Rencontre avec Nicolas Beuglet

Nicolas Beuglet : entre capsules temporelles et contes de fées

Septembre est un mois chargé pour Nicolas Beuglet, avec la sortie simultanée de deux ouvrages : un grand format inédit chez XO et un format poche chez Pocket. Deux romans très différents, qui montrent toute l’étendue de son imaginaire.

Nous l’avons rencontré grâce aux éditions Pocket, le 22 septembre au Onzième Lieu.

Un one-shot dépaysant

Chez Pocket, l’auteur propose L’ultime avertissement, un thriller indépendant qui s’éloigne de son univers habituel. Le roman met en scène Felicia, une jeune experte en art, envoyée dans les Appalaches aux Etats-Unis pour étudier la collection des Castelmore. Le cœur du récit tourne autour des capsules temporelles et des objets, porteurs de mémoire et d’histoire.

Cette fascination pour les objets est née d’une curiosité récente : Nicolas Beuglet raconte s’être mis à observer ce qui l’entourait, conscient que chaque élément peut témoigner de ceux qui l’ont possédé. Encore faut-il prendre le temps de les « écouter ». L’auteur illustre son propos avec des exemples concrets : un simple verre de qualité moyenne raconte déjà quelque chose du lieu d’où il vient, tandis que le fauteuil de Molière, sur lequel il s’est assis avant de mourir, donne le vertige de l’éternité à qui s’y installe.

Il évoque aussi l’existence à Atlanta, d’une organisation répertoriant toutes les capsules temporelles du monde, avec leurs dates d’enfouissement et d’ouverture. Le sujet a d’ailleurs inspiré d’autres œuvres, comme le film Prédictions avec Nicolas Cage.

Une nouvelle héroïne au pays des contes

En parallèle, son grand format inaugure une nouvelle série qui plonge son contexte dans les contes de fées. On y découvre Mina Bragan, une héroïne à la force physique et morale impressionnante. Beuglet raconte l’avoir immédiatement imaginée dans une scène de bras de fer, se battant pour obtenir le dernier traîneau menant à un château enneigé. Mina est dans l’action, dans l’instinct, là où Felicia incarne une énergie plus jeune, vive et impertinente.

L’auteur souligne combien il attache d’importance à la construction de ses personnages. Même les plus secondaires doivent avoir une existence propre, qui pourrait être prolongée dans un autre récit. Cette exigence garantit leur cohérence et leur profondeur.

Des choix d’écriture assumés

Lorsqu’on lui demande pourquoi ses protagonistes principaux sont toujours des femmes, Nicolas Beuglet répond d’abord en riant : ses lecteurs sont majoritairement des lectrices ! Mais il précise que ce choix lui permet aussi d’éviter les projections personnelles : écrire à travers des héroïnes lui offre une liberté créative plus grande, et ainsi il évite toutes les questions des journalistes lui demandant si son héros est inspiré de lui-même. Et puis, avoue-t-il, il aime tout simplement passer du temps avec des femmes plutôt qu’avec des hommes.

Quant à son processus d’écriture, il explique ne jamais commencer un roman sans en connaître la fin. Pour lui, la cohérence est essentielle : le lecteur doit ressortir marqué par l’ensemble, sans sensation d’inachevé. Il peut modifier des éléments de psychologie en cours de route, mais l’ossature reste fixe. Il confie avoir une fois été appelé par son éditeur car le texte qui lui avait remis était banal. Il l’avait senti aussi et a dû couper radicalement et réécrire l’ensemble. Il a affirmé ne plus jamais vouloir revivre une telle expérience.

Influences et inspirations

Si Nicolas Beuglet ne « recycle » pas ses idées abandonnées, c’est parce qu’elles ne lui paraissent pas assez solides. Il s’intéresse en revanche beaucoup à l’inconscient collectif, notamment aux travaux de Jung, qui traversent discrètement toute son œuvre.

Côté lectures, il reconnaît lire moins en période de création, mais cite le dernier Dan Brown. C’est d’ailleurs en découvrant Da Vinci Code qu’il a décidé d’écrire : il s’était dit qu’il pouvait reprendre le même principe, mais en maintenant la tension dramatique jusqu’au bout, sans s’essouffler au milieu du récit.

La plume en duo

Enfin, Nicolas Beuglet profite de la rencontre pour présenter le travail de sa femme, Caroline Coiraton, qui publie une trilogie de romance historique chez Chatterley. Le premier tome de la série Rue Saint-Honoré, Alma, se déroule sous Louis XIII, avec les mousquetaires du roi. L’auteur s’avoue admiratif devant la rigueur de la documentation qui soutient ce roman, même si ce n’est pas son genre de lecture habituel.