Devant Dieu et les hommes – Avis +

Editeur : Hervé Chopin

roman de Paul Colize

Présentation de l’éditeur

 » Le 8 août 1956 restera dans nos mémoires comme un jour qui a marqué l’histoire de notre pays d’une de ses pages les plus tragiques. « 

Lorsqu’elle déjeune avec le grand patron du Soir, Katarzyna ne s’attend pas à être envoyée sur le procès de Marcinelle. En 1958, être une femme journaliste est déjà peu habituel, mais couvrir l’affaire dont tout le monde parle est absolument extraordinaire. Deux ans auparavant, l’explosion au fond de la mine de Bois du Cazier a fait plus de 250 morts ; et c’est au cœur de cette catastrophe que deux mineurs italiens auraient assassiné leur supérieur tyrannique. Une occasion rêvée pour la jeune femme de prouver son talent de reporter. Or, si elle a un lien très personnel avec cette histoire tragique, Katarzyna comprend vite qu’on ne l’a pas envoyée là par hasard…

Avis de Thérèse

Le 8 août 1956, à Marcinelle en Belgique, un incendie se déclare au fond de la mine du Bois du Cazier, entraînant la mort de deux cent soixante-deux mineurs. Une catastrophe bien réelle qui marque encore l’esprit des Belges aujourd’hui. Paul Colize s’est intéressé à ce drame, mais il a longtemps hésité quant à la forme à donner à son récit. Il explique à la fin du livre les étapes qui ont mené à ce roman dans sa forme finale, après plusieurs abandons, puis une version théâtrale présentée à Quais du Polar, puis l’ajout d’un personnage central.

1958, Bruxelles. La jeune journaliste Catherine Lézin (de son vrai nom Katarzyna Leszczynska) se voit confier par le rédacteur en chef du Soir l’affaire du procès de Marcinelle. Deux Italiens sont accusés d’avoir profité de la catastrophe pour assassiner au fond de la mine le contremaître qui leur menait la vie dure. Confier une telle affaire à une femme, à cette époque-là, ce n’était pas courant, et Catherine va avoir à subir les quolibets de ses confrères au tribunal, où elle sera la seule femme du côté de la presse. La seule femme également parmi les juges, procureurs, avocats, assesseurs, jurés, témoins…

Le récit remarquablement documenté et détaillé de ce drame réel mêlé à un procès fictif donne l’occasion à Paul Colize de mettre en lumière la situation des immigrés, des mineurs et des femmes à cette époque. Les Belges ne voulant plus travailler à la mine, la Belgique a fait venir des milliers d’Italiens pour ces postes, en leur promettant travail, logement, congés. Mais à l’arrivée l’accueil s’est révélé bien moins idyllique, le travail au fond de la mine s’apparentait à de l’esclavage, les logements étaient insalubres, les Belges les accusaient des pires maux, certains commerces affichaient même « Interdit aux chiens et aux Italiens« …

Paul Colize nous fait suivre jour après jour le déroulement du procès, dont certains éléments vont réveiller les pires souvenirs de Katarzyna dont la famille a dû fuir la Pologne. A travers des chapitres courts et rythmés, il dresse de superbes portraits très imagés des accusés, du juge, du procureur, des témoins, notamment avec l’intervention du dessinateur judiciaire du journal. Et également de très beaux portraits de femmes luttant contre la misogynie et les préjugés.

Merci donc à Paul Colize d’avoir persévéré dans ce projet et de nous proposer ce roman très humain qui, malgré les thèmes abordés (préjugés, racisme, sexisme, humiliations) et les émotions soulevées, arrive par moments à nous plonger dans une ambiance de comédie légère.

Fiche technique

Format : broché ‏
Pages : ‎320
Éditeur ‏: ‎ Hervé Chopin
Sortie : 21 septembre 2023
Prix : 19,50 €