Entrevue avec Isabel Witt, sculpteur

Ce 19 février, j’ai pu discuter avec l’artiste sculpteur Isabel Witt, l’une des quelques milliers d’artistes exposant ses œuvres au Grand Palais jusqu’au 22 février dans le cadre d’Art Capital. 

Isabel Witt, qui est rattachée au Salon des Indépendants, m’explique que sa fascination pour la sculpture remonte à l’enfance, mais que ce n’est qu’à l’âge adulte qu’elle a pu s’y essayer pour la première fois. Cela fait maintenant 20 ans qu’Isabel est artiste sculpteur, et même si elle travaille différentes matières, c’est avant tout l’albâtre qui lui apporte le plus de satisfaction : avec ce matériau, elle part d’une forme déjà existante et s’en inspire pour sculpter des corps tantôt féminins, tantôt masculins, en taillant « une rondeur par-ci, une courbure ailleurs« . Ce qu’elle aime, comme elle le dit elle-même, c’est « jouer avec les oppositions de sentiments et avec la matière« . 

Lorsque je lui demande de me présenter l’œuvre qu’elle est la plus fière d’exposer au Grand Palais aujourd’hui, elle me dirige vers XY, une sculpture en albâtre dont le titre fait référence aux chromosomes, pour qu’on « sache que c’est masculin ». Isabel, qui s’est pour cette œuvre basée sur une photo du corps d’un danseur, justifie le choix de cette œuvre comme celle dont elle est la plus fière : « j’aime bien [ses] proportions » me confie-t-elle. « Elle a un côté sobre. Il y a du vide […], je raconte des petites histoires là-dedans« .

Au-delà du sentiment exprimé par cette œuvre, notre attention se porte sur son aspect trompe l’œil. En effet, l’albâtre ressemble ici à du marbre grâce à un polissage très minutieux. Isabel m’autorise à poser la main sur la sculpture, qui a un toucher aussi soyeux qu’il en a l’air. Nous continuons d’échanger autour de cette œuvre, et Isabel Witt me dit avec humour qu’il « ne faut pas compter ses heures » ; je rebondis alors sur ce commentaire en lui demandant combien d’heures de travail nécessite une sculpture comme XY, ce à quoi elle me dit que le travail se compte en réalité en mois, car au-delà du travail manuel que cela représente, c’est aussi une « démarche artistique permanente » qui « évolue sans arrêt« .

Il faut s’adapter à la pierre et créer un dialogue avec elle afin d’exploiter ses défauts ou ses problèmes pour les transformer en « une porte pour quelque chose d’encore plus beau« . La taille de la pierre est donc un défi dans la mesure où c’est un long processus et une « remise en question permanente ». Mais bien plus qu’un défi à relever, la taille de l’albâtre est aussi un art en péril aujourd’hui à cause de la difficulté d’approvisionnement. En effet, les carrières d’albâtre ferment peu à peu, y compris en Espagne où il était encore jusqu’ici possible de s’en procurer. « L’albâtre est un matériau précieux car il est devenu rare« , me dit Isabel. 

Au sujet d’Art Capital, je lui demande ce que cela représente pour elle de partager avec le public quatre de ses œuvres dans le cadre de cette prestigieuse exposition. « Être ici, c’est merveilleux, » commence Isabel Witt, qui réalise bien la chance qu’elle a. « C’est toujours une expérience parce que c’est un travail incroyable qui est derrière pour monter un salon comme celui-là« . Isabel m’explique en être déjà à sa cinquième participation et ajoute qu’elle espère toujours pouvoir exposer de nouveau l’année suivante, et celle encore après.

Elle ne se lasse pas d’exposer au Grand Palais : Art Capital, c’est « des rencontres entre des artistes différents » et « ce n’est jamais répétitif« . Comme elle l’ajoute également, c’est aussi une visibilité énorme pour son travail et celui des autres artistes présents. Enfin, l’avantage d’exposer au Grand Palais selon elle, c’est qu’il n’y a pas de sentiment de cohue, malgré la foule (on comptait 15 000 personnes rien que lors du vernissage de l’exposition).

En effet, l’espace offert par le Grand Palais représente plus de 70 000m2, avec en bonus une très belle hauteur sous plafond : difficile de se sentir à l’étroit, et difficile aussi de ne pas lever les yeux pour admirer l’architecture exceptionnelle de ce monument historique construit à l’origine pour l’Exposition Universelle de 1900. 

Vous pouvez retrouver le travail d’Isabel Witt sur son site internet, sur sa page Instagram et, bien évidemment, au Grand Palais jusqu’au 22 février à l’emplacement D2 (un plan du salon est disponible à l’accueil).