Colère chronique – Avis +

Editeur : Black Lab

roman de Louise Oligny

Présentation de l’éditeur

« Respirer, il faut que je respire. C’est grave. Je ne peux pas me  réjouir de la mort de quelqu’un. Faut que j’arrête de rire comme une malade. C’est nerveux. Non, non, je ne suis pas totalement sans cœur. Ce sont les nerfs. Parce que, dans le fond, je suis peut-être responsable. C’est ma faute… Ou peut-être pas…  Juste un malencontreux hasard. »

10 juin 2019. Dufaye, directeur de la rédaction du magazine  La Chronique Hebdo, est victime d’un attentat. Quand Diane Choinière apprend la nouvelle, elle est submergée par l’angoisse. À moins que ce ne soit de la joie ? Cette photoreporter, licenciée abusivement quelques mois plus tôt par Dufaye en personne, ne saurait exactement le dire. Tout comme elle ne saurait affirmer avec certitude qu’elle n’est pour rien dans cet homicide. Alcool et anxiolytiques faisant rarement bon ménage, elle va devoir mettre ses idées au clair pour démêler les fils de cette étrange affaire.

Qui sème la fureur récolte la tempête…

Avis de Thérèse

Premier roman pour Louise Oligny, mais déjà un ton bien particulier qui fait tourner les pages de son livre jusqu’à la dernière sans pouvoir le reposer, qui arrive à faire sourire entre des scènes parfois assez gore. Née au Québec mais vivant en France depuis des années, elle travaille en tant que photoreporter, tout en menant en parallèle d’autres projets artistiques. Et c’est tout logiquement qu’elle situe son roman dans un monde qu’elle connait bien (même si on ne peut que lui souhaiter des collègues plus sympathiques que ceux du livre), puisque son héroïne est photoreporter.

La colère, c’est celle de Diane, la cinquantaine bien entamée, photographe salariée du magazine La Chronique Hebdo depuis plus de vingt ans, qui du jour au lendemain, sous prétexte qu’elle coûte plus cher que les autres photographes, se retrouve dans une zone floue où, sans être licenciée, elle ne se voit plus confier de travail par sa direction et ne perçoit plus de salaire. Colère contre la direction du magazine, colère contre le monde du travail en général, colère contre le manque de solidarité de ses collègues.

Mais colère aussi contre elle-même : profondément gauchiste (limite extrême-gauche), elle a choisi de travailler depuis des années pour un magazine de droite (limite extrême-droite), parce que c’était plus pratique, plus rentable.

Sa colère, Diane l’exprime haut et fort auprès de son entourage, de ses amis, de ses anciens collègues, hurlant sa rage, sa détestation des dirigeants du magazine, son envie de se venger, de les tuer à petit feu, de les voir souffrir. Mais voilà qu’un des directeurs meurt dans un attentat. Puis une autre mort, et encore une autre…

Diane est la suspecte idéale. Mais elle sait bien qu’elle n’a tué personne. Enfin, elle en est à peu près certaine… à peu près, parce qu’elle se réfugie souvent dans un mélange d’alcool et de cachets et se réveille régulièrement tout habillée, sans aucun souvenir de ce qu’elle a fait au cours des heures précédentes.

Tout en braquant un projecteur sans indulgence sur le monde du travail, ses mesures économiques inhumaines et sa férocité envers ceux qui ont dépassé la cinquantaine, Louise Oligny nous plonge dans un récit au ton décalé, cynique, drôle et entraînant, en compagnie d’une héroïne pas forcément sympathique, pas très fiable, pas tout à fait honnête, qui choisit toujours la plus mauvaise option, mais à laquelle on s’attache tout de même.

Un récit rapide, rythmé et palpitant… même si Diane est sans doute la seule à ne pas avoir envisagé l’explication finale ! Affreux, injuste, angoissant, mais drôle en même temps. Tous ces ingrédients font de Colère chronique un excellent premier roman, et on espère avoir bientôt des nouvelles de cette nouvelle venue dans le monde du polar.

Fiche technique

Format : broché
Pages : ‎288
Éditeur ‏ : ‎ Black Lab
Sortie : 1 février 2023
Prix : 20,90 €