Interview de Anne Stuart – VF

Callixta : vous avez écrit déjà trois livres dans la série des Ice ; comment parvenez vous à rendre si différents le récit de chaque roman qui reprennent pourtant des trames aussi proches ?

Anne Stuart : Je ne suis pas sûre de comprendre ce que vous voulez dire par des « trames proches ». Mes romans sont différents parce que les personnages sont différents. Ils sont tous capables de tuer mais ils viennent d’horizons divers et ils ont des raisons variées d’ être comme ça et bien sûr ils tombent amoureux de femmes très différentes. Les événements qu’ils affrontent sont également différents donc je n’ai pas l’impression que les choses sont similaires. Enfin, c’est mon avis.

Callixta : plusieurs de vos livres se déroulent au moins en partie en France avec des héros à moitié français (Black ice ou Seen and not heard) mais sans les clichés que l’on remarque souvent chez d’autres auteurs. On sent que vous connaissez bien notre pays, n’est-ce pas ?

Anne Stuart : je suis douée pour simuler. Je n’ai pas passé beaucoup de temps en France mais quand j’étais jeune j’étais follement amoureuse d’hommes comme Yves Montand, Charles Aznavour, Jean Paul Belmondo, Alain Delon et Jacques Dutronc donc je me suis plongée dans le cinéma et la musique française à un âge où on est une éponge. Je suis également allée dans une école privée où on apprend le français dès la crèche et la maternelle (alors que dans la plupart des écoles américaines on commence une langue étrangère au CE2). J’ai seulement un goût pour le français. Comme je l’ai montré, mon français est totalement nul (NdT : lors d’un précédent mail, Anne Stuart a gentiment mis quelques mots en français) ! mais je bavarde sans problème dans cette langue . Je peux même penser en français.

Callixta : la qualité des tête à tête entre les héros est sans doute ce que les lecteurs de vos livres (dont moi) apprécient le plus. Comment parvenez vous à créer une telle tension dans ces huis-clos ?

Anne Stuart : pour moi, l’intensité de la relation est ce qui guide le livre. D’autres personnes qui ont commencé à écrire en même temps que moi ont évolué vers de purs thrillers mais pour moi, l’interaction entre un homme et une femme est ce qui est le plus excitant. L’amour et le sexe sont des besoins élémentaires et je ne fais que les mettre en avant.

Callixta : j’ai pensé que vous aimiez reculer les règles un peu statiques de la romance en lisant la série des Ice ? En effet, vos héros ne communiquent presque jamais leurs sentiments. Pourquoi ?

Anne Stuart : si mon héros se mettait soudain à expliquer ses sentiments à sa compagne ou à n’importe qui d’autre, la plupart des problèmes seraient résolus et il n’y aurait pas de livre. L’introspection est l’une des choses les plus difficiles à faire et mes personnages ont une tendance à être très cyniques y compris vis à vis d’eux mêmes. Etre capable de communiquer fait partie du processus de rétablissement et de rédemption de mes héros perturbés.

Callixta : certains ont réprouvé la faiblesse de certaines de vos héroïnes (Into the fire ou The widow) ce qui, pour moi, est un contresens total, qu’en pensez-vous ?

Anne Stuart : j’adore mes héroïnes et je m’identifie à elles. Elles réagissent comme je le ferais : quand les choses deviennent vraiment difficiles, j’ai tendance à courir et à pleurer mais aussi à m’accrocher. Elles supportent bien plus que la plupart des femmes parce qu’il est sous entendu que tôt ou tard elles trouveront l’âme soeur.

Callixta : vous semblez aimer jouer assez malicieusement sur les tabous, ainsi votre héros, Peter, dans Cold as ice, assume très bien d’utiliser le sexe pour parvenir à ses fins que ce soit avec un homme ou une femme. De même, dans votre dernier roman, Ice blue, votre héros est à moitié japonais, est-ce pour renouveler le héros de romance ?

Anne Stuart : et bien, je dois reconnaître, que j’ai vraiment une attirance extrême pour les hommes asiatiques en particulier les rocks stars japonaises androgynes. Ainsi je devais trouver un moyen d’en mettre dans mes histoires. J’avais déjà décrit des héros japonais dans mes romans mais je ne m’en étais pas rendue compte. Je ne cherche pas à aller très loin juste pour décrire des personnages extraordinaires et pour le plaisir de choquer. J’invente des personnages qui m’intéressent. Je n’avais pas prévu que Peter coucherait avec des hommes (dans Cold as ice). Je l’avais créé dans le premier livre alors que je n’avais pas envisagé d’écrire une série mais il s’est imposé comme un héros logique pour le second livre. Cependant cela a été très intéressant de jouer avec cette idée. J’ai dû faire très attention pour ne pas aller trop loin et pour ne pas ne pas oublier le problème que cela pose.

Callixta : s’agissant du passé de Takashi O’Brien, il subsiste des zones d’ombre, pour quelle raison ? Pourquoi ce mystère ? Pour le rendre plus séduisant ou jugiez vous certains détails sans importance ?

Anne Stuart : je pense que c’est un peu des deux. Dans la première version il y avait davantage de détails sur son passé mais ça a été coupé et l’histoire se déroule sur une si courte période qu’il n’y avait pas tellement de place pour ça. Donc c’est quelqu’un qui est partie prenante de plusieurs mondes (Le comité, les Yakuza, les USA et le Japon) et il est plutôt déraciné.

Callixta : vos fans attendent la traduction de la série des Ice traduits en français. Avez-vous des informations ?

Anne Stuart : hum… Pas maintenant. Ils sont déjà traduits en espagnol et quelques autres langues mais je n’ai rien vu en français. Le problème pourrait bien être que Black ice se déroule en France et il est notoire que les éditeurs français n’aiment pas publier des livres qui se passe en France mais ne sont pas écrits par des Français. Je ne suis pas sûre que c’est ce que pense Mira et il est possible qu’il soit traduit. Avec la plus grande partie du livre se tenant en France et Bastien à moitié français, ce serait idéal.

Callixta : Isobel sera l’héroïne du prochain Ice, que nous réserve la belle mais si malheureuse Isobel ?

Anne Stuart : elle retrouve quelqu’un de sa jeunesse. Il y aura quelques flashbacks de leurs voyages dans une deux chevaux Citroën et quand elle le retrouve dans le présent elle pense qu’il ne la reconnaît pas. Mais si ! c’est « l’homme le plus dangereux du monde » et elle a beaucoup de rancœur envers lui mais il n’est pas vraiment celui qu’il semble être. Bastien et Chloé, Peter et Genevieve et mon chouchou, Reno, font aussi des apparitions dans le livre et c’est un des mes livres préférés de ma longue carrière !

Callixta : Je sais que vous avez plusieurs projets en cours : une romance érotique écrite à trois avec Jennifer Crusie et Eileen Dreyer, comment se passe cette collaboration ? Pouvez-vous nous dire quelques mots sur ces romans ?

Anne Stuart : la romance que j’écris avec Jenny Crusie et Eileen Dreyer n’est pas vraiment un livre érotique même si il y beaucoup de sexe. C’est plutôt une histoire de magie, de femmes diablement malignes et de superbes sorciers ainsi que de mécaniciens automobile, etc. Nous avons décidé d’écrire l’histoire de trois sœurs avec chacune un don spécial (la mienne est une alchimiste qui essaye de transformer le plomb en or mais échoue lamentablement) et des hommes qui entrent dans leur vie. Nous avons choisi chacune une sœur mais nous avons entremêlé chaque histoire et c’est devenu un roman au lieu de trois nouvelles. Ca a été très drôle à créer ! Cela s’appelle The unfortunate miss Fortuneset le livre sortira en juillet.