
film israëlo-italien d’Eran Riklis (2025)
Présentation officielle
Azar Nafisi, professeure à l’université de Téhéran, réunit secrètement sept de ses étudiantes pour lire des classiques de la littérature occidentale interdits par le régime. Alors que les fondamentalistes sont au pouvoir, ces femmes se retrouvent, retirent leur voile et discutent de leurs espoirs, de leurs amours et de leur place dans une société de plus en plus oppressive. Pour elles, lire Lolita à Téhéran, c’est célébrer le pouvoir libérateur de la littérature.
Avis de Hiro et de Claire
Si Lire Lolita à Téhéran reprend du best-seller biographique d’Azar Nafisi, il ne s’agit pas d’une adaptation pure et simple de son essai, mais plutôt de la chronique d’une enseignante dans d’un pays en pleine reconstruction. Le film d’Eran Riklis1 captive dès les premières minutes. On suit au plus près le quotidien de cette professeure de littérature américaine qui revient dans son pays natal, l’Iran après la chute du Shah, en 1979. Elle est heureuse de pouvoir enseigner la littérature occidentale à l’université. Son but est d’ouvrir ses étudiants à d’autres cultures, afin qu’ils enrichissent leur réflexion et voyagent à travers les livres. Sa formation dans une grande université américaine lui a ouvert des pistes et des voies qu’elle souhaite partager avec eux. Son mari, progressiste, la soutient pleinement.
Au même moment, l’Iran connait une période d’instabilité politique. Un mouvement de repli religieux de grande ampleur s’impose de plus en plus. La toute nouvelle République islamique d’Iran prend le pouvoir. Comme souvent dans des cas de dictature, à travers l’histoire de l’humanité, les droits des femmes sont parmi les premiers à être réprimés. L’Iran ne fait pas acception à la règle.
Pour Azar, très vite, une résistance pacifique prend forme. Elle ne peut souffrir la censure de la littérature qui lui est si chère. Le film évite l’écueil de dévoiler une violence insidieuse et frontale et suggère plus qu’il ne montre. La violence commence par les livres interdits à tous et le voile que l’on impose aux femmes. L’enseignante, comme le spectateur, sent poindre malaise et oppression, bien que la scène d’ouverture du film, au poste frontière, sonnait déjà comme une mise en garde.
Après son expulsion de l’université de Téhéran, pour avoir refusé ce nouveau code vestimentaire, l’enseignante trouve une autre forme de résistance. Les petits apartés qu’Azar s’autorise avec son ancien professeur et mentor, au risque de se confronter aux foudres de la police des mœurs, la confortent dans sa décision : la lutte sera intellectuelle. La transmission du savoir est une arme et elle va en faire bon usage.
Le long-métrage se déploie ainsi en quatre chapitres, chacune nommée d’après un livre interdit et qui ont une résonance particulière à la fois pour le récit, mais également pour les œuvres en elles-mêmes. Chacun de ces romans fait écho aux événements. On observe Azar, tout comme l’Iran, se transformer. Le film sait montrer comment les libertés les plus simples peuvent être amenées à disparaître, comment violence et dictature s’enlisent dans un engrenage avec une facilité déconcertante. Notre œil de 2025 ne nous trompe pas, ce qu’il s’est passé en Iran dans les années 1980 possède une portée universelle.
Lire Lolita à Téhéran est un film poignant et important, au message puissant : l’espoir subsiste, malgré des circonstances dures et anxiogènes, tant qu’existe la littérature. Goldshifteh Farahani campe une Azar Nasifi parfaite, qui passe par une multitude d’émotions, déployant ainsi toute la palette de son jeu intense. On salue la volonté de transmettre un message qui se veut fort de sens, tous les personnages sont interprétés par des acteurs et actrices d’origine iranienne, qui s’expriment ici d’une manière toujours impossible dans l’Iran des années 2020.
- Réalisateur israélien, auteur du superbe La Fiancée syrienne ↩︎





Fiche technique
Sortie : 26 mars 2025
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Durée : 107 minutes
Genre : drame
Avec Golshifteh Farahani (Azar Nafisi), Zar Amir Ebrahimi (Sanaz), Mina Kavani (Nassrin), Bahar Beihaghi (Mahshid), Isabella Nefar (Manna), Lara Wolf (Azin), Arash Marandi (Bijan), Ash Goldeh (Nima), Sina Parvaneh (Nyazi)…