Ciné Cinéma Classic – La belle et la bête

Un conte poétique aussi superbe devant… que derrière la caméra. En effet, si l’univers de Jean Cocteau n’a jamais été aussi bien transposé à l’écran, grâce à des effets spéciaux innovants, entre onirisme, surréalisme et poésie, fantastique et jeu de lumières sur des décors, costumes et maquillages, admirablement mis en scène, rien n’est plus passionnant que le tournage chaotique, où résistants et collaborateurs s’entrecroisent, arrestations et disparitions, la maladie de son créateur, viennent contrecarrer les plans, où le rationnement aussi bien de nourriture, de pellicule et d’électricité provoquent des casse-têtes insolubles pour l’équipe.

Jean Marais incarne une « bête » émouvante et terrifiante, face à une Josette Day qui illumine de sa blondeur les plans les plus sombres. On reconnaît la direction assurée de l’assistant réalisateur René Clément qui quitte quotidiennement le tournage pour tourner ce qui deviendra le prix international du jury au festival de Cannes de 1946, la bataille du rail. Enfin, il faut retenir deux très grands noms français, un des plus grands directeurs de la photographie au monde, Henri Alekan, et la musique de Georges Auric. Prix Louis Delluc en 1946.