– Au Pakistan, mon pote, faut savoir vivre avec les attentats !
Pakistan, 10 janvier 2018, le journaliste Taha Siddiqui prend un taxi pour se rendre à l’aéroport lorsque son véhicule s’arrête brutalement. La voiture qui est juste devant a stoppé brutalement bloquant ainsi le passage. En colère, Taha Siddiqui descend du taxi.
Les occupants de l’autre véhicule sortent également de leur voiture. Précisons qu’ils sont armés. Le tabassage commence, prélude à un enlèvement ou à une exécution. Mais Taha Siddiqui aperçoit un véhicule de l’armée. Sauvé ? Les militaires s’arrêtent brièvement, saluent les agresseurs et puis s’éloignent tranquillement. Mais comment en est-on arrivé là ? Et c’est parti pour le flash-back.
Il y a 36 ans, les parents pakistanais de Taha Siddiqui se sont installés en Arabie Saoudite. C’est dans ce pays que le jeune Taha a grandi. L’atmosphère était heureuse. Puis ses parents l’ont informé qu’on ne fêterait plus son anniversaire (la vie est éphémère, on ne doit pas la célébrer).
Il devra également renoncer au comics de super-héros, mais également aux DVD de Bollywood et de western américain. Même les dessins de Walt Disney ! C’est l’œuvre du diable ! Plus tard, Taha comprendra que ses parents ont subi une radicalisation.
En attendant, il apprend à échapper à la Muttawa (la police religieuse saoudienne) qui traque les enfants qui jouent au foot dans la rue plutôt que de se rendre à la mosquée pour la prière. À l’école Taha étudie de son mieux. Mais ses parents (sunnites) ne vont pas l’envoyer dans une madrasa parce qu’il a parlé en classe avec un Chiite. Mais si !
Les années passent et apparaît cet étrange phénomène appelé puberté. Hum, sa mère n’espionne pas les conversations téléphoniques de son fils n’est-ce pas ? Mais si ! Bon, il est temps pour la famille de retourner au Pakistan. Un coup d’État militaire vient d’avoir lieu et le pays est devenu une puissance nucléaire. Pour le père de famille, c’est évident : le Pakistan a un avenir radieux devant lui !
C’est ainsi que Taha fait connaissance avec la société pakistanaise. Euh, on ne se procure pas du haschich auprès de la police n’est-ce pas ? Mais si ! Complication supplémentaire : il ne va pas tomber amoureux d’une Chiite, n’est-ce pas ? Mais si !
Après l’enfance et l’adolescence, est évoquée la vie professionnelle avec ses débuts dans le journalisme. Euh, un général pakistanais ne menacerait pas la famille d’un journaliste n’est-ce pas ? Mais si !
Ce roman biographique relate l’existence de Taha Siddiqui qui, en 2014 obtint le prix Albert-Londres de l’audiovisuel pour le reportage La Guerre de la polio[[associé à Julien Fouchet et Sylvain Lepetit. Le reportage décrivait les actions des Talibans s’opposant à la vaccination contre la poliomyélite]].
Des plus instructifs, cet ouvrage présente des informations historiques et sociales sur la vie en Arabie Saoudite et au Pakistan. Le dessin se révèle subtil. Ainsi, le look de Taha Siddiqui adulte ressemble à celui d’Albert Londres (incarnation du journalisme d’investigation).
Fiche technique
Format : album
Pages : 263
Scénario : Taha Siddiqui et Hubert Maury
Dessin : Hubert Maury
Couleurs : Ariane Borra et Élise Follin
Editeur : Glénat
Collection : 1000 feuilles
Sortie : 15 mars 2023
Prix : 29 €