Chronologie de l’Affaire Jamal Khashoggi

2009

L’étudiant saoudien Omar Abdulaziz arrive au Canada pour étudier à l’université McGill. Après avoir critiqué la répression saoudienne, sa bourse est révoquée par le gouvernement saoudien et en 2014, il obtient l’asile politique au Canada.

Juin 2017

Au milieu de la répression contre les militants des droits de l’Homme et d’une vague d’arrestations dans son pays natal, l’Arabie Saoudite, le journaliste Jamal Khashoggi quitte le pays pour les Etats-Unis. Il commence à écrire régulièrement pour le Washington Post .

Fin 2017 à 2018

Khashoggi et Abdulaziz commencent à collaborer sur plusieurs projets pour apporter une plus grande liberté d’expression en Arabie Saoudite, y compris des plans pour contrecarrer le contrôle de l’Etat saoudien sur les médias sociaux en créant une équipe d’utilisateurs sur les réseaux sociaux («les abeilles») qui dévoilent la propagande du régime. Khashoggi fait don de 5 000
dollars pour soutenir ce projet.

Mai 2018

Lors d’une conférence en Turquie, Khashoggi rencontre Hatice Cengiz, une doctorante turque. Au bout de quelques mois, ils décident de se marier.

Juin 2018

Le téléphone d’Abdulaziz est piraté par le gouvernement saoudien à l’aide du logiciel espion Pegasus acheté à la société israélienne NSO Group.

28 septembre 2018

Khashoggi se rend au consulat saoudien à Istanbul pour obtenir un document du gouvernement montrant qu’il est divorcé et qui lui permettrait d’épouser Cengiz. Les agents consulaires saoudiens lui disent de revenir le 2
octobre pour le récupérer. Après le départ de Khashoggi du consulat, le consul saoudien en Turquie Mohammaed Al-Otaibi contacte le gouvernement saoudien pour l’informer que Khashoggi reviendra au consulat le 2 octobre.

Du 30 septembre au 2 octobre

Une équipe de 15 agents et fonctionnaires du gouvernement saoudien se rend à Istanbul dans des avions officiels.

2 octobre 2018

Khashoggi et Cengiz retournent au consulat saoudien à Istanbul. L’entrée de Khashoggi dans le bâtiment est enregistrée à 13h14, heure locale. Cengiz attend à l’extérieur du consulat. Après trois heures, Cengiz interroge le personnel du consulat au sujet de Khashoggi, qui lui répond qu’il a quitté le bâtiment par la porte de derrière.

3 octobre 2018

Les autorités saoudiennes insistent sur le fait que Khashoggi a quitté le bâtiment. Un porte-parole de la présidence turque affirme que Khashoggi n’a pas quitté les lieux.

5 octobre 2018

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane dit que Khashoggi n’est pas à l’intérieur du consulat.

6 octobre 2018

Le consul saoudien Al-Otaibi affirme que les caméras du consulat n’ont pas enregistré d’images le jour de la disparition de Khashoggi.

7 octobre 2018

Yasin Aktay, conseiller du président turc Recep Tayyip Erdogan, affirme qu’il pense que Khashoggi a été tué à l’intérieur du consulat et qu’un commando de 15 hommes est «très certainement impliqué» dans cette affaire.

9 octobre 2018

Le Washington Post rapporte que les renseignements américains ont intercepté des communications de responsables saoudiens qui planifiaient l’enlèvement de Khashoggi.

10 octobre 2018

Les médias turcs publient des images d’une « escouade d’assassins » saoudienne présumée composée de 15 membres.

12 octobre 2018

Les responsables turcs informent les médias turcs et américains qu’ils ont des enregistrements des derniers instants de Khashoggi à l’intérieur du consulat saoudien.

15 octobre 2018

Les autorités turques entrent dans le consulat saoudien et disent plus tard avoir trouvé des preuves qui confirment les soupçons selon lesquels Khashoggi a été tué dans le consulat.

17 octobre 2018

Les enquêteurs turcs fouillent le domicile du consul général saoudien.

18 octobre 2018

Les médias turcs rapportent que Khashoggi a été tué « quelques minutes » après être entré dans l’ambassade.

20 octobre 2018

L’Arabie Saoudite confi rme que Khashoggi a été tué à l’intérieur du consulat saoudien le 2 octobre. Les autorités saoudiennes affirment que l’équipe qui a
été envoyée pour faire face à Khashoggi l’a étranglé « accidentellement » après avoir « outrepassé » les ordres. « Ces choses-là arrivent », affirme le Ministre des Affaires étrangères saoudien.

23 octobre 2018

Le président Erdogan accuse l’Arabie Saoudite d’avoir planifié le meurtre à l’avance et demande des réponses sur l’identité du commanditaire du meurtre.

10 novembre 2018

La Turquie révèle qu’elle a partagé des enregistrements audio du meurtre avec les gouvernements d’Arabie Saoudite, des États-Unis, d’Allemagne, de France et de Grande-Bretagne.

15 novembre 2018
L’Arabie Saoudite inculpe 11 personnes pour le meurtre de Khashoggi.

17 novembre 2018

L’agence de renseignement de la CIA aurait conclu que le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a ordonné l’assassinat de Khashoggi.

19 novembre 2018

Le Ministre des Affaires étrangères d’Arabie Saoudite nie que Mohammed ben Salmane ait ordonné l’assassinat de Khashoggi.

28 janvier 2019

Une équipe de l’ONU, dirigée par Agnès Callamard, rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, ouvre une enquête sur le meurtre.

19 juin 2019

Callamard publie son rapport sur le meurtre, affirmant que la mort de Khashoggi « constitue une exécution extrajudiciaire dont l’Etat du Royaume d’Arabie Saoudite est responsable ». Le rapport indique que ben Salmane
devrait faire l’objet d’une enquête pour meurtre. Les autorités saoudiennes affirment que ses conclusions sont « non fondées ».

10 septembre 2019

Les médias turcs publient des transcriptions des enregistrements audio réalisés lors du meurtre.

23 décembre 2019

Huit des onze personnes accusées pour le meuRtre de Khashoggi sont reconnues coupables et cinq sont condamnées à mort. Le tribunal saoudien conclut que le meurtre de Khashoggi n’était pas prémédité. Le juge
Callamard de l’ONU qualifie le verdict d’’antithèse‘ de la justice et de ‘moquerie‘. Le turc Yasin Aktay déclare : « Le procureur a condamné à mort cinq tueurs à gages mais n’a pas touché à ceux qui étaient derrière le
meurtre.
»

07 septembre 2020

Un tribunal saoudien annule, dans un verdict final, les cinq peines capitales prononcées pour l’assassinat du journaliste critique du pouvoir Jamal Khashoggi, les condamnant à la place à des peines allant jusqu’à vingt ans de prison, selon l’agence officielle Saudi Press Agency (SPA). « Cinq prévenus ont été condamnés à vingt ans de prison et trois autres à des peines allant de sept à dix ans de prison », a précisé l’agence de presse, citant les services du procureur général.

08 décembre 2020

Le juge Paul Engelmayer somme les responsables des services de renseignement américains de préciser sur quels critères de la loi sur l’accès à l’information ils entendaient s’appuyer pour continuer à bloquer la divulgation de documents (rapport de la CIA) susceptibles de mettre en lumière leurs conclusions quant au rôle du gouvernement saoudien dans la mort de Jamal Khashoggi.

Une avocate de l’Open Society Justice Initiative, chargée du dossier, Amrit Singh, déclare que cette décision représentent un pas important face aux efforts de l’administration Trump pour « cacher » les détails de l’enquête et « protéger » le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane des soupçons qui persistent à son égard relativement au meurtre.

Crédit : Orwell productions par le biais du communiqué de presse