Conférence de presse Alterlove

Alterlove1, c’est une rencontre entre deux jeunes adultes, dans un bar, avec la possibilité de rater toute une vie pour réussir cette seule nuit. Jade et Leo vont profiter d’un moment hors du temps pour exprimer, ressentir et choisir comment exister.

Jonathan Taïeb, Victor Poirier, Larry Rochefort
Crédit photo : VR pour Onirik.net

Nous avons rencontré une partie de l’équipe de tournage, immergés totalement dans le noir, pour nous mettre en condition d’un des moments du film. Le réalisateur Jonathan Taïeb, l’acteur Victor Poirier et le directeur de la photographie Larry Rochefort nous attendaient dans la salle du restaurant Dans le Noir à Paris.

Conduits dans cette salle aveugle – où aucune particule de lumière filtre – par Rada2 à la queue leu leu, nous avons été installés à une table et avons commencé une conversation désinhibée et toute en sensibilité. Étonnamment, pouvoir se voir, s’observer ne nous a pas manqués. Instinctivement, nous avons reporté toute notre attention sur la voix, les intonations, le choix des mots, les accents (Larry Rochefort est d’origine canadienne, et quelques fois cela se sentait) pour se percevoir.

Durant sept minutes, ce qui est très long au cinéma, les deux protagonistes se découvrent sans aucun filtre habituel. Tournée en studio, il a fallu créer un moyen technique pour que le spectateur puisse voir ce qui est invisible, cela sans trop rogner sur le principe de noir absolu3. Cela n’a jamais été fait au cinéma. D’ailleurs, une fois le film sorti, l’équipe devra peut-être retourner cette scène… pour les lecteurs DVD et Blu Ray, afin que le résultat soit identique à ce qui est projeté au cinéma.

Nous avons demandé à Victor Poirier (l’acteur) si cela avait été difficile de jouer sans utiliser son visage, les micro-expressions qui permettent au jeu d’être juste. Il nous a répondu que tout devant passer par la voix, ce n’était pas si abstrait. On dit bien qu’on entend un sourire au téléphone. Il a fallu s’y adapter, et c’est venu assez naturellement.

D’ailleurs, la bruiteuse a été complétement désarçonnée lorsqu’il a fallu habiller cette scène. Encore plus que d’habitude, il a fallu réfléchir à chaque son à ajouter, sa pertinence et sa puissance sonore pour ne pas chasser l’image qu’on se projette alors. Au début, elle ne savait pas si elle allait arriver à produire quelque chose d’aussi qualitatif qu’elle en a l’habitude. Elle ne bruite que ce qu’elle voit à l’écran. Pourtant, son travail terminé, elle a confié à Jonathan Taïeb que c’était la meilleure session qu’elle avait faite.

Ce dernier nous a avoué que c’est un long métrage pouvant être clivant par ses choix de réalisation. Après le retour de quelques journalistes qui disait ne pas avoir vraiment apprécié Alterlove, il leur a recommandé de le revoir une deuxième fois, chaque détail étant important, notamment dans un plan séquence d’une quinzaine de minutes.

Il continue en disant que c’est un film anti-Tik Tok où tout doit être condensé pour ne pas lasser et perdre l’internaute qui peut zapper après quelques secondes. Il y a une seule urgence, vivre et expérimenter. Et pourtant, il n’y a pas eu de répétition (ce qui est fou vu la difficulté technique), qu’une lecture commune, et la mise en scène particulièrement sensible de Jonathan Taïeb. C’est par le choix de son équipe et des acteurs qu’il a permis qu’Alterlove soit tourné en dix jours ! Quelques semaines avant, tous les acteurs n’étaient pas confirmés, et le budget absolument pas bouclé. Victor a appris à Noël qu’il était choisi pour le rôle de Léo, et ils ont commencé le tournage en janvier. Il parle d’un film miraculé. A découvrir en salle le 23 avril 2025.

PS : un grand merci aux organisateurs pour cette expérience unique.


  1. Sortie en salle le 23 avril 2025 ↩︎
  2. Serveuse non voyante depuis 20 ans au restaurant ↩︎
  3. Sur un fond bleu, les acteurs étaient entièrement recouvert de noir, avec des lentilles couvrant l’oeil entier, une lumière douce permettant de voir les formes ↩︎