Présentation officielle
Avis de Claire
Parmi les séries Netflix incontournables du moment, Maid crève l’écran. Inspirée par le roman éponyme de Stephanie Land (sorti l’année dernière chez l’éditeur Globe), lui-même basé sur la propre expérience de femme de ménage de la romancière, la série en dix épisodes raconte le quotidien déprimant d’Alex. Elle n’a que vingt-cinq ans, une petite fille de deux ans et demi, un rêve d’université qui s’est évaporé en fumée, une mère bipolaire, un père absent, et surtout un compagnon instable qui l’enferme dans une vie de misère.
Cloîtrée en permanence dans un mobil-home en lisière de la forêt, elle s’est peu à peu coupée du monde et de ses proches. Quand la série commence, Alex vient d’avoir « le » déclic, celui qui fait qu’une femme oppressée décide de dire « stop ». Son compagnon boit, et cette nuit-là, elle a pris peur. Les coups ont frappé pas loin de sa tête. Au petit matin, elle prend sa voiture, y attache sa petite fille, et avec à peine quelques dollars en poche, essaie de chercher de l’aide, sans savoir vraiment vers qui se tourner.
Commence alors pour elle le terrible chemin de croix des femmes maltraitées, seules et sans le sou, un cas social comme on dit. Pour l’amour de sa fille, rien ne l’arrête. A chaque obstacle, elle cherche -et trouve- une solution, ne se départit pas de son sens inné de l’adaptation, de son optimisme, et surtout -envers et contre tout- de sa dignité. Alex est comme Sisyphe, chaque jour, elle subit une nouvelle montagne à escalader, un nouveau rocher à pousser. Elle se trompe, trébuche, se fait avoir, mais jamais ne renonce.
Le livre et la série, à présent, mettent en lumière le combat de celles qui n’ont plus rien, entre bons alimentaires, logements d’urgence, groupes de paroles, petits boulots mal payés. Constamment, Alex tente tout, accepte tout. C’est ainsi qu’elle se retrouve employée par Value Maids, une entreprise de nettoyage qui brasse large, des squats immondes jusqu’aux propriétés les plus huppées, les femmes de ménage en voient de toutes les couleurs.
La série fait le choix de l’hyper réalisme, avec parfois quelques touches de fantaisie débridée, tant le quotidien de l’héroïne est sombre, voire glauque, chaque avancée est traitée comme une petite victoire. Ainsi quand Maddie, sa petite fille, est acceptée dans une maternelle haut de gamme, Alex se lâche dans une délirante chorégraphie sur un air enjoué qu’elle n’entend que dans sa tête, Don’t stop me now des Queen, dans un long plan-séquence quasiment onirique.
Malgré ses difficultés, Alex est aussi une jeune femme, avec des désirs et des envies, on la voit par exemple fréquenter les sites de rencontres, lorgner sur des romances ou encore fantasmer sur le père d’un copain de sa fille. De la même manière, quand elle est au plus bas, on la voit littéralement tomber dans un trou, comme Alice de l’autre côté du miroir. Autant de petites séquences qui allègent ces thématiques délicates et contemporaines, car au-delà de la détresse d’Alex, la série traite également de l’extrême solitude, de la maladie, du désir d’enfant inassouvi.
Pour incarner Alex, Margaret Qualley (la jeune femme nous avait déjà tapé dans l’oeil il y a quelques années dans cette incroyable pub Kenzo) irradie littéralement à l’écran. Elle forme avec sa mère à la ville, Andie MacDowell, un duo d’une belle intensité. Cette première saison prend quelques libertés par rapport au livre de Stephanie Land, mais s’avère être une totale réussite. Les autres saisons suivront le destin et les aventures d’autres employées de Value Maids.
Fiche technique
Titre : Maid
Créé par : Molly Smith Metzler
Genre : drame social
Avec : Margaret Qualley, Andie MacDowell, Nick Robinson, Billy Burke…
Pays : Etats-Unis
Nombre de saisons : 1 (en cours)
Nombre d’épisodes par saison : 10
Durée d’un épisode : entre 48 et 60 minutes
Plateforme : Netflix
Sortie : 1er octobre 2021