Comme on peut – Avis +

Présentation officielle

La première bande dessinée de Jhon Rachid !

« J’ai adoré chaque seconde de mes vacances mais cette année, c’est différent… parce que je ne retournerai pas chez moi… »

Avis de Chris

Beaucoup de Youtubers ont publié livres, BD et jeux de société. Mais rares sont ceux qui auront réussi à sortir des sentier battus. Avec l’aide du talentueux L-Kim, Jhon Rachid [[1,4 million d’abonnés]] raconte son enfance en foyer social.

Avant de devenir célèbre, le petit Momo [[de son vrai prénom Mohammed]] n’a pas eu la vie facile. Enfant, il vivait avec son frère et ses parents dans une conciergerie où salon, chambre et cuisine formaient un tout. Un jour, l’école appelle les services sociaux : Momo dort en classe et ses notes chutent. La sentence est donc arrêtée : direction le foyer !

La bande dessinée est racontée par Jhon Rachid. Avec le recul de l’adulte qu’il est maintenant, cela donne une envergure très réaliste. On sent que le scénario a été travaillé avec passion et que l’enfant en lui a été écouté par le dessinateur et l’éditeur. Il est difficile pour les personnes n’ayant jamais eu affaire aux services sociaux de s’imaginer la violence psychologique qu’un placement d’enfant peut avoir sur lui.

On s’imagine que tout a été prévu pour son bien. Même si l’enfant est secouru d’une situation de maltraitance, négligence ou seulement parce que ses parents n’ont plus la possibilité de l’éduquer, il ne faut pas oublier qu’on arrache un enfant à ses racines, aux personnes et aux endroits qu’il a toujours connus.

A travers des scénettes parfois anodines pour le commun des mortels, le personnel social y voit des échos à leur métier. Et pour une fois, ils ne sont pas jugés. Ils sont simplement vus et décrits par le regard d’un enfant. Tout au long de son périple, entre foyer et famille d’accueil, on le suit avec ses amis rentrer doucement dans la délinquance, tout en restant aussi fragile qu’une feuille tombée de l’arbre en automne.

Le dessin de L-Kim percute le lecteur. Il n’hésite pas à réaliser des planches d’une case pour pousser le propos jusqu’au bout. Les événements les plus marquants pour Momo sont également ceux que le lecteur prend en pleine face. On y ressent toute la violence psychologique qu’il y a derrière un enfant placé alors que son monde explose littéralement. Sa solitude, ses angoisses, son mal-être sont parfaitement mis en scène, grâce aussi à des couleurs vives ou au contraire plus ternes, plus sombres. L-Kim réussit avec brio à transposer en images les sentiments les plus profonds d’un enfant perdu dans un univers qui est loin de le faire rêver.

Bourrée de références pop-culture des années 90, cette BD en fera sourire plus d’un, malgré la gravité du propos qui reste, au fond, très pudique. On n’est clairement pas dans le misérabilisme ni dans le mélodramatique. Que ce soit la mise en scène ou le scénario, tout a été pensé pour que le lecteur suive un enfant banal à la vie un peu moins banale. On n’a qu’une hâte, découvrir la suite des aventures de Momo et de sa bande de potes.

Mention spéciale à la couverture du livre qui forme une cassette VHS, prisme de celle qui l’a suivi du début à la fin : la VHS de Dragon Ball. Et pour ceux qui connaissent Jhon Rachid à travers ses courts-métrages et vidéos, difficile de ne pas l’entendre lorsqu’on lit les encarts qu’il raconte.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 276
Éditeur : Michel Lafont
Collection : /
Sortie : 10 octobre 2019
Prix : 24,95 €