Présentation de l’éditeur
On l’appelle » Malacarne « . La mauvaise chair. La mauvaise graine. Parce qu’elle regarde la mer en face les soirs de tempête. Parce que, gamine rebelle, impulsive et sauvage, Maria s’est toujours ri des rumeurs des commères, moqué des haines ancestrales et des rancunes dévotes.
Dans le Bari des années 1980, taudis pouilleux aux ruelles tordues, elle veut échapper à son destin, à un père violent et autoritaire, aux amis comme il faut. Elle n’épousera pas un pêcheur et fera des études. Mais peut-on vraiment s’affranchir et réaliser ses rêves sans jamais se retourner ni se trahir ?
Sélection du prix Marco Polo Venise 2019
Avis de Thérèse
La narratrice du roman, Maria De Santis, est née en 1975 à Bari, dans le sud de l’Italie. Rosa Ventrella est née à Bari, à la même époque. Bari est une ville qui compte plus de 300 000 habitants.
Ces informations, il est nécessaire – et parfois difficile – de les garder à l’esprit tout au long de la lecture. En effet, l’histoire de Maria, surnommée dès l’enfance Malacarne (mauvaise graine) en raison de son caractère affirmé et rude, pourrait tout aussi bien se dérouler dans les années 1950 dans un petit village reculé, coupé de tous les aspects plus modernes (elle va prendre l’ascenseur pour la première fois de sa vie à 19 ans, en 1994, par exemple).
La superbe photo de couverture en noir et blanc semble nous présenter immédiatement Maria, provocante et méfiante à la fois, qui met le lecteur au défi de lire son histoire et d’essayer de la comprendre sans la juger.
Fille d’un pêcheur autoritaire et violent et d’une femme au foyer éteinte et résignée, Maria grandit avec ses deux frères dans un foyer modeste, dans un quartier plus modeste encore, où toutes les familles vivent les unes sur les autres, sous le regard permanent les unes des autres. A neuf ans déjà, sans savoir comment ni pourquoi, elle sait qu’elle ne veut pas se résigner à cette vie, qu’elle veut autre chose.
Malheureusement, le début du roman souffre de la trop grande popularité de L’Amie prodigieuse d’Elena Ferrante. Il est difficile de ne pas avoir l’impression d’entendre la voix de Lenù. D’autant plus que, même si Une famille comme il faut se déroule dans les années 1980 et 1990, on l’imagine plus facilement dans les années 1950, tant l’ambiance est pesante, tant les mentalités et le style de vie semblent n’avoir pas du tout évolué.
Heureusement, la suite permet de s’en éloigner, Maria n’a pas d’amie pour raconter son histoire, elle n’a d’ailleurs pas d’amies. Seulement un ami, justement l’ami qu’il aurait fallu éviter dans ce petit univers où les rivalités entre familles, les jalousies et les rancunes se transmettent de génération en génération.
Les bons résultats scolaires, et notamment son « véritable don pour la narration », de Maria lui laissent entrevoir la possibilité d’un autre avenir, mais elle est déchirée entre son envie de s’émanciper de cette vie écrite d’avance par son milieu et son attachement pour sa famille, surtout sa mère et son frère aîné. Peut-on rester soi-même tout en essayant de devenir quelqu’un d’autre ?
Rosa Ventrella nous livre un récit sincère, poignant, habité par des personnages attachants et émouvants, aux destins rugueux, tout en ouvrant la réflexion sur la difficulté d’échapper à son milieu, à ses origines.
Fiche technique
Format : poche
Pages : 336
Éditeur : Pocket
Sortie : 4 juin 2020
Prix : 7,60 €