Vaste comme la nuit – Avis +

Présentation de l’éditeur

La capitaine Mathilde Sénéchal n’aurait jamais imaginé retourner sur les lieux de son enfance, un petit village non loin de Dieppe. Mais quand Lazaret, son ancien chef de groupe, lui fait parvenir une lettre sibylline, elle comprend qu’elle va devoir rouvrir une enquête vieille de trente ans.

Qu’elle le veuille ou non, le passé ne meurt jamais. Il a même des odeurs, ces odeurs qu’elle sait identifier comme personne et qui sont aussi son talon d’Achille. Il est temps pour elle de sonder sa mémoire défaillante et d’affronter la vérité.

Avis de Thérèse

Mathilde Sénéchal, capitaine de police à Lille, a tout oublié de son enfance jusqu’au jour d’un accident de vélo, lorsqu’elle avait neuf ans, un 24 juillet. Dure, secrète, distante, efficace et respectée dans son métier, la seule enquête qu’elle se refuse à mener est celle qui concerne ses premières années mais, trente ans plus tard, une promesse va l’obliger.

Accompagnée de Pierre Orsalhièr, ex-flic installé en Ariège et amoureux d’elle, et d’Adèle, adolescente dont elle s’occupe en raison d’une mère instable et défaillante, Mathilde va retourner dans ce petit village d’Arcourt où elle a passé toutes ses vacances d’enfant mais dont elle ne garde aucun souvenir.

Loin des schémas traditionnels du thriller, d’une écriture soignée, riche et subtile, Elena Piacentini compose une grande fresque mêlant plusieurs familles sur plusieurs générations au sein d’un village qui vit refermé sur lui-même, cultivant ses rancunes, ses haines, ses jalousies. Mais l’image découverte est peut-être un trompe-l’œil…

L’ébauche d’arbres généalogiques des principales familles d’Arcourt au début du livre se révèle bien utile pour suivre les flash-back qui le rythment. La première découverte de Mathilde est la disparition d’une jeune voisine, Jeanne Bihorel, le jour de l’accident qui l’a rendue amnésique. Y aurait-il un lien entre les deux événements ? Que fuyait la petite Mathilde quand elle a eu cet accident ?

Elle découvre également que le 24 juillet semble être une date maudite dans la région, un jour où, régulièrement, se produisent des accidents, des morts, des disparitions. Au fur et à mesure que des souvenirs et des images lui reviennent, la « petite Mathilde » va l’aider à reconstruire son passé, à se reconstruire.

Elena Piacentini dresse des portraits sombres des habitants du village, où on voit progressivement apparaître des pointes de lumière, de tendresse. 0Figure centrale de l’enquête, Hortense vit depuis toujours dans la maison voisine. Traitée de sorcière, l’octogénaire semble terrifier et défier tout le monde, armée de cette canne qui ne la quitte jamais, enveloppée de ses très longs cheveux gris.

Plus qu’un polar, c’est un roman noir historique qui prend son temps pour se mettre en place et démarrer. L’écriture d’Elena Piacentini – imagée, recherchée et parfois même poétique – éveille une atmosphère composée de couleurs, de parfums, de nostalgie, de haine et d’amour. Par la révélation progressive de certains secrets, elle nous amène à ressentir de l’empathie ou même de la tendresse pour des personnages au premier abord rébarbatifs.

« Les vies sont reliées les unes aux autres par des fils. (…) Elles forment une grande tapisserie avec des dessins visibles et d’autres non. Il faut savoir où et comment regarder« , dit un des personnages. C’est le cœur du roman.

Fiche technique

Format : poche
Pages : 368
Éditeur : Pocket
Sortie : 20 août 2020
Prix : 7,60 €