L’Indésirable – Avis +

Présentation de l’éditeur

Depuis la Seconde Guerre, la demeure d’Hundreds Hall n’est plus que l’ombre d’elle-même : loin de sa splendeur passée, d’étranges évènements se succèdent et distillent entre les murs un vent de terreur. Faraday, médecin de campagne, assiste la famille Ayres qui s’efforce de cacher la débâcle. A moins que le coeur du manoir ne soit rongé par un lugubre secret…

Avis de lady Clare

L’Indésirable est l’un de ces romans que l’on aimerait pouvoir lire d’une seule traite. En effet, l’intrigue et le suspense s’installent progressivement et par petites touches très subtiles, si bien que vient un moment où il est tout simplement impossible de s’en détacher.

Pour la première fois dans l’oeuvre de Sarah Waters, le narrateur est un homme, un médecin de campagne, le Docteur Faraday, qui au sortir de la Seconde guerre mondiale, peine à joindre les deux bouts.

Le hasard d’une consultation le ramène sur les lieux de son enfance, la grande demeure de Hundreds Hall, où sa mère a été nourrice. Il a connu cette propriété du temps de sa splendeur, elle n’est que ruine et décrépitude à présent.

Emu par ses souvenirs qui remontent à la surface, il ne tarde pas à sympathiser avec la famille Ayres, composée de la mère, veuve depuis plusieurs années, du fils Roderick, blessé gravement à la jambe pendant la guerre, et enfin, de la fille Caroline, dont le physique singulier le met dans un premier temps mal à l’aise.

Souhaitant, presque inconsciemment, faire partie de cette famille, il propose d’aider Roderick avec quelques séances de rééducation, ce qui l’amène à fréquenter régulièrement le domaine et ses habitants, s’insinuant chaque fois un peu plus dans leur intimité.

Très vite, des éléments inquiétants et pour le moins mystérieux perturbent la petite vie tranquille de cette famille sans histoires. Le Docteur Faraday devient alors le témoin privilégié de la déchéance inexorable de ces personnes auxquelles il n’a pu s’empêcher de s’attacher. La demeure a l’air hantée, mais quelle est la part de vérité ou d’affabulation dans les récits tourmentés de personnes dont le monde s’écroule ?

Sarah Waters a l’art et la manière de nous tenir en haleine pendant plus de sept cents pages, le roman ne connait aucun temps mort. Le suspense est rigoureusement entretenu par un style qui oscille entre réalité et fantastique, à la manière d’un Henry James.

Mais il y a aussi du Edgar Allan Poe dans L’Indésirable, avec le thème de la maison comme personnage maléfique, comme dans sa brillante nouvelle La Chute de la maison Usher.

Nous sommes sans cesse sur le fil, hésitant entre explication rationnelle, comme le fait le Docteur Farraday, ou l’aspect le plus fantasmagorique, comme le suggèrent les principaux protagonistes.

La fin nous laisse face à plusieurs interprétations, comme le font tous les auteurs qui ont l’intelligence et la délicatesse de laisser une part d’imaginaire et d’interprétation personnelle à leurs lecteurs. Un grand roman !

Fiche technique

Format : poche
Pages : 672
Editeur : 10/18
Sortie : 20 octobre 2011
Prix : 10,50 €