Le monde selon Orwell – Avis +

Editeur : Editions du Cerf

de Stéphane Encel

Présentation de l’éditeur

1984, l’un des livres les plus cités au monde. Le lit-on pour autant ? Sait-on ce qu’il y a derrière Big Brother, le télécran et la novlangue ? En ces temps de crises, où 1984 est sans cesse sollicité, il fallait un guide pour nous initier à cette œuvre et rendre à Orwell ce qui lui appartient. Le voici !

À l’heure du péril autocratique et de l’aliénation technologique, alors que semble triompher Big Brother, le grand auteur qu’est Orwell et le grand roman qu’est 1984 éclairent notre temps avec une brûlante acuité. Mais qui est vraiment George Orwell ? Quelle est son ambition d’écrivain ? Quelle influence escompte-t-il exercer en tant que penseur ? Quels sont les motifs d’inspiration, les principaux personnages, les concepts clés de 1984 ? Qu’est-ce qui explique l’extraordinaire réception de cette prophétie romanesque ? Que dit réellement ce maître-livre ?

De son élaboration philosophique à sa construction littéraire et de ses adaptations artistiques à ses répercussions politiques, Stéphane Encel nous emmène à la découverte d’une oeuvre phare du patrimoine mondial. Avec science et nuance, il nous montre ici comment la novlangue, la postérité, la surveillance généralisée ont pris le pouvoir. Et comment elles ne font pas que persister. Mais, au contraire, ne cessent de s’aggraver.

Évoqué, convoqué, galvaudé, récupéré, 1984 mérite d’être enfin étudié. Afin que nous fassions nôtres, une fois pour toutes, les leçons de ce manifeste antitotalitaire. Ce à quoi nous invite cette synthèse remarquable qui est aussi bien un manuel de résistance.

Avis de Thérèse

Docteur en histoire, universitaire, président de la commission Histoire et Mémoire de la Licra, Stéphane Encel nous livre ici une étude bien documentée sur l’œuvre de George Orwell mais plus particulièrement sur 1984. Ce roman de George Orwell figure désormais parmi les classiques et les références à 1984 font partie de notre quotidien, avec notamment l’expression Big Brother régulièrement utilisée en politique mais qui a aussi inspiré la téléréalité. De nos jours encore, la lecture est considérée comme acte de rébellion, cela a encore été le cas en Turquie en 2013, en Thaïlande en 2014, et en Russie par les opposants à Poutine.

Stéphane Encel dresse d’abord un portrait de George Orwell et de son engagement politique, ses alertes contre le totalitarisme, ses constats notamment pendant la Guerre d’Espagne où le pouvoir réécrivait à son gré le récit des affrontements.

Si certains ont longtemps voulu considérer le titre 1984 comme une prophétie, il faut rappeler qu’il s’agit simplement de l’inversion de 1948, l’année pendant laquelle Orwell l’a écrit. D’autres l’ont interprété comme un pamphlet politique mais c’est bien sous la forme d’un roman parodique, satirique, qu’Orwell a voulu délivrer ses craintes, même si pour lui « toute littéraire est politique« .

1984 a été écrit à une époque où de nombreux auteurs ont publié des dystopies et Stéphane Encel nous fait partager l’opinion de George Orwell sur ses confrères. H.G. Wells et Aldous Huxley lui semblaient trop « normaux » pour envisager réellement l’avenir. Il estimait par contre Jack London, Evgueni Zamiatine, Arthur Koestler, Jonathan Swift plus aptes à comprendre les régimes totalitaires, fascistes.

Pour Orwell, le pouvoir de l’écriture est primordial. Dans 1984, le héros, Winston, est chargé de réécrire au jour le jour tous les documents en fonction des changements d’avis du Parti et d’effacer les noms des personnes indésirables. La novlangue est un outil fondamental du pouvoir, pour Orwell « le totalitarisme ne peut se concevoir sans maîtrise de la langue » et « si la pensée corrompt la langue, la langue peut aussi corrompre la pensée« . Stéphane Encel établit un intéressant parallèle avec les nouveaux langages réductifs qui se mettent en place de nos jours, notamment avec les SMS, ainsi qu’avec les revendications communautaires qui mènent à la réécriture de certains romans.

Un texte synthétique mais riche qui donne envie de lire ou relire 1984, mais aussi d’autres textes, comme Nous autres d’Evgueni Zamiatine ou Le talon de fer de Jack London.

Mais il est regrettable qu’un texte qui rappelle, par le biais de 1984, l’importance de la langue et de l’écriture soit émaillé de si nombreuses fautes d’orthographe, de conjugaison, de ponctuation…

Fiche technique

Format : broché
Pages : ‎183
Éditeur : ‎ Les éditions du Cerf
Sortie : 17 mai 2023
Prix : 19 €