
Editeur : Pocket
roman de Erik Orsenna
Présentation de l’éditeur
Lorsqu’un énième paquebot géant, le Wonder of the Seas, menace Venise, la Nature se révolte : elle arrête le Temps. L’horloge de la Piazza San Marco reste bloquée sur deux heures du matin. Le jour reviendra – si les hommes reviennent à la raison. Du palais des Doges à la Fenice, l’affolement est général. Qui saura redémarrer la Grande Machine ?
Au cœur de cette nuit qui s’entête, parmi les touristes étalant leurs caprices, apparaît un drôle de personnage. Vêtu d’une soutane, les cheveux roux, le timbre de voix décalé, il cherche… ses musiciennes, toutes des orphelines. Ce prêtre, c’est Antonio Vivaldi, ressuscité par le chaos moderne. Car, désormais, plus aucune frontière n’existe entre les vivants et les morts. Le compositeur a un projet, réconcilier les Éléments, l’Eau et l’Air, la Terre et le Feu. Il faut écrire un opéra, ce sera sa Cinquième Saison. Pour cela il va recevoir l’aide du librettiste de Mozart, Lorenzo da Ponte.
Dans cette déambulation musicale de Murano à l’Arsenal, Érik Orsenna joue de son inventivité et de son espièglerie pour conter la montée des eaux, et les dérèglements des hommes. L’auteur de La grammaire est une chanson douce est de retour.
Avis de Thérèse
Venise, de nos jours. Alors qu’Erik Orsenna y séjourne, un gigantesque paquebot de croisière heurte un quai de la Sérénissime, heureusement sans victimes ni dégâts trop importants. Mais c’était peut-être un signe de ce qui allait suivre. La nuit suivante, à deux heures du matin, le temps s’est arrêté.
Chacun s’affole, s’affaire, cherche une explication, une solution, accuse le dérèglement climatique, la frénésie toujours plus grande de nos modes de vie, tout et n’importe qui. C’est là que survient Vivaldi, car cette grève du temps a rendu très fluides les frontières entre le monde des morts et le nôtre. Vivaldi a une idée : pour convaincre le temps de reprendre son cours, il faudrait peut-être composer une Cinquième Saison ; à force de vouloir tout accélérer en permanence, les Quatre Saisons ne sont peut-être plus suffisantes. Et pour y arriver, il faut faire appel à la nature, aux quatre éléments et même au cinquième.
C’est un texte totalement déroutant que nous propose Erik Orsenna dans cette Cinquième Saison, mêlant les mondes, les vivants et les morts, les styles, les humeurs. Mais cette incursion ironique dans l’imaginaire lui permet d’évoquer des thèmes bien réels, tels que le réchauffement climatique, notre rythme de vie effréné, l’histoire de Venise et de ses artistes, un coup de fil d’Emmanuel Macron, la pollution, le tourisme de masse, le fait que nous vivons dans un monde « dés-enchanté », c’est-à-dire privé à la fois de ses chants et de ses enchantements.
Un conseil pour apprécier pleinement cette fable souvent déconcertante : oubliez que vous tenez un livre entre les mains, imaginez-vous confortablement installé près d’un feu de bois, en compagnie d’Erik Orsenna qui vous raconte son incroyable aventure à Venise. Quand on raconte, on part souvent dans des digressions, on perd parfois le fil de son récit mais on y revient toujours. Et Erik Orsenna est un formidable conteur, à la fois érudit et plein d’humour.
Fiche technique
Format : poche
Pages : 144
Éditeur : Pocket
Sortie : 11 septembre 2025
Prix : 7,70 €