Eclats de silence chez les Belov – Avis +

Editeur : Editions de l’Aube

roman de Nina Kehayan

Présentation de l’éditeur

Tarangog, Russie. Anton Ilitch s’éteint sous les yeux de sa fille, Varia. Celle-ci n’a plus de nouvelles de son frère Serioja depuis sa fuite en Australie, à la poursuite de la musique et de l’amour. Sa soeur Liouba s’est elle aussi envolée pour vivre sa vie d’actrice et de femme dans cette France dont vient leur mère, enfermée dans le secret de son enfance. La mort de ce père incompris et mal-aimé va-t-elle leur donner l’occasion de se retrouver après tant d’années, et briser enfin les silences hérités de leurs parents ? Le portrait d’une famille blessée par l’Histoire et traversée par la perte, l’exil et la quête de compréhension, en un tableau profondément humain.

Avis de Thérèse

2018, Taganrog, Russie. Quand Anton Illitch Belov meurt à quatre-vingt-quatorze ans, il n’y a que sa fille Varia auprès de lui. Son épouse Irina est décédée depuis plus de dix ans. Leur fille aînée, Liouba, comédienne, est depuis longtemps installée à Paris. Et le plus jeune fils, Sergueï, vit en Australie, ayant fui dès que possible le désamour et le mépris incompréhensibles de son père. 

Dès les premières pages, Nina Kehayan nous fait sentir que le décès du patriarche va peut-être faire voler en éclats la lourde chape de silence et de secrets qui a éparpillé la famille aux quatre coins de la planète. Mais chaque découverte mène à de nouveaux secrets, de nouveaux silences.

1957, Anton vit à Moscou et occupe un poste confortable à l’université. Sa vie va basculer quand il rencontre une jeune Française, Irène, venue en Russie à l’occasion d’un festival, et l’épouser. Mais épouser une étrangère était très mal vu par le Parti à cette époque, et il va y perdre à la fois son poste et son logement, contraint alors avec son épouse et leur première fille de retourner vivre chez ses parents, à Tarangog, ville natale d’Anton Tchekhov qui va devenir la seule passion et l’obsession d’Anton Belov.

Il est par moments difficile de ne pas s’égarer dans le fil du récit : il n’y a pas d’indication d’époque au début de chaque chapitre, alors que certains sont centrés sur Varia après la mort de son père, d’autres sur Liouba veuve à Paris, d’autres sur Sergueï en Australie, d’autres encore sur la jeune Irène en 1958 qui va devenir Irina en épousant Anton, certains à la jeune Liouba à son arrivée à Paris, d’autres encore à Henri, le mari de Liouba mort depuis plusieurs années… Mais cela devient plus aisé une fois qu’on a bien la chronologie et les personnages en tête. A travers les tranches de vie de ces différents protagonistes, Nina Kehayan nous fait ressentir le poids du silence, de la peur et des secrets qui pèsent sur chaque instant de la vie des habitants de l’URSS puis de la Russie il y a un demi-siècle et peut-être encore aujourd’hui.

Nina Kehayan, d’origine russe née à Paris, a effectué de nombreux séjours en URSS puis en Russie, en tant qu’interprète et professeur de russe. D’abord militante communiste, elle a décidé de témoigner après avoir pris conscience de la réalité en ayant vécu et travaillé pendant deux ans à Moscou. C’est bien son expérience personnelle qui donne tant de puissance à ce lourd et omniprésent silence qui, quand il vole en éclats, ne peut que se reconstituer un peu plus loin…


Fiche technique

Format : broché
Pages‏ : ‎ 267
Éditeur ‏: ‎Editions de l’Aube
Sortie : 11 avril 2025
Prix : 22,90 €