
documentaire français de Jean-Marie Montali et Stéphane Krausz (2025)
Présentation officielle
A l’occasion du 80ème anniversaire de la Libération d’Auschwitz, ce documentaire explore la mémoire de dix des derniers survivants de la Shoah.
Avis de Valérie
Alors que l’antisémitisme montre sans honte son détestable nez, il devient difficile de parler de l’infâme Solution finale mise en place par les Allemands, durant la Seconde Guerre mondiale, sans tomber dans un renvoi systématique à l’actualité. Pourtant, ce qui s’est passé dans les camps d’extermination construits par les nazis ne ressemble en rien ce qui a existé auparavant.
De tout temps, envahisseurs et conquérants ont souvent choisi d’éliminer le peuple soumis. Vengeance, appropriation de biens, ou éradication des ennemis sont monnaie courante. Citons ceux qui ne sont pas encore trop éloignés de notre siècle, le génocide arménien, les déportations ethniques de l’URSS, la partition indienne, l’épuration ethnique du Rwanda ou le génocide des bosniaques.
Pourtant, l’Holocauste se démarque d’une manière infamante non pas par la nature des victimes, mais par plusieurs points qui en font une borne unique et intolérable dans l’existence de l’humanité.
- Son industrialisation (des usines de mises à mort et d’annihilation des corps)
- Un mode opératoire mettant en scène une propagande déshumanisante d’une population paisible (ce n’est plus seulement la détestation d’un groupe de personnes, ou la peur de représailles) afin qu’elle soit plus facile à tuer
- La volonté d’éliminer les cibles de l’ensemble de la surface du globe (d’autres populations étaient ciblées comme les handicapés mentaux ou physiques1, les Tsiganes, les communistes ou les homosexuels, mais aucune n’ont été chassées aussi méthodiquement2) au travers de plusieurs pays complices ou envahis
- L’utilisation des prisonniers pour la recherche médicale tels des cobayes dispensables
- Et bien sûr, le nombre totalement effarant de victimes (six millions au moins de Juifs de différents pays, cultures, langues, ethnotypes, voire religions puisqu’il suffisait d’un ascendant lointain et oublié pour être désigné comme inférieur).
C’est pourquoi la Shoah est un événement inexcusable et que le devoir de mémoire n’est pas seulement à faire pour un peuple qui depuis la nuit des temps a été persécuté, chassé et assassiné, mais pour ce crime contre tout ce que nous sommes, soit des humains dotés d’une conscience ou d’une âme capable de différencier le bien du mal. Il est capital pour notre futur, de ne jamais minimiser le moindre des meurtres commis, de ne jamais pouvoir le justifier.
Le format imposé par le témoignage évite les images trop violentes et s’attarde sur le vécu et les émotions des témoins. Nous suivons quelques survivants juifs, rescapés d’Auschwitz, certains en France, d’autres en Israël ou aux Etats-Unis. Chacun à sa façon, avec son charme, son anxiété ou sa révolte, relate des faits concordants, des souvenirs se renvoyant l’un l’autre sans s’être rencontré.
Le pouvoir du témoignage s’exerce ici avec puissance, surtout pour les jeunes générations qui opportunément ne cherchent pas plus d’informations sur le sujet. Jean-Marie Montali, l’un des co-réalisateurs, n’est pas lui-même de religion juive. Il tient à positionner ce drame pas seulement celui d’un peuple, mais bien celui de toute l’humanité. Nous tous devons en faire le deuil.
- Aktion T4 est le nom donné à l’extermination des handicapés physique ou mentaux. Au contraire des autres cibles, le peuple allemand s’est révolté en exigeant son arrêt, avec succès, preuve que cela pouvait être possible ↩︎
- Voir les chiffres du nombre de personnes assassinées selon son ethnie ou religion ↩︎




Fiche technique
Sortie : 30 janvier 2025
Durée : 110 minutes
Genre : documentaire
Avec (voix) Charlotte Rampling