Crash – Avis +

Présentation de l’éditeur

La vie précaire d’une jeune mère isolée tourne au cauchemar après un accident. Clouée sur son lit d’hôpital, face à la télévision, elle se dissout peu à peu dans le flux de l’information mondiale catastrophiste.
Après Stephen King, Clive Barker ou Cronenberg, les Contes du Soleil Noir déclinent les visages de l’horreur d’aujourd’hui, matérielle, sociale, morale… une horreur de fin de civilisation.

Avis d’Emilie

On commence à lire avec curiosité, le résumé est accrocheur. Après un prologue tout à fait mystérieux, on s’aperçoit que le premier chapitre est en fait un nouvelle. Pas de soucis, le format se prête bien au genre fantastique.

Et après la deuxième nouvelle, on est un peu déroutés. L’héroïne reste la même, Malika, mère célibataire au bout du rouleau, victime d’un AVC. Condamnée à rester au lit, presque légume, seule la télévision la fera sortir de sa torpeur. Mais pas de la façon dont on l’imagine.

Brillamment menée, ce conte nous emporte, nous interroge et nous dérange. On est véritablement aspirés dans le phénomène du Soleil Noir, sans savoir trop où se positionner : est ce que ça arrive vraiment ? Et comment ?

Le style est précis, fluide, presque oral. Le point de vue change parfois, mais reste centré sur Malika, la victime, mais pas que.

L’auteur a déjà publié deux autres livres, Invisible et Arbre, qu’on espère aussi prenants. Leur chronique et à venir…

Avis d’Emmanuelle

Malika est une jeune mère célibataire débordée. Elle peine à joindre les deux bouts, le père de son fils ne lui verse plus de pension alimentaire, et elle enchaîne les heures de route pour aller faire le ménage pour une paye misérable.

AVC au volant et la voilà dans un état végétatif à l’hôpital.

Un hackeur enquête sur la présence d’une femme mystérieuse, équipée d’une valise à roulettes, dans des vidéos amateurs de catastrophes, qu’elles soient naturelles, comme le tsunami en Asie du Sud-Est, ou la cause d’attentats terroristes. Qui est-elle ? Pourquoi a-t-elle l’air épanoui alors que tout s’écroule autour d’elle ? Est-elle responsable de ces désastres ?

Dans une première partie dédiée au quotidien de cette femme oubliée par sa famille, l’état et la chance, Alex Jestaire nous dépeint un constat bien triste de la situation d’une partie de la population. Des petits boulots précaires, des heures de travail épuisantes physiquement et psychologiquement mènent à un black-out total.

Malika s’éteint dans le monde réel pour réapparaître dans celui qu’elle affectionne tant, la télévision. Mais exit les séries devant lesquelles elle passait des nuits blanches, la voilà en voyage dans les catastrophes mondiales.

En un peu plus de 100 pages, difficile de s’attarder sur Malika et ses problèmes personnels, quand on veut donner dans l’exploration visuelle fantastique. Une trentaine de pages sur une vie acharnée et triste, et on découvre l’écriture simple et acérée d’Alex Jestaire :

« La matinée, c’est repassage – quatre chemises pour M. Perone de Puteaux, payées au black, enlevées et rendues au parking – colonne crédits. Une heure aussi pour le cours par correspondance « comptabilité et administration » – pourquoi a-t-elle raté le dernier concours ? Pourquoi a-t-elle autant de mal à se concentrer là-dessus maintenant ? A la télé un couple-candidat des Z’amours s’écharpe – l’animateur s’interpose, c’est assez drôle. Elle mâchonne sans appétit un taboulé en barquette (1,04 €) en épluchant le courrier : lettre de rappel de la cantine (débit), relevé de prestations ASF (crédit), mise en demeure de Cofinoga (débit) – elle établit le bilan médian de la journée pendant la séquence « la Bourse » du journal de 13h. Tout compte fait elle est toujours autant dans le rouge. Elle sue en préparant son sac. »

La deuxième partie quant à elle, alterne entre les descriptions de la vie de légume de Malika et celles de sa vie de voyageuse inter-catastrophes. Elle s’éteint dans le quotidien et se réveille au son des hurlements… A voir, ce que cela aurait donné si l’auteur avait choisi de la faire se perdre dans ses séries fétiches ou dans les jeux télé qui laissent un fond sonore des plus horripilants…

Rien que pour voir cela, on attend une suite (si Alex Jestaire en décide ainsi, et si les infirmières choisissent une autre chaîne que celle des infos) !

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 118
Editeur : Au Diable Vauvert
Collection : Littérature Générale
Sortie : 12 janvier 2017
Prix : 9,99 €