– Qu’ils crèvent ces Vichystes. Et que les Britishes viennent à la Réunion, maintenant. J’ai six balles dans mon flingue : la première sera pour Laï-Hang, et la deuxième pour ce collabo de gouverneur.
– Et les quatre suivantes, tu te les mettras dans le pied tellement t’es maladroit.
1940, au cœur de l’Océan Indien l’île de la Réunion a pour l’instant été épargnée par la guerre.
Le lycée Leconte de Lisle de l’île de la Réunion accueille un nouvel élève en la personne de Lucien Turpin. Ce fils de Créoles est revenu de Tunisie où son père militaire est mort pour la France (en fait, il a été victime d’un accident de voiture).
Dans sa classe, il fait connaissance avec Charles Hoarou qui deviendra son meilleur ami et d’un dénommé Raymond Barre qui agrémente les cours de citations latines. Le jeune Raymond Barre (oui, c’est lui) assure pleinement son rôle de premier de la classe. Il devance de peu les jumeaux Paul et Jacques Vergès (oui, c’est lui).
Lucien fait vite connaissance avec le redoutable surveillant surnommé Laï-Hang, brutal et pétainiste. Il doit son surnom à la boutique du chinois Laï-Hang où il passe son temps libre à boire de l’alcool.
Le lycée est également fréquenté par le fils d’Abd el-Krim, le chef marocain exilé.
Un autre exilé se trouve être le prince Vinh San, le dernier empereur d’Annam. Ce radio-amateur a entendu l’appel du 18 juin 1940 et a mis son appareil au service de la Résistance embryonnaire sur l’île.
De leur côté Lucien et Charles ont fondé le Groupe réunionnais révolutionnaire. Leurs actions clandestines consistent à faire des tags avec une croix de Lorraine. Ils envisagent également de creuser des tranchées aux points stratégiques de la ville (le lycée), mais également à prendre le maquis (là où réside Simone, la jeune fille dont Lucien est épris).
Les activités rebelles de Lucien finissent par attirer l’attention des autorités plus ou moins compétentes (Laï-Hang !). Il doit donc passer en jugement au conseil de discipline du lycée. Heureusement, l’un de ses camarades se propose d’assurer sa défense. Il s’agit de Jacques Vergès, qui vient de se découvrir une vocation pour défendre les causes perdues.
Comme le dit Caton l’Ancien (et Raymond Barre) « Carthago Delenda Est» (traduction : c’est mal parti).
Réalisé avec talent par deux auteurs réunionnais, cet album doit son nom au contre-torpilleur Léopard des Forces navales françaises libres qui le 27 novembre 1942 se présenta au large de l’île de la Réunion.
On y découvre la vie sous l’autorité du régime de Vichy et des personnages historiques, certains connaissant un destin tragique, le pittoresque rejoignant parfois la triste réalité.
Les pages monochromes s’agrémentent soudainement de taches de couleurs qui reflètent l’intérêt de Lucien : les jambes d’une jeune fille, la couverture d’un album de Tintin ou bien… le drapeau de la France Libre !
Fiche technique
Format : album
Pages : 196 pages couleurs
Scénario : Appollo
Dessin & Couleurs : Tehem
Éditeur : Dargaud
Sortie : 31 août 2018
Prix : 19,99 €