à son tour à s’interroger sur sa condition, son temps, sa société. Chaque nouveau mot, chaque nouveau geste participe d’une quête de sens et de vérité.

Commissaire Eva Vautier

Avis de Claire

Nous rencontrons Ben Vautier sous un ciel menaçant qui contraste avec la bonne humeur de l’homme, masqué, en short et nanti d’une béquille. «Prenez-moi en photo avant que je meure» s’exalte-t-il sous les indignations des journalistes présents. Le ton est donné d’emblée, iconoclaste, truculent en diable. Et infatigable. Né le 18 juillet 1935 (bientôt son anniversaire, mais il n’en a cure) à Naples, son enfance est jalonnée par de nombreux déplacements suite au divorce de ses parents, notamment la Turquie et l’Egypte.

Basé depuis de nombreuses années à Nice, il commence avec une modeste échoppe, dans laquelle il expose ses premières créations, son fournisseur principal est Emmaüs. L’endroit devient un centre d’échanges, de pensées, constamment en ébullition. Ben signe tout ce qu’il trouve, cela devient sa marque de fabrique et il rejoint le mouvement Fluxus en 1962. Célèbre pour ses phrases, qu’il aime faire courtes, allant à l’essentiel, il questionne le monde à travers les notions de doute, de vérité («des sujets du bac», plaisante-t-il), mais surtout d’ego, le sien en particulier. Il ne l’a pas dans sa poche et le revendique.

Passionné de science-fiction, il se délecte d’Asimov, qu’il nous recommande, et dévore tous les Science & Vie, qui l’inspirent. Interrogé sur l’expérience du confinement et cette période particulière que nous vivons actuellement, il avoue que pour lui cela n’a pas changé grand-chose, vu qu’il passe son temps dans son atelier à créer. Il nous parle volontiers de sa femme, qui lui crie «tout le temps dessus», et dont il se méfie car elle est une spécialiste des poisons, grâce aux séries télévisées Hercule Poirot et Miss Marple, d’après Agatha Christie. Vous l’aurez compris, l’artiste est aussi drôle et attachant qu’impertinent, à l’image de son oeuvre.

Fiche technique

Adresse : Domaine départemental de Chamarande 38, rue du Commandant Arnoux 91730 Chamarande

Téléphone : 01 60 82 52 01

Horaires : Mercredi-jeudi-vendredi • juin-septembre, 14h-19h • octobre, 14h-17h ; Samedi-dimanche • juin-septembre, 13h-19h • octobre, 13h-17h

Accès libre