On dirait des hommes -Avis +

Éditeur : ‎Pocket

roman de Fabrice Tassel

Présentation de l’éditeur

Un enfant mort noyé, que son père a échoué à sauver. La juge d’instruction Dominique Bontet devrait clore ce dossier. Mais elle va tout reprendre.

La juge d’instruction Dominique Bontet a la réputation de ne jamais clore un dossier avant la fin du délai légal. Les victimes méritent cela : face à leurs vies brisées, elle doit leur accorder jusqu’à la dernière seconde. Le dossier qui est aujourd’hui sur son bureau lui parle de Gabi et de ses parents, Anna et Thomas.

De cette soirée où le petit garçon a couru sur la jetée et buté sur un anneau d’amarrage, de sa chute dans des eaux sombres, de son père impuissant face aux vagues. Entre les lignes, elle lit la blessure infinie de la perte, les fissures d’un couple, la culpabilité d’un homme à n’avoir pu sauver sa famille. C’est un drame tragiquement simple : juste un accident. Pourtant, elle n’arrive pas à conclure. Chaque jour des femmes viennent dans son bureau réclamer de l’aide et elle aimerait que pour une fois un père soit un héros. Et puis elle l’a appris, les histoires simples, ça n’existe pas. Alors, elle va tout reprendre.

Avis de Thérèse

Malgré son titre, ce roman de Fabien Tassel met principalement en lumière trois femmes que la vie ordinaire n’aurait jamais pu faire se rencontrer. Dominique Bontet est juge d’instruction et elle doit statuer entre autres sur deux dossiers, ceux des familles Sénéchal et Le Bihan.

Anna et Thomas Sénéchal ont affronté il y a onze mois le pire drame pour des parents. Leur fils Gabriel, dix ans, s’est noyé sous les yeux de son père après avoir trébuché sur un anneau d’amarrage alors qu’il courait sur la jetée. Même en cas d’accident, il y a enquête. Et même si tous les éléments concordent, la juge d’instruction refuse, selon son habitude, de classer le dossier avant le dernier jour du délai légal.

De la famille Le Bihan, Dominique Bontet ne connaît pour l’instant qu’Iris qui est venue déposer plainte contre son mari Patrice pour violences conjugales, dans le but de protéger leurs deux enfants contre d’éventuelles violences à leur égard dans le futur.

Il est difficile de s’attacher aux différents personnages du roman. Thomas Sénéchal est désabusé, accablé de culpabilité suite au décès de son fils, enchaîne des petits boulots, ment à sa femme pour cacher ses licenciements, et un mensonge en entraîne un autre. Quelques épisodes mettent en avant un comportement violent et agressif également de la part d’Iris Le Bihan. La juge d’instruction Dominique Bontet se montre totalement rigide et obsessionnelle, mais dans son métier c’est parfois une qualité plus qu’un défaut. Seul le personnage d’Anna Sénéchal attire la sympathie, mère orpheline de son fils unique, épouse d’un homme désenchanté, elle s’accroche et essaie de remonter la pente, passionnée par son métier d’infirmière et ses patients.

Par petites touches, tout en nuances et détails, le roman de Fabien Tassel nous fait pénétrer au cœur des procédures judiciaires qui doivent décider de vies familiales. Moins polar qu’étude psychologique de faits divers qui mettent en scène la violence ordinaire de la société, il nous rappelle que la décision du juge d’instruction doit se baser uniquement sur son intime conviction.

On dirait des hommes est en lice pour le Prix Nouvelles Voix du Polar, dont le lauréat sera connu en septembre prochain.


Fiche technique

Format : poche ‏
Pages : ‎264
Éditeur : ‎Pocket
Sortie : 4 avril 2024
Prix : 7,70 €