
Editeur : Vega
de Victor Dermo
Présentation de l’éditeur
Diamond Little Boy suit l’alter ego de Victor Dermo et sa jeunesse dans une cité de Caen. La quête d’un jeune homme qui cherche à exister malgré ses drames personnels et l’engrenage de la délinquance.
Victor grandit dans une cité caennaise dans les années 2000. Il passe une grande partie de sa scolarité à dessiner dans les marges de ses cahiers, puis arrête l’école en troisième. Il tombe alors dans la délinquance et les petits trafics de stupéfiants, puis s’approche du crime organisé, avant d’être condamné par la justice. Sa minorité lui évite la détention et lui donne l’occasion de remonter la pente.
L’histoire de Victor, c’est celle de Victor Dermo, qui via cet alter ego peut raconter son histoire dans le support qui a bercé son enfance : le manga.
Avis de Chris
Dans une cité près de Caen, Victor Byanba a une vie plutôt tranquille, animé par sa passion pour le dessin, la musique et ses amis. Pas très attentif en cours, préférant dessiner, il s’accroche tout de même à son rêve de devenir mangaka ou guitariste professionnel. Sa famille est très aimante, mais aussi très dure. Lorsque son meilleur ami meurt, le jeune garçon prend un mauvais tournant. Poussé par son grand frère, Victor atterrit dans le milieu de la drogue. Il y apprend rapidement les codes et le business qui en découle, avec cette facilité déconcertante de gagner sa croûte tout en côtoyant le danger.
Ce global manga1, qui est une autobiographie romancée de l’auteur, rendra nostalgique plus d’un trentenaire2 grâce aux références qu’il y distille — à la pop culture japonaise notamment, mais aussi au milieu du rap français. D’autres, ayant grandi dans des cités, verront remonter en eux pas mal de souvenirs d’une époque parfois difficile, mais aussi pleine de joie avec les potes de toujours. Au-delà de ces aspects nostalgiques, chacun pourra se plonger dans cet univers très réaliste de l’adolescence de la fin des années 2000.
Lorsqu’on parle de réalisme, il en va de même pour la mise en scène, certes classique, mais très à-propos. Certaines planches sont remarquables d’émotion, à l’image des conséquences de la mort de Morgann, le meilleur ami de Victor. Sa tristesse et le vide qu’il ressent à ce moment-là sont terriblement bien retranscrits. Âmes sensibles, préparez vos mouchoirs.
De plus, le dessin de Victor Dermo est plutôt détaillé pour un premier manga. Rares sont les cases vides : qu’il s’agisse d’extérieurs ou d’intérieurs, tout est représenté de manière à rendre crédibles les lieux où se déroulent les événements. On sent que certains endroits existent bel et bien à Caen et dans ses environs. Le format plus grand du titre met aussi en valeur les planches et le dessin maîtrisé du mangaka.
Entre drame social et psychologique, shônen et même seinen tant les thèmes abordés sont matures et difficiles, Diamond Little Boy est un ovni parmi les global manga. Le fait que le récit touche personnellement le mangaka renforce l’émotion du lecteur. On note néanmoins une légère incohérence sur l’âge du héros : qu’il soit au lycée à 14 ans paraît un peu jeune, surtout lorsqu’on sait qu’il n’est pas un féru d’école ni d’études.
Ainsi, le travail du mangaka et de son éditeur pour améliorer le titre, d’abord publié en auto-édition, a servi énormément au vu de ce résultat. Victor Dermo n’a pas à rougir, car l’un de ses rêves semble s’être réalisé : il est devenu mangaka à part entière.
- Global manga : manga réalisé par des français ↩︎
Fiche technique
Format : broché
Pages : 256
Editeur : Vega
Sortie : 20 juin 2025
Prix : 14 €