Des grives aux loups – Avis +

Présentation de l’éditeur

Saint-Libéral est un petit bourg de Corrèze, tout proche de la Dordogne, pays d’élevage et de polyculture. Avec dix hectares et dix vaches, on y est un homme respecté comme Jean-Edouard Vialhe, qui règne en maître sur son domaine et sa famille : sa femme et leurs trois enfants, Pierre-Edouard, Louise et Berthe. Dans cette France qui n’avait guère bougé au XIXe siècle, voici que, avec le siècle nouveau, des idées et des techniques  » révolutionnaires  » lentement apparaissent et s’imposent. Et le vieux monde craque…

Avis de David

Dans les relations humaines, il y a des universalités. Les conflits inter-générationnels en font partie. Mais ce dont les moins de 40 ans ne se rendent pas forcément compte, c’est que la guerre et les progrès techniques l’accompagnant, accentuent l’incompréhension entre deux générations successives. Ainsi les pères et mères qui virent partir leurs fils en 1914, en 1939 mais aussi en Indochine ou lors de la guerre d’Algérie, les virent revenir – pour ceux qui revinrent – changés et vivant dans un monde différent du leur ; il y a eu discontinuité totale entre eux.

Des grives aux loups et les trois tomes qui suivent s’articulent autour de ces tensions inévitables et cristallisées par les guerres. Tout d’abord entre Jean-Edouard, l’archétype paysan du XIXe siècle et son fils Pierre-Edouard qui entre de plein pied dans la modernité du XXe.

Ces deux caractères en acier trempé s’affrontent et, parce que les filles ne sont pas en reste, c’est toute une famille que l’on voit éclater et s’éparpiller loin de la Corrèze. Bien que Pierre-Edouard y revienne après la guerre de 14, la rupture est consommée avec son père et il y a une frontière bien plus dure qu’une chaîne de montagne : un coeur humain.

Claude Michelet dans ce premier tome, certainement le meilleur de tous, dresse un portrait saisissant de la vie paysanne. Il transmet avec facilité son amour de la Corrèze et on se met à rêver de visiter un jour le fictif Saint-Libéral.

Les trois tomes suivants sont tout aussi intéressants et bien écrit, mais la famille Vialhe s’étant agrandie, le récit se disperse d’autant plus. Cependant l’on revient toujours à Pierre-Edouard et il faut signaler avec quelle sensibilité l’auteur montre les affres de la vieillesses dans L’appel des engoulevents.

Dans une France qui a renié ses paysans et oblitéré jusqu’à leur mémoire, la lecture de ces ouvrages semble nécessaire de toute urgence.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 376
Editeur : Pocket
Collection : Litterature
Sortie : 19 décembre 2006
Prix : 6,10 €