Une famille presque normale – Avis +

Présentation de l’éditeur

Une famille suédoise tout ce qu’il y a de normal, ces Sandell…

Le père, pasteur. La mère, avocate. Une fille de 19 ans, bosseuse, qui rêve de voyages au long cours.

Le samedi, on file au cinéma. Le dimanche, en forêt. Ils trient leurs déchets, n’oublient jamais leur clignotant, rendent toujours à temps leurs livres à la bibliothèque.

Normale en apparence, du moins, comme toutes les familles qu’un meurtre sordide s’apprête à faire basculer dans l’horreur…

Avis de Thérèse

Est-ce vraiment un thriller comme indiqué sur la couverture ? Plutôt un roman policier construit sur une base assez classique au départ : une famille suédoise apparemment idéale (père pasteur, mère avocate, fille unique étudiante), mais dont on découvre les failles et les fêlures à l’occasion d’un meurtre dont la fille est accusée.

L’art de M. T. Edvarsson consiste à nous faire entrer de plain-pied dans l’histoire, à travers la voix des trois protagonistes. Trois points de vue, trois regards, trois éclairages.

Le premier récit est celui du père, Adam, pasteur apprécié de la ville de Lund. C’est la partie la plus longue mais c’est celle qui sert à mettre en place l’intrigue et les personnages. Bouleversé par l’arrestation de sa fille Stella après le meurtre d’un promoteur trentenaire, il refuse d’envisager sa culpabilité mais en même temps est déchiré de doutes sur cette adolescente qui se rebelle depuis longtemps contre toute autorité. Bien décidé à protéger Stella quoi qu’il en soit, il ne fait pas confiance à l’enquête policière et va prendre un certain nombre d’initiatives pas toujours bienvenues.

Le second récit est celui de Stella, depuis sa cellule. Révoltée, déçue par ses parents, menteuse, décidée à abandonner ses études, elle a du mal elle-même à se rendre sympathique. Mais ce qu’elle raconte remet en question pas mal d’affirmations de son père, notamment concernant des épisodes de son enfance. La seule personne qui trouve grâce à ses yeux est Amina, sa meilleure et pratiquement seule amie depuis la crèche, même si celle-ci est tout son contraire : sérieuse, travailleuse, concentrée sur ses études.

Le dernier récit est celui de la mère, Ulrika. Avocate, elle a par le passé collaboré avec Michael Blomberg, l’avocat chargé de la défense de Stella. Par son métier, elle connaît parfaitement les rouages de la justice suédoise, notamment l’importance de la présomption d’innocence, et on va s’en rendre compte tout au long du procès.

A quel point un père est-il capable de remettre en cause les certitudes sur lesquelles il a bâti sa vie entière pour sauver sa fille ? Jusqu’où une mère peut-elle aller pour protéger la fille qu’elle aime ? Quelles sont les limites de l’amitié ? Voilà une petite partie des questions de M. T. Edvarsson nous amène à nous poser.

Et le meurtre ? Oui, bien sûr il y a eu un meurtre, il y a une victime, il y a une enquête policière, mais ce n’est pas le plus important, finalement.

Une belle réussite pour ce premier roman de M. T. Edvarsonn à être traduit en français, grâce à une construction habile, une psychologie des personnages fouillée, une montée de l’intensité dramatique progressive.

Fiche technique

Format : poche
Pages : 624
Éditeur : Pocket
Sortie : 15 octobre 2020
Prix : 8,70 €