La Dernière allumette – Avis +

Editeur : Le Livre de Poche

roman de Marie Vareille

Présentation de l’éditeur

Depuis plus de vingt ans, Abigaëlle vit recluse dans un couvent en Bourgogne. Sa vie d’avant ? Elle l’a en grande partie oubliée. Elle est même incapable de se rappeler l’événement qui a fait basculer sa destinée et l’a poussée à se retirer du monde.

De loin, elle observe la vie parisienne de Gabriel, son grand frère, dont la brillante carrière d’artiste et l’imaginaire rempli de poésie sont encensés par la critique. Mais le jour où il rencontre la lumineuse Zoé et tombe sous son charme, Abigaëlle ne peut s’empêcher de trembler, car elle seule connaît vraiment son frère…

Avis de Thérèse

La dernière allumette, c’est peut-être bien celle qui permet à Marie Vareille de faire vivre quelques personnages lumineux dans un récit plus que sombre, puisque le roman traite de violences intrafamiliales, de manipulation, de traumatismes de l’enfance, d’héritage de la violence…

Par petites touches, à travers les récits d’Abigaëlle « maintenant », les extraits du journal d’Abigaëlle enfant et les retranscriptions du Dr Garnier qui reçoit toutes les semaines Mme Boisjoli pour parler de la violence conjugale qu’elle subit, Marie Vareille nous plonge dans l’enfance traumatique d’Abigaëlle et son frère Gabriel dans un foyer dysfonctionnel, entre leur père violent et leur mère brisée.

Depuis plus de vingt ans, Abigaëlle se trouve dans un couvent de Bourgogne et a fait vœu de silence. Elle souffre de trous de mémoire et ne se souvient plus de l’événement qui l’a menée là. Son frère Gabriel vient la voir deux fois par mois et lui confie tout de sa vie, de son quotidien, de ses angoisses. Dessinateur talentueux auteur des albums Abi Colibri, il reste très marqué par leur enfance et bien décidé à ne jamais prendre de compagne ni avoir d’enfants, de peur de ressembler à son père.

Son tatouage « Trois sur quatre » est là pour lui rappeler chaque jour que trois enfants maltraités sur quatre deviendront à leur tour maltraitants. Mais, quand son chemin croise celui de la rayonnante Zoé Boisjoli, il ne va pas résister. Pour elle, il accepte même de vivre dans une maison proche de la forêt qui le terrifie, pour qu’elle se rapproche de sa sœur Aline, son mari et leurs enfants.

Tous les vendredis, le Dr Garnier, psychiatre, reçoit Mme Boisjoli et réussit à lui faire admettre, peu à peu, qu’elle subit bien des violences intrafamiliales, même si elle est dans le déni. Cette partie, fort bien documentée, nous renseigne sur les étapes progressives de la domination qui se met en place, de la manipulation qui, tôt ou tard, débouche sur les menaces puis la violence physique.

Marie Vareille nous fait tourner les pages en retenant son souffle, angoissés par ce qui va arriver à ces personnages à la fois attachants et troublants. Parmi les personnages lumineux et discrets qui traversent le récit, on se souviendra de la frêle Madame Michelez, l’ancienne voisine de la famille, qui venait à n’importe quelle heure du jour et de la nuit demander du sel ou de l’aide pour changer une ampoule.

Mais, pour ce qui est de la manipulation du lecteur, Marie Vareille n’est pas en reste, et certaines révélations laissent sans voix !

Un coup de cœur pour ce roman brutal, tendre et nécessaire à la fois.


Fiche technique

Format : poche
Pages : 336
Éditeur ‏: ‎Le Livre de Poche
Sortie : ‎ 2 avril 2025
Prix : 8,90 €