L’Indomptable – Avis +

Résumé de l’éditeur

Lord Gareth de Montforte a la réputation d’un séducteur au coeur d’or. Quand il fait échouer une attaque de diligence, il est stupéfait de découvrir que la superbe jeune femme qu’il a héroïquement secourue, Juliet Paige, est la fiancée de son frère décédé, accompagnée de son bébé. Bien que sa famille ne veuille pas accueillir Juliet, Gareth est déterminé à reconnaître les droits de cette courageuse jeune femme qui a traversé les mers pour donner à son bébé le nom qu’il mérite.

En Américaine avec les pieds sur terre, Juliet est inquiète d’épouser ce mouton noir d’aristocrate, cependant elle est complètement sous le charme de ce séduisant coquin. Jamais elle n’a rencontré quelqu’un qui dévore la vie à pleines dents ainsi, qui la fait rire, qui l’aime si bien. Et même lorsque le sort se ligue contre eux, Juliet est persuadée que Gareth ira au delà du simple devoir pour lui assurer un toît à elle et à sa fille. Et un amour éternel également…

Avis de Marnie

Le début fait peur… très peur… En effet, si nous avons souvent l’impression qu’en lisant les premières lignes, nous avons immédiatement une opinion qui se forme sur le ton, le rythme, le style et même l’histoire, Danelle Harmon se révèle être une exception qui confirme la règle en nous offrant un roman original et de plus en plus intéressant à mesure que nous découvrons les péripéties, somme toute, inattendues !

La grande force de Danelle Harmon ici, c’est son audace. En prenant le temps de nous décrire avec luxe de détails et une vraie élégance un héros immature, une sorte de Peter Pan plein de charme et de séduction gamine mais à l’opposé des personnages principaux que l’on peut trouver dans la romance, s’attardant sur ses blagues de potache, sans jugement ni indulgence, l’auteur prend un véritable risque, celui de voir le lecteur ne pas s’attacher à l’histoire. Or, peu à peu, avec un scénario parfaitement conçu, équilibré et évolutif, sans pour autant transformer véritablement le caractère de Gareth, Danelle Harmon va nous amener à nous passionner pour ce récit sur le fil du rasoir.

Juliet est une héroïne touchante, pleine de dignité tranquille, mature, totalement cohérente dans son amour pour Charles, un jeune homme aussi responsable qu’elle, et qui va s’attacher à un personnage fantasque comme l’est Gareth, si différent de sa propre personnalité, l’introspection qui se dessine nous paraît crédible. Si Nerissa et Andrew, les deux plus jeunes soeur et frère de la fratrie Montforte, sont un peu trop effacés, Lucien, le duc de Blackheath constitue à lui seul un des grands attraits du roman. Manipulateur, traumatisé par son enfance, nous ressentons une certaine vulnérabilité derrière son machiavélisme proclamé. A quand sa propre histoire ?

Dernier critère des plus positifs : le style de l’auteur… Les dialogues sont plaisants, réfléchis et adaptés à leur époque (il faut saluer une traduction agréable et qui semble près du texte). Danelle Harmon a pris la peine de rendre crédible et réalistes, les lieux, vêtements, distances, habitudes. Nous remarquons la recherche historique prononcée alors qu’elle se mêle harmonieusement à l’ensemble sans détonner une seule seconde. Du travail, du talent, vivement la suite !

Avis de Callixta

Voilà une auteur qu’il va falloir surveiller, qui sans en avoir l’air, bouscule les règles bien établies de la romance historique. Danelle Harmon a une courte bibliographie maheureusement interrompue depuis 2001. Elle avait pourtant bien du talent et cette série vous le démontrera incontestablement.

La famille Montforte est une famille comme il y en a beaucoup dans la romance : un frère aîné, Lucien, duc, devenu chef de famille a un âge trop tendre, trois frères et soeur qui obéissent plus ou moins à sa tutelle[[Mary Balogh avait imaginé une famille de ce type également]]. Cette série est comme tous les livres de Danelle Harmon : le récit débute doucement, ressemblant à d’autres, puis soudain, c’est radicalement différent.

Un des frères, Charles s’est engagé dans l’armée et est parti en Amérique lutter contre les Insurgents en 1775. Il y a rencontré l’amour en la personne de Juliet Paige, une jeune femme de basse extraction juste avant de mourir. Il laisse une fiancée éplorée et enceinte. Après la naissance de sa fille, Juliet embarque pour l’Angleterre pour retrouver la famille de son mari en espérant qu’elle prendra soin de l’enfant. Elle n’a pas le temps de parvenir jusqu’au château familial avant d’être attaqué par des bandits de grand chemin et d’être sauvée par un jeune homme, beau comme un dieu et qui se comporte en héros. Elle découvre alors que celui qui a mis sa vie en péril pour elle et ses compagnons de voyage est le frère de Charles, Gareth. Rien de nouveau sous le soleil, me direz-vous ? Patience…

Gareth se révèle être l’habituel bon à rien, pourri gâté par la vie, séducteur, joueur et avec une maturité d’adolescents. Il passe son temps à boire, à jouer des mauvais tours à tout le monde avec un parfait désintérêt pour tout ce qui est sérieux. Là aussi, rien de bien innovant sauf que Danelle Harmon assume son héros jusqu’au bout : il a vingt-trois ans, est particulièrement agaçant d’immaturité. Ne vous laissez pas arrêter par cette description peu flatteuse, le roman va lui permettre de prendre une autre dimension. Juliet est une héroïne digne et émouvante. Elle est encore en deuil et avec une petite orpheline. Elle arrive dans la famille compliquée des Montforte légitimement inquiète : elle est la mère d’une bâtarde, et n’est pas forcément la bienvenue.

Le roman va alors prendre un virage étonnant où l’histoire d’amour improbable entre Juliet et Gareth va prendre son essor et celui-ci va changer. Danelle Harmon va, pour cela, confronter ses héros à des situations inhabituelles qui nous éloignent des salons, bals et sorties qui font la fortune du genre. Elle ose aussi approcher des thèmes qui conduiraient un auteur moins inspirée à l’inévitablement à l’anachronisme ou l’invraisemblance mais elle réussit admirablement à nous captiver et nous convaincre que tout est possible.

Les personnages secondaires sont fascinants notamment le manipulateur duc de Montforte, Lucien qui étonne et séduit par sa morgue, sa hauteur et son intelligence rationnelle face aux diverses situations. Il aura bien sûr son histoire et l’on devine déjà qu’elle risque d’être passionnante également ! Il reste Nerissa, la jeune soeur et Andrew, l’intellectuel de la famille. Charles plane sur tout le roman. Il est mort, mais pourtant présent dans toutes les mémoires et notamment dans celles de Juliet et de Gareth à qui il a toujours été comparé.

Danelle Harmon a parfaitement su jouer avec le romantisme de la situation : le futile Gareth ne révèle pas forcément des profondeurs insoupçonnées mais une générosité à toute épreuve et une fierté qu’on n’attendait pas. Les scènes entre les deux héros sont très sensuelles et l’on trouve ici un autre de ces grands talents : elle sait écrire ces scènes qui sont trop souvent un peu mécaniques en les rendant, bien que rares, très intimes et touchantes.

La saga des Montforte commence fort bien et donnera trois autres livres que nous découvrirons au cours de l’année 2009. Avec Elizabeth Hoyt , le mois dernier, elle fait partie de celles que l’on ne peut que se féliciter de découvrir.

Fiche Technique

Format : poche
Editeur : J’ai Lu
Collection : Aventures & Passions
Sortie : 13 octobre 2008
Prix : 6,50 €