L’échelle des sens – Avis +

Présentation de l’éditeur

Etudiante en deuxième année de psycho, Tennessee a 19 ans et se prostitue. Elle travaille pour une agence d escorts aux tarifs élevés, surtout pour les clients qui demandent des vierges. En dehors de ses cours, ses rencontres avec ses clients et son psy, elle entretient une relation platonique avec un ami de fac, qui l aime à l évidence, mais qu elle ne veut pas voir évoluer en relation amoureuse. Elle ne croit ni à l amour ni aux sentiments, juste au prix qu on leur accorde, à la valeur qu on leur donne dans une société où tout se vend. C est son constat, son analyse, sa forteresse pour affronter le monde.

L’échelle des sens adopte le point de vue sans concession d’une jeune femme à la fois attachante et inquiétante dans sa quête de sens. Par une succession de scènes courtes, parfois opaques, dures, crues, déconcertantes ou lumineuses, au style efficace, au ton oral et tranchant, on ressent le désarroi, la solitude, la bravade, l humour, la peur, l espérance, la fragilité de ceux qui ont 20 ans en un siècle où l on prône le contrôle de soi et la liberté de choix et où le marché est roi.

Avis d’Emilie

« Jessica », l’étudiante prostituée le dit elle-même : elle a vendu sa virginité parce que ça rapporte. Oui elle aurait pu bosser au MacDo, mais elle est feignante et se déteste pour ça. Se prostituer est plus facile.

Dès les premières lignes, Franck Ruzé nous atteint. En quelques mots, il fait écho dans l’esprit du lecteur. Qui n’a jamais rêvé d’argent facile, même s’il ne venait pas de source très morale ?

Jessica change de prénom au fil de ses clients, et change aussi de personnalité. Elle peut être la jeune fille faible, la cruche, l’insolente…
Mais où se cache Tenessee là dedans, l’étudiante en psychologie ?

L’histoire varie, est vivante, change souvent de ton. On passe de la rencontre avec un client à la bibliothèque universitaire, d’un rendez-vous chez le gyneco à un échange de mail avec le petit ami, qui bien sûr ne sait rien de cette double vie.

Tennessee peut être obscène, fragile mais reste toujours intelligente et se remet une question. On ne peut pas dire que la lecture soit vivifiante, mais le style oral, quasi télégraphique de Ruzé nous prend dans le texte et on ne lâche plus le livre.

Un récit court, mais prenant. Pourtant il n’en faut pas plus. On est parfois au bord du dégoût. D’un côté, Tenessee, prostituée par fainéantise nous rebute mais d’un autre, on ne peut s’empêcher de saluer son courage.

Et surtout, on garde à l’esprit que si ce récit est une fiction, c’est pourtant le quotidien de 40 000 étudiants, principalement des femmes, en France.

Le lecture apporte un énorme lot de questionnements. Avec le principal : l’aurions-nous fait ?

Fiche technique

Format : broché
Pages : 198
Editeur : Albin Michel
Sortie : 3 janvier 2013
Prix : 14 €