DVD : Dancing Pina – Avis +

Fourreau du DVD Dancing Pina

Distributeur : Blaq Out

documentaire allemand de Florian Heinzen-Ziob (2023)

Présentation officielle

Iphigénie en Tauride / Le Sacre du printemps : au Semperoper en Allemagne et à l’École des Sables près de Dakar, de jeunes danseurs, guidés par d’anciens membres du Tanztheater de Pina Bausch, revisitent ses chorégraphies légendaires. Pour ces artistes, issus de la danse contemporaine, du hip hop ou du ballet classique, danser Pina, c’est questionner ses limites, ses désirs, et métamorphoser une œuvre tout en se laissant soi-même métamorphoser par elle.

Avis d’Artémis

Dancing Pina est un film documentaire passionnant, fascinant et accessible à tous, qui interroge le travail de transmission d’un ballet. On suit ainsi en parallèle la préparation de deux œuvres de Pina Bausch, l’une des plus grandes chorégraphes contemporaines, décédée en 2009.

Iphigénie en Tauride, pièce créée en 1974 à partir de l’opéra de Gluck, est montée par le ballet de l’opéra de Dresde, une compagnie de formation classique. Le célèbre rituel du Sacre du Printemps (1975) sur la musique de Stravinsky est, quant à lui, préparé à l’École des Sables au Sénégal par une compagnie éphémère composée de danseurs venant de 14 pays d’Afrique. Chacun possède une culture de danse différente : danse traditionnelle africaine, hip hop, etc. Les lieux pourraient sembler opposés : studio de danse dans un opéra européen typique d’un côté, incroyable salle ouverte sur l’extérieur donnant sur un paysage ensablé et naturel de l’autre. Et pourtant…

À partir de ces deux contextes différents, le réalisateur Florian Heinzen-Ziob nous met face à une démarche commune. Comment transmettre à une nouvelle génération une chorégraphie créée il y a plusieurs décennies ? Comment rester fidèle à l’esprit de l’œuvre et aux mouvements ? Mais aussi comment permettre aux nouveaux danseurs de se l’approprier, en fonction de leur formation et de leur personnalité ? Et comment l’œuvre résonne-t-elle singulièrement pour chaque artiste, le poussant au-delà de sa zone de confort et de ses limites ?

Au travers des séances de travail, c’est le rapport au corps qui est abordé, la manière d’enseigner la danse, ce que représente cette forme d’expression pour chacun des artistes, les différences culturelles mais aussi l’universalité du langage chorégraphique.

Au-delà de ces questionnements, c’est avant tout une aventure humaine à laquelle le spectateur est convié. Nous rencontrons les danseurs, ceux qui ont dansé et qui transmettent, et ceux qui apprennent. Ils nous racontent leur histoire, leur métier, leurs doutes, mais aussi quels sont les défis que présente le rôle qu’ils essaient de s’approprier. Comment donner du sens à un geste, comment le ressentir au lieu de simplement le reproduire ?

Captivant et envoûtant, le film magnifie également les extraits des chorégraphies de Pina Bausch. Car au contraire d’une simple captation, ici la caméra peut s’approcher, saisir le souffle. L’artiste est à nu. On voit le mouvement se créer, s’affirmer, et l’émotion surgir. C’est aussi vrai dans le travail d’un solo ou d’un pas de deux que dans les mouvements de groupe si puissants du Sacre.

Finalement, on pourrait être frustré de ne pas voir les œuvres complètes, mais c’est aussi une manière de rappeler que le ballet est un spectacle vivant. On en a un rappel douloureux vers la fin du film quand la tournée internationale de la compagnie rassemblée à l’École des Sables est annulée pour cause de début de pandémie mondiale. C’est ce qui les conduit à cette représentation éphémère sur la plage en fin de film. De l’imprévu naît aussi la magie de l’art…

Le DVD propose quelques bonus, notamment une rencontre fort intéressante avec l’équipe artistique, qui permet de comprendre encore mieux la démarche du film. Deux scènes coupées enrichissent également l’ensemble. Côté École des Sables, on assiste à un échauffement typique. Loin de la barre classique, on est entraîné par l’énergie et le travail sur le rythme. Côté opéra de Dresde, ce sont des entretiens avec les danseurs principaux qui nous expliquent comment ils se préparent pour la première. Ces deux bonus permettent de porter encore un autre regard sur le travail de ces artistes.

Un coup de cœur !


Fiche technique

Sortie : 3 octobre 2023
Durée : 112 minutes
Genre : documentaire
Avec Malou Airaudo, Jorge Puerta Armenta, Gloria U. Biachi, Luciene Cabral, Clementine Deluy
Prix : 19,99 €