Journal de guerre – Avis +

Editeur : Gallimard

de Nora Krug

J’ai fini par comprendre une chose : la peur d’être dénoncé pour mes opinions politiques fait désormais partie de mon identité russe. Ça me rappelle l’époque soviétique et c’est très inquiétant.

24 février 2022, Vladimir Poutine envoie les troupes russes envahir l’Ukraine. Quelques jours plus tard, Nora Krug1 entreprend une correspondance avec K. une journaliste de Kiev et D. un artiste russe de Saint-Pétersbourg. Leurs récits sont ici transposés dans une double page.

Tandis que K. met ses enfants en sécurité au Danemark, D. (opposé à la guerre) envisage d’émigrer avec sa famille à l’étranger. Ses enfants connaissent les premiers effets de la guerre. Ils espéraient un nouveau jeu Nintendo, mais Nintendo a quitté la Russie. La première tentative de D. de quitter la Russie passe par la Finlande. Mais en pleine pandémie de Covid, il est refoulé à la frontière. En effet, il a dans les veines le vaccin Spoutnik qui n’est pas reconnu dans l’Union européenne.

Parallèlement, K. revient en Ukraine pour effectuer son travail de journaliste. Mais au cours de ses activités elle constate que son compte twitter a subi un ghost ban : la majorité de ses followers ne voient plus ses posts. D’où un commentaire quelque peu acerbe envers un dénommé Elon Musk.

Les deux récits de l’Ukrainienne et du Russe se déroulent parallèlement. Ils se révèlent instructifs sur les évènements, mais surtout sur l’état d’esprit des protagonistes comme sur celui des populations de différents pays. Ainsi, D., parvenu en Lettonie, apprend de son voisin de palier que beaucoup de russophones de Lettonie soutiennent Poutine. Le Russe expatrié commente : Pourquoi vivent-ils ici, alors, et pas en Russie ?


  1. Heimat & De la Tyrannie (Gallimard) ↩︎

Fiche technique

Format : album
Pages : 128
Traduction : Marc Lesage
Éditeur : Gallimard
Sortie : 21 février 2024
Prix : 22 €