Rencontre avec HWANG Byeong-gug pour Yadang

Session de questions-réponses avec HWANG Byeong-gug, réalisateur du film sud-coréen Yadang : The Snitch (2025) - Attention spoilers

Ce samedi 1er novembre 2025 au Festival du Film Coréen à Paris (FFCP), le réalisateur Hwang Byeong-gug était présent pour une session de questions-réponses après la projection. Vous trouverez ainsi la retranscription au mieux de l’échange avec la salle, ainsi que certains éléments du film (attention spoiler !).

Présentateur : Merci à tous et à toutes d’être restés avec nous, je passe seulement un petit message, qui est une évidence, mais ne pas prendre de photos ou de filmer pendant les projections. Et je vous demande d’accueillir sous un tonnerre d’applaudissement le réalisateur du film, M. HWANG Byeong-gug.

Question du public : Bonsoir et merci pour le film, ma question est par rapport aux acteurs, comment les avez-vous choisi ?

HWANG Byeong-gug (réalisateur) : Alors pour l’acteur KANG Ha-neul, qui joue l’indic, pour être tout à fait honnête, c’est un personnage qui doit se droguer lui-même pendant le film, et en fait, j’avais en tête d’autres acteurs, mais qui étaient liés à des publicités avec des sponsors donc tous ont refusé. Heureusement que KANG Ha-neul était d’accord =, il avait vraiment la volonté de travailler avec moi.

Pour PARK Hae-Joon qui joue le policier des stups, en fait, on avait travaillé ensemble en tant qu’acteurs, tous les deux dans le film 12/12 the Day, on avait deja travailler ensemble en tant qu’acteur du 12.12: The Day (ou Seoul Spring de 2023) et sur le tournage, j’ai trouvé qu’il était vraiment très beau et très doué, j’ai donc vraiment voulu moi-même qu’il participe au casting, quant à YU Hae-Jin, le procureur, quand j’étais assistant réalisateur, on avait déjà travaillé ensemble sur un film, et depuis, on est devenu très amis.

Question du public : Bonjour c’est un grand honneur et je voulais vous remercier pour le film. Je voulais vous demander comment vous avez réussi à réguler les scènes qui parfois sont très violente ou très cruelle. Comment vous avez réussi à réguler ce niveau de violence ?

HWANG Byeong-gug (réalisateur) : Quand j’ai préparé le film, j’ai rencontré beaucoup de personnes liées aux stupéfiants, et au début, je ne savais pas trop si fallait que se soit vraiment très réaliste, et à un moment donné, je me suis dit que le film allait être automatiquement être interdit aux mineurs, donc à partir de ce moment là, je me suis dit que l’action pouvait être très forte et je me suis lâché en sachant que le public serait un public averti.

Question du public : J’ai deux questions qui sont liés sur le même thème, la première c’est que j’ai l’impression que le personnage du procureur, comme il voit des insectes, c’est un ancien camé, et que l’erreur qu’il a fait c’est de vouloir réintégrer la drogue par l’indic, et je sais que la réception des affaires de drogues est assez différente en Corée, je voulais donc savoir quel était votre point de vue sur la question, est-ce que vous avez une histoire personnelle autour de cela ou comment ressentez-vous les grands titres ? Je vous demande pas si vous vous droguer.

HWANG Byeong-gug (réalisateur) : Lorsque j’écrivais le scénario, pendant deux ans, je me suis vraiment immergé dans ce milieu de façon très profonde. Je me suis rendu dans des endroits vraiment tenu secret au public. J’ai fait énormément de recherches, et je voulais montrer le milieu de la drogue de façon le le plus réaliste possible. Alors moi-même, je ne suis pas un drogué, mais en Corée, c’est vrai que le problème est très grave aujourd’hui, donc je voulais montrer ce milieu de la façon la plus réaliste possible pour que le public prenne conscience du danger et du risque de la drogue, et peut être un peu essayer d’empêcher que ça se propage encore plus .

La brigade des stup et les procureurs, les gens qui y travaillent , j’en ai interviewer beaucoup, et plutôt que de me concentrer sur les gens qui attrapent les toxicos, j’ai voulu rencontrer des vrais toxicos, j’en ai rencontrés quelques uns sur internet à travers les réseaux sociaux, jusqu’au moment où il y a eu un malentendu car la police m’a arrêté car elle pensait que je me droguais. Et le commissariat que vous voyez, là du policer, joué par Park Hae-Joon, c’est le commissariat où j’ai été mis en garde à vue. Je suis également passé par tous les tests d’urine, etc, mais comme je n’avais pas pris de drogue, j’ai été libéré.

J’ai fait le test d’urine, et normalement, il y a plusieurs tests, dont celui pour la meth et le THC, et j’ai vu le résultat. En fait, il y avait deux lignes et quand on fait un test et qu’il y a deux lignes, ça veut dire qu’on est positif. C’était un très grand choc pour moi, normalement, il devait y avoir qu’une ligne, et le policier qui s’occupait de moi a commencé à rire et m’a dit qu’en fait pour la drogue, c’était l’inverse, quand c’est négatif, il y a deux lignes et quand c’est positif, il y en a une, donc j’étais négatif.

Question du public : Bonsoir et merci pour ce film très réussi, il y a une formidable scène avec une disqueuse, j’imagine que vous savez que c’est l’arme du crime au Louvre, je voulais savoir si vous aviez anticipé cet événement, et au-delà de cela, deux questions. D’abord sur des scènes comme ça, très marquantes, qu’on n’a pas l’habitude de voir, est-ce que dès le scénario, vous aviez envie de faire quelque chose qui était un peu différent et la deuxième question , c’est le sujet est très grave, et est-ce que vous avez voulu dès le début vraiment faire attention qu’il y ait des moments de comédie, plus légers, comment avez-vous organisé tout cela ?

HWANG Byeong-gug (réalisateur) : Oui, j’ai suivi avec attention les infos concernant le braquage du musée du Louvre, heureusement, je crois que les coupables ont été arrêtés. C’est vrai qu’en tant que réalisateur, c’est vrai qu’on se demande tout le temps comment est-ce qu’avez une même situation, on peut montrer de façon différente. On a toujours envie de faire quelque chose qui n’a jamais été fait, on cogite en se demandant si telle scène a déjà été faite par le passé. Et moi, c’est vrai que j’aime beaucoup le genre de films qui traitent de sujet très lourd et avec un peu de gaité ou de façon ludique ou distrayante. C’est ce que je me suis attelé à faire avec ce film, en mettant un peu cette tonalité et ce rythme soutenu.

Question du public : Merci d’être venu et le film était vraiment superbe. J’ai deux questions, avez-vous une scène préféré ou des anecdotes, et sinon j’ai trouvé quelques similarités avec le film Vétéran (film policier de 2015, et dont un deuxième volet est sorti en 2024), donc c’était pour savoir si vous vous êtes un peu inspiré ou pas du tout, car je trouvais que c’était un peu le même univers ?

HWANG Byeong-gug (réalisateur) : Vous avez vu Vétéran ? Je joue dedans. Oui, oui, je joue dans deux scènes. Pour Vétéran, je ne sais pas si le film a vraiment influencé ou pas, mais pendant la préparation du film, la seule chose qui me guidait c’était d’empêcher le public de regarder son téléphone portable pendant le film parce qu’il s’ennuierait. C’est vraiment ça qui m’a guidé dans l’histoire, la narration et le montage.

Cela m’a pris 14 ans pour tourner ce film, parce qu’en fait avant, le réalisateur disposait de beaucoup de temps pour tourner, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Maintenant, en une semaine on doit tourner seulement 52 heures, donc on a un temps de tournage considérablement réduit depuis. Donc jusqu’au 5eme jour de tournage, ça a été très difficile pour moi, mais grâce à l’aide de l’équipe technique, on a réussi finalement à respecter le budget et le planning donc c’est vraiment mon souvenir le plus marquant dans le tournage de ce film.

Et comme je vous disais, ça m’a pris 14 ans pour faire ce film, avant cela, j’avais préparé trois films, donc j’avais écrit et fini les scénarios de ces films-là, et à chaque fois, les films se cassaient la figure, ils n’ont donc jamais vu le jour, n’ont jamais été tournés, ce qui fait que pendant tout ce temps là, pendant ces 14 ans, j’ai joué dans une trentaine de films coréens, dont certains très connus, donc si vous regardez avec attention, je pense que vous pourrez me voir dans beaucoup de film.

Question du public : Bonsoir et merci beaucoup pour le film, j’ai une question concernant le système judiciaire et pénale autour de la drogue avec les indics, est-ce qu’il est vraiment comme décrit dans le film, notamment avec les réductions des peines et l’incarcération des personnes droguées. Je voulais savoir à quel point il y a des éléments de fiction ?

HWANG Byeong-gug (réalisateur) : En Corée, ce qu’on appelle la réduction de peine n’existe pas dans le système judiciaire sauf pour ce qui concernant la drogue. Dans les autres affaires pénale comme l’assassinat, le viol, le cambriolage ou l’arnaque, chaque fois, il y a des victimes et les victimes déposent plainte, et après un long processus, les coupables sont arrêtés. Mais dans les affaires de drogues, il n’y a pas vraiment de victimes, les victimes entre guillemets se sont droguées car elle-même le voulait. Personne ne dépose plainte, donc lorsqu’il n’y a pas d’informations concernant cela, il y a alors des réductions de peines. Donc tout ce que vous voyez sur l’écran, c’est finalement des histoires vraies.

Question du public : Je voulais vous féliciter pour ce film, il m’a rappelé globalement et même en détail ce qu’il se passe dans mon pays à Madagascar. Au niveau de la drogue, depuis 5 ans, l’héroïne a explosé, et un shoot, c’est 20 centimes d’euro, donc il y a eu un phénomène où les jeunes, des enfants de 11, 12 ans se droguent comme une sorte de mode. Je voulais savoir avec l’explosion de la drogue en Corée, si les personnes mineurs sont très touchées ou comment ça se passe ?

HWANG Byeong-gug (réalisateur) : Alors presque pas de mineurs en Corée se droguent, enfin ce n’est pas encore le cas aujourd’hui parce que la drogue coûte très chère. En Corée, 1g coûte 700 000 wons, environ 700 dollars, donc sur 1g, vous avez 0,77g de drogue pure, donc ça permet de se prendre 10 shoots et sur les 10 fois, jusqu’à 1, on en ressent l’efficacité. Je commence à me demander si je ne suis pas trop précis.

En fait, même si on attrape les fournisseurs, les dealers de drogue, c’est vrai qu’en général on a tendance à croire qu’il faut réduire ce nombre et que ça permettra de régler le problème, mais finalement, comme quand on vend de la drogue ça rapporte beaucoup beaucoup d’argent, quand certains sont arrêtés, d’autres prennent le relai, c’est sans fin. Je pense que l’idéal serait de réduire non pas les fournisseurs mais justement les consommateurs. C’est en réduisant le nombre de consommateur qu’on réduira les dealers. Dans le monde, le système généralisé est d’arrêter les dealers, mais le mieux serait d’arrêter la propagation auprès des consommateurs.

Il faut savoir que les toxicos ne sont pas des gens à part, qui sont spéciaux. Moi, si dans mon entourage, j’avais un ami qui serait toxico, je pense que finalement je le serais aussi devenu. C’est parce qu’il n’y avait personne autour de moi qui se droguait que je ne me drogue pas .

Quand on voit des gens qui se droguent, en fait, ils n’ont pas du tout la même réaction que les drogués qu’on voit dans les films et les dramas. Donc on se dit que tient on ne réagit pas comme les gens dans les films, on est alors rassuré, on se dit que ça va, que je me suis injecté ma dose et qu’en fait ça ne fait pas grand chose, et en plus pendant le mois qui suit, on n’y pense pas, donc on se dit qu’on peut contrôler et qu’on n’en devient pas accro, je suis sous le contrôle. Mais après ce un mois va passer à trois semaines, deux semaines, une semaine, un jour et finalement on ne pourra plus s’en passer. Le plus important c’est de ne pas mettre le pied dans cet univers là.

Le mot de la fin par la réalisateur : Le film est sorti en salle en Coree en avril, depuis je l’avais pas vu, donc ça fait très longtemps que je l’avais pas vu, ça m’a fait plaisir de le revoir avec vous, avec le public parisien. Et plus que le public coréen, j’avais l’impression que les réactions étaient plus vives et enthousiasmes et passionnées, j’ai entendu beaucoup de rire, donc ça m’a fait très très plaisir, donc merci beaucoup.