Les Justes : Carl Lutz – Avis +

Éditeur ‏: ‎Bamboo

de Jean-Yves Le Naour et Brice Goepfert

Présentation de l’éditeur

Le plus grand héros civil de la Seconde Guerre mondiale, pourtant inconnu du grand public ! Simple vice-consul de Suisse à Budapest, Carl Lutz fut, par son courage et ses initiatives, le sauveur des Juifs de Hongrie. Faux papiers, perturbations d’exécutions, immunité diplomatique… il s’opposa par tous les moyens au SS Adolph Eichmann et aux autorités hongroises collaborationnistes, réussissant à sauver entre 20 et 25000 personnes. Celui qui affirmait que «les lois de l’humanité sont supérieures aux lois des hommes » fut pourtant oublié et désavoué par son pays d’origine après la guerre…

Avis de Valérie

Carl Lutz a été oublié d’une manière surprenante des héros de la Seconde Guerre mondiale, alors que ses actes ont été d’un courage unique et ont même suscité des vocations parmi l’Église catholique de Hongrie ou Raoul Wallemberg (ambassade suédoise).

Un héros dans l’ombre de Schindler et Wallenberg

Habité par une foi profonde et la conviction que chaque vie a la même valeur, quelle que soit son origine ou sa religion, Lutz s’oppose à la machine de mort nazie. Alors que les Juifs de Hongrie sont raflés pour être exterminés, il met tout en œuvre pour détourner les outils administratifs de la diplomatie au service de la vie. Rigoureux et procédurier, il use et détourne les règles avec intelligence, au point de sauver non pas quelques centaines de personnes, mais des dizaines de milliers. À plusieurs reprises, il va même affronter Adolf Eichmann en personne pour étendre la protection de son consulat.

Lorsque Carl Lutz comprend cette barbarie inique, il met tout en place pour que sa fonction puisse servir de bouclier. Procédurier dans son travail, il utilise les moyens qu’une ambassade peut offrir, quitte à quelques fois à détourner les règles, pour sauver de la mort non pas mille ou deux mille personnes, mais près de trente mille âmes. À de nombreuses reprises, il sortira de son enceinte protégée pour obtenir plus, notamment d’Adolph Eichmann.

 » Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. » ( Mark Twain)

Ce qui étonne chez Carl Lutz, c’est sa normalité : contrairement à Schindler, son héroïsme ne naît pas d’un basculement, mais d’une cohérence intime, presque simple. Cette proximité rend sa figure d’autant plus accessible, et invite le lecteur à réfléchir : aurions-nous, nous aussi, pu agir ? Car si la propagande hitlérienne a rendu le massacre possible, c’est aussi parce que ceux qui n’étaient pas directement menacés ont choisi de se taire.

Un héroïsme à hauteur d’homme

La bande dessinée restitue avec force cette tension entre l’horreur et l’humanité. Le scénario alterne action et rappel historique (un livret en fin d’ouvrage ravive la Mémoire), et le dessin classique mais expressif de Brice Goepfert insuffle vie et intensité. Un hommage tardif, mais essentiel, à un homme dont l’héroïsme mérite enfin d’être transmis.


Fiche technique

Format : album
Pages : 80
Éditeur ‏: ‎Bamboo
Sortie‏ : ‎ 27 août 2025
Prix : 16,90 €