Lovelace – Avis +

Présentation Officielle

A la fin des années 60, Linda étouffe au sein de sa famille que sa mère, aussi rigide que ses principes religieux, dirige d’une main de fer. C’est une belle fille de 20 ans, prête à embrasser la vie avec enthousiasme malgré sa timidité et sa naïveté.

Quand elle rencontre Chuck Traynor, elle ne résiste pas à son charisme viril, quitte le domicile familial pour l’épouser et fait auprès de lui l’apprentissage d’une liberté qu’elle soupçonnait à peine.

Chuck la persuade de ses multiples talents et l’incite à se laisser filmer lors de leurs ébats. Amoureuse et soumise, elle accepte de jouer quelques scènes d’un film pornographique.

Quelques mois plus tard, en juin 1972, la sortie sur les écrans de Gorge Profonde fait d’elle du jour au lendemain une star unique. Vivement encouragée par Chuck, Linda saisit à bras-le-corps sa nouvelle identité de reine de la liberté sexuelle.

Avis de Valérie

Gorge profonde est un film pornographique de 1972 qui a marqué plusieurs générations d’hommes car il était pourvu d’un vrai scénario. Dit comme ça, on s’imagine quelque chose d’intelligent, mais c’est simplement que l’héroïne n’était pas une bimbo blonde aux avantages visibles, mais la fameuse « voisine d’à côté » brune et pimpante, qu’il y avait donc des dialogues souvent drôles, et qu’il symbolisait la liberté sexuelle toute nouvellement acquise.

Linda Lovelace a également symbolisé l’accession des femmes aux plaisirs du sexe, ou plutôt leur légitimité à les obtenir et à les réclamer. Dans l’Amérique puritaine, ce fut une avancée pour les femmes, même si justement on peut se demander si l’utilisation consentante d’une personne n’en fait tout de même pas qu’un produit ? Le mot important étant ici ‘utilisation’.

Par la suite, Linda a lutté contre la pornographie et parlant même de viols constants durant cette période. Pour l’industrie pornographique, ce n’était qu’un problème de conscience surgissant un peu trop tard et les critiques à son encontre ont été très virulentes. Elle s’est fait descendre par les pornographes et ils ont même créé le « syndrome Linda » pour les hardeurs qui, sortis du métier, crachaient dans la soupe.

Mais le film s’intéresse surtout à la personne de Linda. Elle est superbement incarnée par Amanda Seyfried. Elle donne une sensibilité, une beauté, une élégance à la pellicule qui permet de dépasser le vulgaire et l’obscène. Notons tout de même que malgré le sujet graveleux, cela reste très correct et le spectateur ne verra aucune image crue ou pornographique.

Face à elle Peter Sarsgaard est un salopard magnifique. Cet être abject est humanisé par son talent, mais sans jamais lui ôter ses parts sombres et veules. Il est comme toujours excellent et symbolise le pire de ce qu’un homme peut imposer à sa femme.

La réalisation montre tout d’abord ce que tout le monde peut voir et constater, soit une success story où tout le monde s’avère gagnant. Que ce soit les réalisateurs et Traynor et Linda, mais également les producteurs, des membres de la mafia qui ont vu là une opération plus que juteuse et leur a rapporté des millions de dollars.

Puis, le spectateur découvre la réalité, et c’est bien sûr plus sombre, pathétique et terrible. Cette triste vision reste romancée mais est tout de même poignante.

Dans son ensemble, le long métrage bénéfie d’un excellent travail de réalisation et d’un casting cohérent qui élève le propos. Certains pourront en tirer des enseignements sur la réalité de la liberté sexuelle ou sur les métiers du sexe, ou simplement la position de la femme dans la société. Mais un regard est aussi porté sur les méfaits du puritanisme et sur la manière dont il a asservi les femmes.

Et il s’agit avant tout de la vie d’une femme dont l’image même a été exploitée, encore de nos jours. C’est une vision dirigée selon les mémoires de Linda Lovelace et donc de parti pris, mais qui est cohérente et bien faite. Et n’oublions pas, malgré le sujet sensible de la trame, le traitement n’est pas vulgaire.

A voir !

Fiche Technique

Sortie : 8 janvier 2014

Durée : 93 minutes

Avec Amanda Seyfried, Peter Sarsgaard, Sharon Stone, Bobby Cannavale, etc.

Genre : biopic