
Editeur : Phébus
roman de Jean Hegland
– Tu te souviens de moi ? Demande-t-elle, à la fois implorante et provocatrice.
– Je me rappelle assez bien tes yeux, dit-il, empruntant au roi Lear devenu fou la réponse qu’il fait à Gloucester l’aveugle pour gagner du temps.
Spécialiste de Shakespeare, le professeur de littérature John Hubbard Wilson a entendu quelqu’un l’informer que pour des raisons de sécurité il allait bientôt devoir aménager dans un institut spécialisé. Quelle est cette femme qui lui a parlé ? Serait-ce son épouse ? Mais laquelle ? Il en a eu trois… ou quatre.
Cette femme lui a également expliqué qu’il était temps de se réconcilier avec sa fille. Sa fille ? Ah oui, Miranda. Il se sont brouillés suite à une catastrophe professionnelle. Il devait donner une importante conférence sur Shakespeare devant ses pairs. Mais Miranda a disparu juste avant. Elle est finalement revenue et s’est brièvement et sèchement excusée.
Le professeur a pu donner sa conférence après plusieurs nuits sans sommeil et en ayant oublié ses notes à l’hôtel. Sa carrière a été stoppée. Quant à Miranda, elle s’est éloignée de lui, en ne lui ayant jamais avoué la véritable raison de sa disparition.
Miranda ayant appris que son père était atteint de la maladie d’Alzheimer hésite à aller le voir. Il va sûrement lui demander où en sont ses études ? Or, Miranda n’a jamais été à l’université, peut-être en rébellion contre son père qui ne la comprend pas (et auquel elle n’a jamais rien expliqué). De son côté John Hubbard Wilson s’adapte plus ou moins bien à sa vie à l’institut en se remémorant quelques citations de Shakespeare. Et il ne faut pas oublier les titres des pièces comme Peines d’amour perdues ou plutôt non comme Peines d’amour gagnées. Erreur ! Si Peines d’amour perdues est une célèbre pièce de théâtre de Shakespeare Peines d’amour gagnées 1 est une pièce oubliée dans les méandres de l’Histoire. Il n’en reste que le titre et on en ignore le sujet.
Une fois de plus Jean Hegland développe avec talent les réactions devant les tragédies de la vie. Ici, lorsque tout s’effondre, il reste l’univers de Shakespeare. Les fragments de mémoire du père se concentrent sur Shakespeare, tandis que sa fille développe une perspective d’avenir professionnel en se basant sur son œuvre. Cette décision pourrait déboucher sur le succès… ou pas.
Mais cela vaut la peine d’essayer.
- cf. l’épisode de Peines d’amour gagnées de la série télévisée britannique Doctor Who. ↩︎
Fiche technique
Format : broché
Pages : 380
Titre original : Still Time (2015)
Traduction : Nathalie Brui
Editeur : Phébus
Sortie : 21 septembre 2023
Prix : 23 €