Ce qu’elle a laissé derrière elle – Avis +

Editeur : Pocket

roman de Ellen Marie Wiseman

Présentation de l’éditeur

En ouvrant des lettres datant de 1929, Izzy va reconstituer le destin d’une jeune femme.

New York, 1929. Clara Cartwright, 18 ans, est prise en étau entre ses parents autoritaires et son amour pour un jeune immigrant italien. Furieux qu’elle ait rejeté un mariage arrangé, son père l’envoie dans un asile pour  » malades nerveux « .
1995. L’asile Willard a bien vieilli. Par un dimanche brumeux, la jeune Isabelle en découvre les arbres torturés, les murs décrépits… Elle-même hantée par son passé, Izzy ne tarde pas à dénicher, dans les décombres, cette malle à l’abandon et le journal intime qu’elle contient…
Ce que l’une a laissé derrière elle sera l’occasion, pour l’autre, d’avancer enfin dans sa vie.

Avis de Thérèse

Ellen Marie Wiseman donne la parole en alternance, d’un chapitre à l’autre, à ses deux héroïnes, Izzy, dix-sept ans, en 1995, et Clara, dix-huit ans, en 1929. Deux héroïnes dont la vie semblait débuter sous une bonne étoile mais va prendre un tour tragique du jour au lendemain.

Clara, jeune et jolie héritière new-yorkaise, vivait une vie de plaisirs, de sorties, d’amitiés, dans le luxe et la facilité auprès de parents distants, chose assez courante dans ce milieu et à cette époque. Le jour où elle tombe amoureuse d’un jeune émigré et refuse d’épouser le riche héritier choisi par ses parents, son père la fait interner dans un asile psychiatrique.

Izzy (Isabelle) vivait au sein d’une famille tendre, aimante, chaleureuse. Jusqu’au jour où, alors qu’elle avait sept ans, sa mère va tuer son père, sans explication. Elle sera internée puis emprisonnée. Depuis, Izzy est ballottée de famille d’accueil en famille d’accueil, mal dans sa peau, terrifiée à l’idée d’avoir hérité de la folie de sa mère dont elle refuse même de lire les lettres. Sa nouvelle famille d’accueil, Peg et Harry, s’occupe d’un musée local et propose à Izzy de les aider à trier pour une exposition les malles abandonnées dans le grenier de l’ancien asile de Willard, fermé depuis des années. C’est dans une de ces malles qu’elle va découvrir le journal de Clara. Elle va chercher à en savoir davantage sur elle, sur Willard, sur ce qui s’est passé.

Ellen Marie Wiseman nous plonge dans un univers cauchemardesque, celui des asiles d’aliénés il y a un siècle. Des asiles où de nombreuses personnes étaient envoyées pour des motifs familiaux, économiques ou moraux, bien plus souvent que médicaux : homosexualité, alcoolisme, migrants ne parlant pas anglais, désobéissance aux parents ou au mari, entrave au bon déroulement d’un héritage… Et les traitements (ou plutôt les tortures) qui leur étaient infligés font froid dans le dos : bains glacés, isolement, électrochocs, cure d’insuline et bien d’autres encore. Des asiles où on trouvait bien plus de maltraitance que de soins.

Tout au long du roman, on frémit d’horreur devant le récit révoltant de telles horreurs et de telles injustices. Clara et Izzy, chacune à sa manière, chacune à son époque, sont des héroïnes attachantes, bouleversantes, malmenées par la vie mais ne se résignant pas. L’écriture d’Ellen Marie Wiseman est fluide, rapide, entraînante, très imagée, on a l’impression de se retrouver dans ces décors.

A la fin du roman, Ellen Marie Wiseman nous explique que Willard a bien existé, qu’elle en a découvert l’existence à l’occasion d’une exposition des valises abandonnées dans le bâtiment. Après la lecture de The lives they left behind : suitcases from a State Hospital Attic de Darby Penney et Peter Stastny, elle a eu envie de redonner vie dans un roman à ces personnes qui avaient existé, qui avaient souffert, qui avaient été abandonnées à leur sort.

Coup de cœur assuré, mais préparez les mouchoirs… (et peut-être un punching-ball, tant le récit est révoltant).


Fiche technique

Format : poche
Pages : ‎496
Éditeur ‏ : ‎ Pocket
Sortie : 9 mars 2023
Prix : 9,50 €