Les Dernières heures – Avis +

Présentation de l’éditeur

Mois de juin de l’an 1348 : une terrible épidémie s’abat sur le Dorset et décime peu à peu les habitants. Nobles et serfs meurent par milliers. Quand la Mort Noire frappe Develish, Lady Anne a l’audace de nommer un esclave comme régisseur. Ensemble, ils décident de mettre le domaine en quarantaine pour le protéger. Tous les serfs viennent s’établir sur les terres situées à l’intérieur des douves.

Bientôt, les stocks de vivres s’amenuisent et des tensions montent car l’isolement s’éternise. Les villageois craignent pour leur sécurité lorsqu’un évènement terrible menace cet équilibre fragile. Les gens de Develish sont en vie, mais pour combien de temps encore ? Et que découvriront-il quand le temps sera venu pour eux de passer les douves ?

Avis de Chris

1348, une épidémie sévit dans le Dorcet, tuant enfants, adultes et vieillards sans distinction de classe sociale et en moins d’une semaine après l’apparition des premiers symptômes. Lady Anne, veuve de Sir Richard qui a succombé à ce nouveau mal inconnu, devient la maîtresse du domaine de Develish et nomme Taddeus, un serf, comme son nouveau régisseur. Grâce à ses connaissances, son instruction et aidée des chefs des serfs, elle demande à ses villageois de se confiner derrière les remparts du domaine, afin de protéger ses gens et sa fille Lady Eleanor.

Seulement, s’ils n’ont pas à déplorer de perte, les jours, les semaines passent sans qu’aucun visiteur ne puisse leur annoncer les nouvelles. Les vivres commencent également à se tarir et avec la faim, l’angoisse, l’insécurité grandissante et l’isolation, les tensions s’accentuent. Un tragique incident va mettre à rude épreuve le mince équilibre que Lady Anne et Taddeus tentent de maintenir.

Minette Walters s’essaye au roman historique avec Les dernières heures, premier volume d’une duologie. Connue pour le polar, l’autrice réussit tout de même à créer un univers riche en rebondissements. Il y a certes quelques longueurs, notamment à l’approche de la fin, mais si vous adhérez au style, il sera aisé de boucler les sept cent pages sans trop de difficulté.

Le vocabulaire est plutôt riche et les dialogues très cérémonieux, pointus. Parfois, un peu trop notamment lorsque les serfs discutent. Il n’y a pas de décalage entre les nobles et les vilains, alors qu’ils n’ont pas du tout eu la même éducation. Les enfants ont également un langage soutenu. Certes ils ont appris à lire et à écrire, mais leurs phrasés devraient être un peu moins soutenus. On en oublie souvent qu’ils ne sont que des serfs.

Nous n’avons aucun contexte historique, ce qui peut heurter les plus friands du genre qui s’attendent à en apprendre plus sur l’environnement politico-social d’une période aussi rude et sombre que celle de la Peste Noire. Il est toutefois facile de s’attacher aux personnages qui peuplent le Domaine de Develish.

Qu’ils soient serfs ou nobles, ils ont tous un petit quelque chose qui les distingue. On se prend à en apprécier certains tandis qu’on en détestera d’autres. Il est rare qu’un protagoniste soit assez ambigu pour que notre sentiment à leur égard soit ambivalent.

Les dernières heures est donc un roman qui plonge le lecteur dans une ambiance parfois crasse, glauque, tendue, mais jamais dans l’excès. Des scènes peuvent parfois heurter la sensibilité par des descriptions de morts violentes, mais il n’y a jamais une grande insistance là-dessus. Les lieux sont décrits toujours avec justesse sans trop s’appesantir sur les détails. Suivre les aventures des uns et des autres est un régal. On a ici un huis clos dense et intéressant, avec en parallèle un voyage initiatique un peu long à digérer. Amour et haine, trahison et coups-bas, mort et vie seront la clé de cette histoire passionnante.

Minette Walters nous laisse toutefois sur notre faim et nous invite à lire la suite des aventures de nos héros [[L’éditeur Pocket offre au lecteur le premier chapitre du second volet.]][[Au tournant de minuit sorti en grand format aux éditions Robert Laffont le 8 avril 2021.]]. Ce n’est pas un roman historique à proprement parler, juste un roman qui installe sa trame au Moyen-Âge et qui parle de la Peste Noire, de ses conséquences sur la vie, la mort, les hommes, les animaux, la religion, le pouvoir, etc. à travers une communauté soudée mais pas exempte de défauts.

Fiche technique

Format : poche
Pages ‏ :‎ 752
Éditeur : Pocket
Sortie : 8 avril 2021
Prix : 8,70 €